Le risque d’explosion ?
La torchère qui brûlait toujours au-dessus de la plateforme s’est finalement éteinte. Et avec elle, le plus gros risque d’explosion. Reste que toute étincelle pourrait provoquer une explosion et qu’une intervention demeure risquée.
La fuite ?
Elle continue au même débit qu’avant, soit 200 000 m3 de gaz échappé par jour. Mais Total en sait un peu plus sur son origine. La fuite proviendrait, non du réservoir principal mais d’une formation rocheuse située à 1500 mètres au dessus de ce réservoir principal. Le gaz aurait réussi à migrer vers un puits obturé, le puits G4, et à ressortir en surface.L’accident pouvait-il être anticipé ?
C’est l’hypothèse de certains employés du site interrogés par Le Monde. Selon Total, si l’exploitation du puits avait provisoirement cessé à cause « d’anomalies de production » qui rendait l’exploitation peu intéressante, des phénomènes de surpression avait été observés dans le puits G4 « fin février ». La décision d’intervenir pour gérer cette surpression a alors été prise. « On procédait à des opérations de pompage (pour réduire la pression dans le puits en injectant des boues lourdes, ndlr.) quand, le 25 mars, on a observé une augmentation subite de pression dans le puits avec des rejets de boues puis de gaz », précise-t-on chez Total. La fuite avait commencé. Mais impossible de déterminer pour le moment si l’accident est directement dû aux opérations de pompage en question.Quel impact sur l’environnement ?
- La pollution des eaux :Dans le produit sous pression qui remonte à la surface du puits, « 95% se détend sous forme d’un gaz tandis que 5% se liquéfie et devient un condensat », explique Christophe Rousseau, du Centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelle des eaux (Cedre). Dans le cas de la fuite qui nous occupe, « le gaz sort sous le plancher de la plateforme et non dans l’eau. Il s’évapore en grande partie tandis que le condensat retombe comme une éclaboussure à la surface de l’eau », explique Christophe Rousseau. C’est ce condensat qui forme les formes irisées observables autour de la plateforme. La zone serait de 15 km2 environ aujourd’hui, soit 5 m3 de produit, selon les estimations de Total. Elle s’est réduite ces derniers jours grâce à l’agitation des eaux et du vent qui ont favorisé la dispersion du condensat. Quel est la dangerosité de ce produit pour la faune et la flore ? « C’est un produit très léger, un peu comme de l’essence. Et très peu visqueux. Ça ne fera pas une marée noire », poursuit le directeur adjoint du Cedre. Reste à analyser plus précisément la composition du condensat pour déduire la quantité de résidus qui risque de rester à la surface. « Peut-être ne verra-t-on rien sur les côtes. La pollution à la surface de l’eau sera sans doute très faible. Rien à voir avec la pollution atmosphérique… »
La pollution atmosphérique :
Avec la fuite, c’est 200 000 m3 de gaz qui sont relâchés quotidiennement dans l’atmosphère. Bonne nouvelle, il n’y a certainement pas de sulfure d’hydrogène – un gaz très toxique - dans le gaz provenant de la formation rocheuse en cause contrairement au gaz exploité dans le réservoir principal. En revanche, le gaz est fort en méthane, un puissant gaz à effet de serre. Total évalue aujourd’hui les émissions à 3000 tonnes de CO2 équivalent par jour. Soit 1,5 à 2 fois plus que ce qu’émet la plateforme en temps normal, souligne Total. C’est encore 0,2% des émissions du Royaume-Uni qui s’élèvent à 590 millions de tonnes d’équivalent CO2 par an soit 1,6 millions de tonnes par jour.
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