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11-09-2014
Mots clés
Energies
Royaume-Uni

Pros, antis : En Ecosse, chacun son idée du pétrole

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 Pros, antis : En Ecosse, chacun son idée du pétrole
(Crédit photo : Nasa JPL)
 
Une promesse d'avenir pour les partisans du « oui », une ressource en déplétion pour le camp d'en face. Les ressources de la mer du Nord sont au coeur du débat sur l'indépendance. Revue d'arguments.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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  • Peut-on miser sur les ressources ?

Pas de lézard sur ce point-ci. Les deux camps s’accordent bel et bien pour dire que les ressources, dans ce bout du monde exploité depuis quarante ans, s’amenuisent. En 2013, selon le BP Statistical Review of World Energy, référence en la matière, la production pétrolière au Royaume-Uni – dont une grande partie vient de la mer du Nord – a représenté 866 000 barils d’équivalent pétrole par jour. Dix ans auparavant, c’était 2,3 millions de barils qu’on extrayait quotidiennement. Pour le gaz, la dégringolade est encore plus forte : on est passé de 103 milliards à 36,5 petits milliards de m3. Et quid des ressources restantes ? C’est là que les consciences s’échauffent.

- Pour les anti :

Pas la peine de miser sur des ressources dont la fin est proche. A la fin du mois d’août, Danny Alexander, le secrétaire britannique au Trésor – Ecossais de son état – évoquait des réserves entre 15 et 16,5 milliards de barils d’équivalent pétrole. Pour dégainer un tel chiffre, il s’inspirait d’un rapport publié en février par un magnat du secteur et qui évoquait plus prudemment une fourchette de 12 à 24 milliards de barils en dormance sous la mer du Nord.

- Pour les pros :

Point de surprise. Dans la fourchette établie par le rapport Wood, les pro ont choisi… la valeur haute : « Il reste 24 milliards de barils de pétrole à extraire de la mer du Nord », assure ainsi le site du « Yes » au référendum écossais. Mieux, selon N-56, un think tank proche du camp des indépendantistes, recourir à la fracturation hydraulique pourrait permettre de recouvrer 21 milliards de barils de gaz et pétrole de schiste supplémentaires.

- Un fouillis de torchons et de serviettes

Impossible de trancher, précise Francis Perrin, directeur de la rédaction du bimensuel Pétrole et gaz arabes. Dans ces chiffres prospectifs, « il y a le volume de pétrole qu’on a déjà découvert et pour lequel on a fait des travaux d’appréciation. Pour celui-là, on sait à 90% que les estimations tiennent la route. Il y a le volume qu’on a découvert mais pour lequel on n’a pas encore fait de travaux ou que les techniques d’aujourd’hui ne nous permettent pas de produire. Il y a enfin les volumes de pétrole et de gaz que l’on pourrait découvrir à l’avenir. Toute cette addition donne des choses très différentes en termes de certitude. C’est un peu comme mélanger des torchons et des serviettes ».

  • Jackpot ou menue monnaie ?

-  Pour les pros :

L’indépendance signée, la nation écossaise fait bombance. 24 milliards de barils, c’est « jusqu’à 1 500 milliards de livres » (1 900 milliards d’euros) en espèces sonnantes et trébuchantes. Car, avec l’épuisement des ressources, les prix du baril de pétrole et du mètre cube de gaz vont automatiquement grimper, assurent-ils, compensant la perte de volume. Aussi de ce prix théorique, le nouveau gouvernement écossais pourrait tirer des revenus conséquents : de 41 à 57 milliards de livres (51 à 71 milliards d’euros) de taxes d’ici à 2018, assuraient les autorités locales en mars 2013.

-  Pour les antis :

Le Bureau pour la responsabilité budgétaire (OBR), une instance du gouvernement central, joue les trouble-fêtes. Et table au contraire sur une baisse des prix du pétrole et du gaz. Donc une dégringolade des sommes encaissées par l’Etat. Si en 2012-2013 les revenus issus de la mer du Nord s’élevaient à 6,1 milliards de livres (7,6 milliards d’euros) (voir pdf page 104), ils devraient plonger à 3,5 milliards (4,3 milliards d’euros) pour la période 2018-2019.

