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30-08-2013
Mots clés
Alimentation
France

Comment des chevaux de course dopés ont fini dans nos assiettes

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Comment des chevaux de course dopés ont fini dans nos assiettes
(Moyan_Brenn_BE_BACK_IN_SEPTEMBER - Flickr)
 
Des propriétaires abusés, et des amateurs de viande de cheval qui avalent de la viande impropre à la consommation. C'est le nouveau scandale alimentaire. Pourtant, le système de traçabilité français est censé être le meilleur d'Europe.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Triste mort pour les chevaux de course. Au lieu de finir leur vie tranquillement, ils se retrouvent bien souvent dans nos assiettes. Certains propriétaires français voulaient une retraite faite de batifolage dans les prés et de foin généreux pour leur fidèle destrier. Et se sont fait avoir par des maquignons peu scrupuleux qui ont racheté leurs bêtes pour, au final, les amener à l’abattoir. Où elles n’auraient jamais dû se retrouver, ne serait-ce que pour des raisons sanitaires. Mais leur carnet de santé a été bidouillé en Belgique. Voilà le nouvel imbroglio qui secoue le monde équestre. Il ne s’agit plus tant d’un problème d’étiquetage de la viande consommée, comme cela s’est produit l’hiver dernier, que d’un trafic de chevaux écoulés frauduleusement dans l’alimentation humaine. Le scandale a éclaté jeudi 30 août et une enquête est en cours.

Cette nouvelle affaire pose une fois de plus la question de la traçabilité de la viande que nous mangeons. Pour un cheval, la chose est normalement assez simple, du moins jusqu’à l’abattoir.

La puce à l’oreille, ou à l’encolure

Tout poulain, à sa naissance, reçoit la visite d’un vétérinaire habilité ou d’un agent des haras nationaux qui lui glisse une puce sous la peau, au niveau de l’encolure ou à l’oreille. C’est en tout cas le cas pour les chevaux de trait d’emblée destinés à la boucherie. Cette puce contient un numéro, qui identifie l’animal auprès du SIRE, le système d’information relatif aux équidés. Ce système détaille, pour chaque cheval, le pedigree, les performances, les données techniques, le nom du naisseur - soit l’éleveur s’occupant particulièrement du choix des reproducteurs. Un document papier, sorte de livret à la fois d’identité et de santé gardé par le propriétaire, complète le tout. C’est, dans l’affaire qui nous occupe, lui qui aurait été falsifié.

Mais ce n’est pas tout. Depuis 2001, la réglementation européenne impose la présentation d’un feuillet médicamenteux pour les chevaux présentés à l’abattoir. Sur ce document sont consignés, par le vétérinaire qui y appose sa signature, la date et son cachet, tous les médicaments ingérés par l’animal. Depuis douze ans, le feuillet est automatiquement inséré dans le livret d’identification du cheval « avec des agrafes spéciales censées empêcher qu’on ne remplace le feuillet », explique Claire Scicluna, responsable de la commission médicaments à l’association vétérinaire équine française (AVEF).

Pour les chevaux nés avant 2001, ce qui semble être le cas dans l’affaire qui vient d’éclater, « le système est moins sécurisé puisque le feuillet est à ajouter au livret », reconnaît la vétérinaire qui exerce dans l’Oise. Et les feuilles volantes, parfois, s’envolent...

Médicaments et principe de précaution

Le but de ce document est d’indiquer les périodes d’attente à respecter après la prise d’un médicament avant que l’animal ne soit amené à l’abattoir. Mais la prise, même unique, de certains médicaments est censée éviter définitivement aux chevaux de finir en steak. C’est le cas de la phénylbutazone, l’aspirine des chevaux, que les cavaliers administrent à leur monture en cas de fourbure. Et que les humains pouvaient prendre eux aussi, à moindre dose, jusqu’en 2012. Une simple prise de ce médicament implique de cocher la case « exclus de la filière bouchère ».

C’est une application du principe de précaution, en l’absence de connaissances des taux de résidus médicamenteux dans la viande. Or, il semblerait que le réseau soupçonné d’avoir falsifié les livrets ait justement effacé la mention de prise de phénylbutazone du feuillet médicamenteux, menant ainsi tout droit les bêtes à l’abattoir (plus précisément dans trois d’entre eux situés dans le Gard, l’Héraut et le Nord).

Abattre est plus rentable que laisser mourir

Car revendre une bête pour sa viande est plus rémunérateur que la laisser gambader dans un pré et la nourrir jusqu’à sa mort, comme l’indiquait en mars 2013 l’AFEV dans un communiqué : « En Europe tout comme aux Etats-Unis, se pose le problème de la fin de vie des équidés, laquelle représente une lourde charge financière pour les propriétaires. La récession économique et l’envolée du prix de l’équarrissage consécutive à la libéralisation de ce marché ont fait apparaitre des pratiques clandestines d’enfouissement ainsi qu’un circuit européen de récupération des chevaux indésirables, n’offrant pas toutes les garanties de traçabilité, vers la filière bouchère. »

Des champions dans les assiettes

Mais quand même, pourquoi les vétérinaires des abattoirs n’ont-ils pas tiqué en voyant arriver ces bêtes musculeuses, taillées pour les champs de course ? Parce que c’est le destin le plus commun des champions. « Si les chevaux de course ne pouvaient pas aller à la boucherie, on ne saurait plus où les mettre ! », explique Claire Scicluna. La réglementation française classe les chevaux parmi les animaux de rente, et non de loisir, signifiant par là que tout dada est a priori destiné à être mangé, qu’il ait gagné des grands prix ou non. Sauf si son propriétaire a volontairement coché la case « exclu de la filière bouchère », ou si le vétérinaire l’a fait pour des raisons sanitaires.

Normalement, le système est donc correctement balisé. Surtout pour les chevaux nés après 2001. Une nouvelle protection a même été ajoutée en 2011. Depuis cette date, et à la demande de l’AVEF, la case « exclu de la filière bouchère » est par défaut cochée sur le duplicata du livret d’identification délivrés lors d’un changement de propriétaire – en cas de perte du livret par le premier propriétaire. « Avant cette mesure, les livrets disparaissaient souvent lors du changement de propriétaire et, sur les duplicata, les feuillets médicamenteux arrivaient comme par hasard vierges de toute mention, et les chevaux pouvaient aller à l’abattoir », se remémore Claire Scicluna qui estime qu’aujourd’hui « le système français est le meilleur en Europe ». L’Europe, justement. La Commission européenne s’est engagée en mai dernier à mettre en place un fichier d’identification unique et centralisé des équidés dans l’Union européenne. Ce qui n’est pas encore fait, et qui ne sera véritablement efficace que si le carnet de santé des chevaux est lui aussi mis en ligne.

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