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4-09-2012
Mots clés
Energies
Etats-Unis

Deepwater Horizon : « Beaucoup de leçons ont été tirées »

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Deepwater Horizon : « Beaucoup de leçons ont été tirées »
(Green Fire Productions)
 
Le 20 avril 2010, au large des côtes de Louisiane, la plateforme Deepwater Horizon explose et fait 11 morts et 17 blessés. Au fil des mois, elle rejette 780 000 tonnes d'hydrocarbures. Mais pour quel impact ? Le mystère reste épais.
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Christophe Rousseau est adjoint au directeur du Centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles de l’eau.

Terra eco : Pourquoi l’explosion de la plateforme Deepwater va-t-elle rester dans les annales ?

D’abord, c’est la plus grande pollution observée depuis 35 ans. Au moins 780 000 tonnes d’hydrocarbures ont été déversées. L’Erika avec ses 20 000 tonnes ou même le Prestige (63 000 tonnes, ndlr) ne jouent pas dans la même cour. Face à ce rejet extraordinaire, il y a eu une réponse extraordinaire des Etats-Unis. Ils ont mis tout en œuvre pour protéger le delta du Mississipi : la Nouvelle Orléans, les bayous qui représentent un écosystème très fragile. Même si au bout du compte, il n’y a jamais eu, sur les côtes, une pollution de l’ampleur de ce qui avait été annoncé au début, grâce aux courants et aux vents qui ont renvoyé le pétrole vers la mer.

Une dernière chose a fait de cette catastrophe-là un événement unique : on n’était pas dans la situation où un pétrolier se casse en deux ou sombre. Dans ce cas-là, il y a un rejet quasi instantané et le pétrole évolue de manière homogène. Il dérive à la surface, vieillit, s’émulsionne… Dans le cadre d’une explosion comme à Macondo (le puits exploité depuis la plateforme Deepwater Horizon, ndlr), le robinet reste ouvert pendant plusieurs mois. En même temps que du pétrole frais arrive à la surface, une autre partie du pétrole vieillit. Les Américains ont pu mettre en place une palette d’outils assez étendue : traitement au dispersant, brûlage, etc. – même si ces techniques ont été critiquées.

Deux ans et demi après, les victimes de la catastrophe : Etats, parcs naturels, etc. ont-ils été indemnisés ?

Quasiment pas. Pour une raison simple. Si la plupart des pays du monde sont signataires de la Convention internationale pour l’indemnisation des hydrocarbures persistants, ce n’est pas le cas des Etats-Unis. Pour évaluer le coût du nettoyage, de la restauration et des dommages éventuels, ils ont leur propre régime : le NRDA (Evaluation des dommages subis par les ressources naturelles, ndlr) qui agit comme un processus de contentieux à l’amiable. En clair, il met en présence les pollueurs : BP mais aussi le gestionnaire de la plateforme, etc. qui s’opposent aux « Trustees » [1] c’est-à-dire les parties impliquées. Parmi celles-ci, il y a des instances nationales comme le NOAA (qui s’occupe des études sur l’eau et l’atmosphère, Ndlr) ou encore les cinq Etats touchés par la catastrophe : Mississipi, Alabama, Floride, Texas, Louisiane. Ces Trustees ont formé treize groupes de travail qui étudient l’impact sur le littoral, les oiseaux, les huitres, les tortues, les sédiments et prélèvent des milliers d’échantillons. Malheureusement comme dans presque toute procédure de contentieux, deux ans après, il n’y a presque aucune restitution. Tant qu’ils ne se sont pas entendus sur les coûts, il ne se passe rien.

Mais ces études permettent d’avoir une idée plus précise des impacts de la catastrophe ?

A terme oui. Mais le problème c’est qu’elles sont soumises au « secret de l’instruction » tant que le contentieux n’est pas réglé. Résultat : plus de deux ans après, on a accès à très peu d’études par rapport à l’immensité des travaux en cours.

On a parlé lors avant l’arrivée de la tempête Isaac en Louisiane de possible nouveaux arrivages de pétrole. La plateforme a-t-elle fini de faire parler d’elle ?

Ce n’est pas impossible qu’il y ait de nouveaux arrivages. Il peut y avoir des résidus de nappes très vieillies. Mais comme ce sont des produits très légers, ils s’évaporent vite, il ne reste pas énormément de choses à la surface. Et puis vous savez, dans le golfe du Mexique, il y a une industrie pétrolière monstrueuse. Il y a 3800 plateformes, 27 000 puits abandonnés et 45 000 km de pipelines. Il y a des rejets de pétrole en permanence.

Pourra-t-on tirer des leçons dans le futur de la catastrophe de Deepwater ?

Beaucoup de leçons sont déjà tirées. Chaque compagnie a mis en place de gros programmes pour que la réponse apportée soit mieux adaptée, si une catastrophe se produisait ailleurs, notamment en Arctique, dans les grands fonds. Les compagnies, soit de manière individuelle, soit à travers des groupements, ont lancé de gros programmes de recherche pour développer des outils d’intervention. Ils ont par exemple conçu un « top hat ». Pour qu’en cas d’intervention, une compagnie n’ait pas besoin de bosser d’arrache-pied pendant plusieurs mois pour construire ce bouchon comme BP a dû le faire.

Christophe Rousseau donnera une conférence gratuite ouverte au public le 12 septembre à 19h30 dans le cadre des mercredis de l’Institut océanographique de Paris, Grand Amphithéâtre, 195 rue Saint-Jacques 75005 Paris.

A lire aussi :

- Deepwater : l’accord qui oublie l’essentiel
- Marée noire : on fait le bilan ?

[1] Les Trustees représentent l’intérêt public et sont chargés de réclamer des compensations pour restaurer les milieux

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