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Ils court-circuitent les grandes surfaces

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Ils court-circuitent les grandes surfaces
(Crédit photo : Ian Hanning - Rea)
 
Les réseaux alternatifs de distribution poussent comme des champignons. Mais le petit monde des circuits courts n’est pas (encore) à maturité.

En douze ans, les Amap (associations pour le maintien d’une agriculture paysanne) ont atteint le chiffre de 1 600 dans l’Hexagone, regroupant 50 000 familles. En septembre 2011, naissait le réseau « La Ruche qui dit oui ! ». Les consommateurs s’inscrivent sur Internet, dans une ruche proche de chez eux. Les producteurs membres proposent leur prix et fixent un seuil minimum de commande. Puis, les uns et les autres se retrouvent lors d’un marché éphémère. On compte déjà 277 ruches actives et 149 autres en construction.

D’autres expériences coopératives de vente directe se mêlent au mouvement, mettant le phénomène des circuits courts sur le devant de la scène. En mesurer précisément l’ampleur relève de la gageure. Le ministère de l’Agriculture a donné en 2009 une définition vaste : les circuits courts sont tous ceux qui comportent un intermédiaire de vente au plus, soit aussi bien les Amap que la vente via une grande surface ou une coopérative.

Local ou eco-friendly ?

Le recensement agricole de 2010 estime que 21 % des 604 000 exploitations pratiquent les circuits courts. Pour quatre exploitants sur dix, hors viticulture, ce type de vente représente plus des trois quarts du chiffre d’affaires. Pour trois sur dix, c’est anecdotique. Le tout crée de l’activité : en moyenne, les exploitations vendant en circuit court mobilisent 2,2 unités de travail annuel, les autres exploitations 1,4 [1].

L’Agence bio, elle, affirme que plus d’un producteur bio sur deux fait de la vente directe sous une forme ou une autre. Autre question compliquée : l’impact de ces initiatives sur l’environnement. Le local est-il forcément plus écologique ? La réponse est nuancée. Selon une étude du commissariat général au développement durable publiée en mars 2013 [2] « c’est la phase de production qui pèse le plus sur les impacts environnementaux des produits agroalimentaires, et notamment sur leur bilan carbone. Ainsi, les moindres distances généralement parcourues par les produits locaux ne suffisent pas à affirmer leur qualité environnementale »

Il faut jouer collectif

57 % des émissions de gaz à effet de serre de la chaîne alimentaire sont liées à la phase de production – à partager entre 29 % pour l’agriculture et 28 % pour l’élevage et l’alimentation des animaux – et seulement 17 % aux phases de transport. Dans ce dernier poste, les déplacements en voiture pour les courses représentent onze points, le transport des marchandises par la route, six points. Moralité, acheter local à un producteur du coin, c’est pas mal. Mais choisir une tomate bio cultivée en été et en plein champ, que l’on va chercher à vélo, s’avère plus écologiquement correct.

Pour que les circuits courts transforment leur essai avec succès, la logistique est la clé. « Les volumes à transporter ne permettent pas toujours d’avoir un taux de remplissage élevé, soulignent les auteurs de l’étude du commissariat général. En outre, dans plusieurs formes de commercialisation locale (marchés, livraison de paniers à un point déterminé, etc.), le retour à vide du point de vente reste une pratique courante. »

Cet appel à jouer plus collectif rejoint l’analyse de Marie Maurage. Eleveuse de chèvres et de brebis dans les Hautes-Alpes, elle est aussi administratrice de la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab). « Le renouveau des modes de commercialisation de proximité comporte le risque de pratiques uniquement individuelles, souligne-t-elle. Avec, finalement, des situations de concurrence entre producteurs d’un même territoire et le risque d’un libéralisme effréné et d’une lutte de chacun contre chacun. »

Circuits courts partout

Sa solution ? « Les dynamiques collectives de producteurs en circuits courts paraissent ainsi fondamentales. » Au menu, la mise en commun d’outils de transformation pour produire des conserves, des partenariats pour acheter une camionnette de livraison, etc. En dépit de ces faiblesses, les circuits courts présentent nombre d’avantages, souligne le commissariat général. « Réancrage territorial de l’activité agricole, meilleure valorisation des produits par le producteur, rapprochement entre l’agriculteur et le consommateur, et plus grande implication des acteurs publics et des habitants dans l’agriculture, comme des consommateurs dans leurs choix alimentaires. »

Cette créativité en inspire d’autres. Le Labo de l’économie sociale et solidaire en a fait une de ses zones d’exploration. Ce cercle de réflexion a identifié d’autres secteurs dans lesquels s’organisent des circuits courts : finance participative, coopératives d’habitants ou encore associations pour le maintien des alternatives en matière de culture et de création artistique (Amacca). Ces dernières reposent sur un financement de citoyens, à la fois spectateurs et producteurs du spectacle.

[1] Recensement agricole 2010

[2] « Consommer local, les avantages ne sont pas toujours ceux que l’on croit », Le Point sur, n° 158, mars 2013,

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