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24-10-2013
Mots clés
Société
Electricité
Allemagne

Les Berlinois se branchent sur le courant coopératif

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Les Berlinois se branchent sur le courant coopératif
(Crédit photo : ercan atak)
 
L’année prochaine, les mastodontes de l’électricité se déchireront pour le marché de la capitale allemande. Au milieu de la mêlée, une coopérative d’habitants tente de faire entendre sa voix… et de faire la nique aux géants !
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Berlin, ses 3 millions d’habitants et ses 35 000 km de câbles électriques. Un marché qui fait rêver les grands électriciens. Gérée par le Suédois Vattenfall, la concession court jusqu’en 2014. Date à laquelle elle sera remise à l’encan pour une durée de vingt ans. Le Sénat de Berlin tranchera entre les différentes offres.

Or, un acteur inattendu s’est invité dans la dispute. Arwen Colell, ancienne étudiante en sciences politiques, et Luise Neumann-Cosel, activiste issue du mouvement antinucléaire, ont lancé en 2011 une initiative qui donne des sueurs froides aux géants du secteur. « Il n’y avait alors aucun débat sur la question », se souvient la première. Leur coopérative Bürger Energie Berlin (« Energie citoyenne Berlin ») et sa trentaine de volontaires espèrent rafler le réseau berlinois, en misant sur les énergies renouvelables et en réservant 10 % du capital de l’entreprise à des projets liés à l’« Energiewende », la transition énergétique, qui doit enterrer le nucléaire en 2022 et diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 80 % à 95 % à l’horizon 2050. Les deux jeunes femmes ont sillonné le pays, multiplié les conférences et convaincu des investisseurs. « Ce sont des citoyens ordinaires, précise Arwen Colell. Certains achètent le minimum – une action vaut 100 euros et le financement minimal s’élève à 500 euros – ; d’autres donnent beaucoup plus. A 75 %, ce sont des Berlinois. »

Un ex-ministre adhère

C’est pourtant un pari fou : on estime que la concession vaut entre 800 millions et un milliard d’euros. Et Bürger Energie Berlin n’a collecté que 5,5 millions. Mais « trouver des investisseurs ne sera pas le plus difficile, estime Arwen Colell. Nous préférons nous concentrer sur le lobbying politique et maintenir la pression pour rester dans la course. Notre ennemi, ce n’est pas de ne pas récolter assez d’argent, mais de ne pas être pris au sérieux. » Et ça progresse : Peter Altmaier, ministre de l’Environnement du précédent gouvernement Merkel, a adhéré au mouvement.

Arwen Colell cite l’exemple de Schönau, dans la Forêt-Noire. En 1997, un collectif d’habitants est parvenu à récupérer le réseau électrique et à le gérer via sa société, Elektrizitätswerke Schönau. « Ce mouvement pour des énergies décentralisées, appartenant aux citoyens, a été une importante source d’inspiration. Partout en Allemagne, de petites coopératives s’emparent de ces idées. A Fribourg, l’initiative Energie in Bürgerhand (l’énergie aux mains des citoyens, ndlr) a collecté 30 millions d’euros en trois mois ! »

Bürger Energie s’inscrit dans un processus de « recommunalisation », une reprise en main par les villes de leurs infrastructures après les privatisations des années 1990. Depuis le milieu des années 2000, nombre de communes récupèrent leurs réseaux. Car si les grands axes d’approvisionnement sont gérés par les E.On, RWE, Vattenfall et Energie Bade-Wurtemberg, les ramifications locales sont multiples. Oliver Rottmann, expert en finances publiques à l’université de Leipzig, explique : « En France, le service public fonctionne sur un mode vertical, là où le modèle allemand est organisé horizontalement dans le domaine de l’énergie, avec des entreprises de taille réduite. Il est plus facile pour les citoyens de s’y associer. »

« Déjà un succès »

Le climat est favorable. La pétition du collectif Berlin Energietisch pour un contrôle démocratique du réseau électrique de la capitale – qui « ne devrait pas être laissé aux mains d’entreprises dont le seul but est de faire autant de profit que possible », selon son porte-parole, Stefan Taschner – a réuni 265 000 signatures. Un référendum aura lieu en novembre. Et le 22 septembre, lors d’un scrutin à Hambourg, 50,9 % des électeurs ont voté en faveur d’une recommunalisation. De son côté, Vattenfall, accusé de recourir à de la houille et de la lignite en provenance du Brandebourg, se défend : « D’ici à 2020, le groupe veut réduire les émissions de CO2 de ses centrales berlinoises de 50 % par rapport à 1990, clame Julia Klausch, porte-parole de l’entreprise. Aucun groupe en Allemagne ne s’est engagé sur des objectifs environnementaux aussi ambitieux. » Vattenfall dispose en outre de moyens financiers colossaux. Comment faire le poids, pour Bürger Energie ? « Créer le débat est déjà pour nous un succès, assure Arwen Colell. Si la ville ne nous choisit pas, les membres de la coopérative pourront investir leur argent dans d’autres projets liés à l’Energiewende. » —

- Le site de Buerger Energie Berlin

Impact du projet

265 000 signatures en faveur d’un contrôle démocratique du réseau électrique de Berlin

5,5 millions d’euros récoltés

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