Terra Eco. La Californie est un Etat à la fois pionnier en matière de sauvegarde de l’environnement mais aussi parmi les plus pollueurs au monde. Comment résoudre ce paradoxe ? Et quel bilan tirez-vous des actions du gouverneur ?
Bill Magavern. La Californie n’a pas attendu l’élection d’Arnold Schwarzenegger pour s’illustrer en matière de défense de l’environnement. Dès les années 1970, l’Etat a mis le combat contre la pollution de l’air au cœur de ses préoccupations. Trente ans plus tard, la Californie est devenue le chantre de la lutte contre le changement climatique, alors que Gray Davis – le prédécesseur de Schwarzenegger – était à la tête de l’Etat. En revanche, le gouverneur actuel a été un excellent porte-parole sur le sujet du climat. Il a non seulement reconnu la nécessité pour la Californie de s’atteler au problème des émissions de gaz à effet de serre mais a également réussi à convaincre un bon nombre d’Etats de s’engager sur cette voie alors même que l’administration Bush lui mettait des bâtons dans les roues. Aujourd’hui, la Californie est devenue un Etat modèle pour le reste du pays, gouvernement fédéral compris.
T. E. Son discours n’est cependant pas toujours cohérent…
B. M. Effectivement, notamment sur les Hummer. Il est totalement illusoire de croire que ces 4X4 deviennent des véhicules propres même s’ils marchent au biocarburant, à l’hydrogène ou à l’électricité. Une bonne fois pour toutes, il faut comprendre que les ressources en énergie ne sont pas inépuisables. Et ce, quelles qu’elles soient ! Pour moi, il est essentiel que la Californie consacre son énergie à repenser son urbanisme. Permettre aux citoyens de vivre à proximité de leur lieu de travail devrait constituer une priorité. Or la seule lueur d’espoir en matière de transport est le projet de TGV.T. E. Aujourd’hui, les énergies renouvelables ne représentent que 13,5 % de l’énergie produite en Californie, loin des objectifs de 20 % en 2010. Dans le désert de Mojave, les constructeurs de centrales solaires se heurtent aux revendications des écolos. La Californie va-t-elle parvenir à atteindre son objectif de 33 % en 2020 ?
B. M. Nous sommes frustrés par la lenteur du processus bureaucratique, notamment dans le désert de Mojave. Il est impératif de trouver un équilibre entre les revendications des groupes environnementaux et les constructeurs de centrales solaires. Le Sierra Club s’efforce de jouer un rôle de médiateur. Il est essentiel d’identifier des lieux sur lesquels l’impact d’une installation sera minimal et d’agir vite afin de permettre l’avènement d’une industrie solaire à grande échelle. Afin de verdir notre électricité, il faut à la fois des systèmes photovoltaïques décentralisés sur les toits californiens et de grosses centrales thermiques reliées au réseau.
Photos Gilles Mingasson
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