- Une équation à moult inconnues

Là encore, les inconnues sont pléthore. Tout dépend évidemment du volume de ressources et du prix des hydrocarbures. « C’est vrai que la tendance des prix est plutôt à la hausse. Mais c’est une tendance sur le long terme. A court ou moyen terme, il risque d’y avoir des hauts et des bas en fonction des politiques menées », souligne Francis Perrin. Inconnue aussi, le niveau de taxation qui serait imposé par cette nouvelle Ecosse. Mystérieuse enfin, la répartition entre la Grande-Bretagne et son voisin du Nord. Soucieuse de se garder une belle part du gâteau, l’Ecosse cite la Convention des Nations unies sur la loi de la mer qui imposerait de tracer une ligne médiane à la frontière des deux pays. Une ligne qui reviendrait à confier à l’Ecosse 90% des ressources en pétrole et 50% des ressources en gaz. Les plus aventureux du camp d’en face ont, eux, évoqué une répartition fondée sur le nombre d’habitants qui réserverait cette fois 9% des ressources à l’Ecosse. Peu probable. « Dans tous les cas de figure, une Ecosse indépendante contrôlerait une plus grosse partie des réserves de la mer du Nord. Mais est-ce que ce sera 90% comme le dit le SNP (Scottish national party, le parti au pouvoir) ? C’est peut-être aller vite en besogne. Pour le Royaume-Uni, cela représente une ressource importante. Alors ils vont demander à négocier », assure Francis Perrin.

  • Le rêve norvégien

- Pour les pros :

Grâce aux 24 milliards de barils toujours en dormance au large de leurs côtes, les Ecossais pourraient assurer tranquillement leur avenir. Pour cela, le gouvernement constituerait un fonds souverain à la manière norvégienne, aujourd’hui riche de 893 milliards de dollars (690 milliards d’euros). Son fonds à lui, le gouvernement écossais l’envisage en deux volets : un pour lisser les aléas des prix des hydrocarbures, l’autre pour assurer l’avenir de la nation.

- Pour les antis :

Créer un fonds souverain relève d’un doux rêve pour George Osborne. Le ministre de l’Economie britannique estime que mettre de côté de telles sommes d’argent grèverait conséquemment le budget du nouvel Etat. Pour trouver l’argent nécessaire à ses finances, l’Ecosse devrait alors augmenter les impôts ou réduire son déficit dans un délai très court.

- L’Ecosse ne sera jamais la Norvège

« Il me semble très important pour tout pays producteur de raisonner en termes de fonds souverain. Parce qu’on a à faire à des ressources non renouvelables et que – dans le cas de l’Ecosse – celles-ci sont en déclin. Mais l’Ecosse a des réserves inférieures et la Norvège a mis en place son fonds il y a très longtemps. Elle est aujourd’hui assisse sur plusieurs millions d’euros. C’est impossible pour l’Ecosse de dire qu’elle sera demain comme la Norvège », souligne Francis Perrin.

  • Et l’environnement dans tout ça ?

Certes le camp du « Yes » assure ne pas tout miser sur les ressources en énergies fossiles et promet de développer les énergies renouvelables. Il n’empêche : « Il est clair que le SNP mise beaucoup sur les ressources de la mer du Nord. Pour eux, il faut exploiter au maximum ce qu’il reste », souligne Francis Perrin. Quitte à utiliser, comme le suggère le N-56, la fracturation hydraulique. Aucune ONG ne semble pour l’instant s’en émouvoir. Contactée sur la question, Greenpeace Grande-Bretagne n’a pas répondu à nos questions. En France, le sujet semble complètement échapper aux politiques. Dans un communiqué, Europe Ecologie - Les Verts a même apporté son soutien au camp des indépendantistes, arguant que « l’Ecosse fait déjà partie des bons élèves au niveau européen grâce à son programme ambitieux de réduction des émissions de carbone ou sa participation au fonds pour la justice climatique ». Mais d’allusion à sa politique pétrolière, point.

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