Californie : l’Eldorado vert ?

Ici, tout n’est que paradoxes. La Californie est une terre aux 1 000 facettes. Pile : une consommation électrique parmi les plus faibles des Etats-Unis. Face : la 12e place sur le podium des pays les plus émetteurs de gaz à effet de serre. Pile : des centres de recherche sur les technologies vertes, comme Berkeley ou la Silicon Valley, parmi les plus performants au monde. Face : un budget pantagruélique consacré aux transports individuels polluants. Dans cette arène déconcertante qui mélange désert et vergers gigantesques, studios de cinéma et siège de la tentaculaire Google, un homme tire les ficelles. L’ancien acteur Arnold Schwarzenegger, gouverneur de Californie, est l’inspirateur depuis 2003 de la politique verte de l’Etat. Il est lui aussi pétri de contradictions. Enquête au cœur d’un paradis vert autoproclamé.

SOMMAIRE

1/6. Berkeley, l’intello bio bobo Premier arrêt à quelques kilomètres de San Francisco, dans la cité écolo par excellence. La ville s’est engagée dans un ambitieux pari : réduire de 80% son empreinte carbone d’ici à 2050. Résultat, Berkeley s’emploie à devenir le temple de la voiture hybride, le paradis du piéton, et son université, la Mecque de la recherche en développement durable.

2/6. San Joaquin Valley, démesure agricole à l’américaine Rien ne prédestinait la région à un tel avenir. Et pourtant, à coups de barrages et de canalisations, la vallée aride de San Joaquin a gagné le titre de grenier à fruits du pays. Pour John Diener, cette terre rime aussi avec terrain d’expérimentation. Du système de drainage à la culture bio, ce gros exploitant s’essaie à toutes les nouvelles technologies agricoles, pour le meilleur comme pour le pire.

3/6. Tortues vs panneaux solaires dans le désert de Mojave Entre industriels et écolos, c’est la guerre au beau milieu des cactus. Les premiers feraient bien de cette étendue torride la terre d’élection de l’industrie solaire à grande échelle. Au grand dam des seconds qui invoquent dégâts et défigurations. A nouvelle mine d’or, nouveau combat.

4/6. Les écrans de fumée d’Hollywood Warner Bros Avec 140 000 tonnes d’ozone et de particules de diesel rejetées chaque année dans l’atmosphère, l’industrie du cinéma représente le deuxième pollueur de la région après l’industrie pétrochimique. Un mauvais film qui pourtant mobilise peu d’acteurs. Dans le saint des saints du 7e art, le développement durable est réduit au rôle de figurant.

5/6. Les flambeurs verts de la Californie En prenant modèle sur les indices boursiers verts, Rob a créé des fonds consacrés aux transports doux, au nucléaire, à l’hydrogène... En quelques années, c’est le jackpot. Rencontre à Encinitas, à 150 km de Los Angeles, avec un millionnaire de l’écologie décomplexé et paradoxal. Au menu, œufs maison, légumes bio et bolide fluo.

6/6. Puente Hills, la montagne de déchets Quelque 152 mètres d’immondices ensevelies sous 682 hectares de terre. Sous cette colline verdoyante de la banlieue de LA, c’est l’équivalent d’un immeuble de 50 étages rempli d’ordures qui fermente. Et les va-et-vient des camions-bennes ne cesseront pas avant 2013, quand des trains emmèneront ces tonnes de déchets dans le désert... à 320 km de là.

Arnold Ier, la légende écolo A l’image de l’Etat qu’il dirige depuis 2003, Arnold Schwarzenegger cumule les contradictions. Chantre de la lutte contre le changement climatique, inspiration verte de Barack Obama, l’ancienne vedette de cinéma ne renoncerait pou rien au monde à son Hummer, sa moto, ses trajets quotidiens en avion... Gouvernator dans toute sa splendeur.

" Le TGV, lueur d’espoir en Californie " En matière d’environnement, la Californie fait figure d’exemple pour le pays, constate Bill Magavern, à la tête du Sierra Club de Californie, l’un des plus puissants lobbys verts du pays. Mais cela ne constitue pas une raison pour relâcher l’effort, d’autant que beaucoup reste à faire, notamment sur l’urbanisme et le transport.

(Photo Arnold Schwarzenegger : Monica Almeida - New York Times)