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12-12-2010
Mots clés
Chronique

Accord de Cancún : espoir, confiance et stations balnéaires

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Accord de Cancún : espoir, confiance et stations balnéaires
((DR - COP16))
 
L’accord de Cancún a-t-il sauvé le climat ? Non. Loin, très loin de là. L’essentiel du texte reprend simplement les points-clés de l’accord de Copenhague, dont on connaît les insuffisances.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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L’objectif de limiter l’augmentation moyenne de la température à 2°C était déjà le principal point de consensus à Copenhague. Au vu des engagements qui ont été pris jusqu’ici pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, on sait déjà que cet objectif ne pourra sans doute pas être atteint. Un nombre croissant de scientifiques considèrent même que l’hypothèse la plus probable en l’état est celle d’un réchauffement moyen de 4°C. Dans ce contexte, la possibilité de ramener dans le futur cet objectif de 2°C à 1,5°C, comme l’exigeaient les petits Etats insulaires, peut sembler utopique. L’accord de Cancún, pas plus que celui de Copenhague, ne fixe une limite maximale à la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère.

Le principe du Fonds Vert, censé aider les pays en développement à s’adapter aux impacts du changement climatique, avait aussi été acté l’an dernier dans la capitale danoise. On était aussi d’accord, à l’époque, sur son montant : 100 milliards de dollars par an à partir de 2020. Mais, comme à Copenhague, on n’a aucune idée de la manière dont cette somme sera réunie, ni de la manière dont elle sera distribuée.

Quant au Protocole de Kyoto, à ce jour seul accord international contraignant sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la discussion sur son avenir est placée au frigo jusqu’à 2011, c’es-à-dire un an avant son expiration.

Pourquoi, dès lors, ce qui était un échec cuisant à Copenhague devient-il un succès inespéré à Cancún ? Comment l’amère déception danoise se transforme-t-elle un élan d’optimisme sur les plages du Golfe du Mexique ? Bien sûr, il y a d’autres avancées significatives à Cancún : sur le contrôle international du respect des engagements, sur les forêts, sur les transferts de technologies… Mais l’essentiel n’est pas là, et c’est ici qu’on aurait tort de bouder son plaisir : la conférence de Cancún a permis de rétablir l’espoir et une certaine confiance entre les différents partenaires.

On l’oublie souvent, mais la confiance est la condition indispensable au succès de la coopération internationale. On explique volontiers les échecs de celle-ci par des intérêts divergents, des agendas politiques opposés, mais c’est souvent la confiance qui fait défaut. Cette confiance, qui avait été si salement abîmée à Copenhague, semble aujourd’hui retrouvée. C’est cette même confiance qui permet à l’accord de Copenhague, imposé alors dans la douleur par cinq pays au reste du monde, de devenir aujourd’hui l’accord de Cancún, accepté par tous – à l’exception de la Bolivie.

Le risque était grand, avant Cancún, que les négociations sur le climat ne sortent du cadre des Nations Unies. Un accord à 194 pays était trop compliqué, disaient certains, recommandant que les négociations se tiennent plutôt entre pays riches dans des enceintes telles que le G20. Un tel scénario aurait été catastrophique pour les pays en développement, qui se seraient retrouvés exclus de la négociation, alors qu’ils sont les premiers touchés par les impacts du changement climatique. Ce scénario semble évité aujourd’hui, et Cancún trace une perspective qui réaffirme l’importance du multilatéralisme.

En ce sens, la conférence de Cancún rappelle un peu celle qui s’était tenue dans une autre station balnéaire, à Bali en 2007. Dans l’île indonésienne, après plusieurs échecs et une autre longue nuit de négociations, les délégués avaient adopté une feuille de route, qui traçait la voie de Copenhague. Là aussi, la conférence s’était terminée dans un grand élan d’optimisme, dans la confiance de la possibilité d’un succès deux ans plus tard. Dans la péninsule du Yucatán, les délégués se sont accordés sur une autre feuille de route, qui ouvre la voie vers la possibilité d’un accord à Durban, l’année prochaine, ou à Rio en 2012. Mais l’expérience de Bali nous montre que tout reste à faire, pour ne pas transformer Durban (ou Rio ?) en un autre Copenhague.

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François Gemenne est directeur du projet « Politiques de la terre à l’épreuve de l’anthropocène » au Médialab de Sciences Po, et chercheur en science politique à l’université de Liège et à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (CEARC). Il est notamment l’auteur de ‘Géopolitique du Climat’ (Armand Colin, 2015).

Eric Jadot est député belge (Ecolo) de la circonscription électorale de Liège et était membre de la délégation belge à la COP16.

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