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Ford contre Terminator

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Doublée par la concurrence, la marque emblématique de l'automobile enchaîne les plans de licenciements. Et doit se préparer à une tempête judiciaire sur le front écologique.
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Serge Gainsbourg avait offert à la Ford Mustang un destin funeste : elle achevait sa course en embrassant les platanes. La multinationale de l’automobile empruntera-t-elle le même chemin ? Doublée par Toyota, Ford n’occupe plus "que" le rang de troisième constructeur mondial, avec 6,8 millions de véhicules écoulés en 2005. Si elle affiche de substantiels bénéfices en 2005 (2 milliards de dollars), cette pluie de dollars ne saurait cacher une triste réalité : Ford gagne beaucoup d’argent en vendant du crédit et en perd beaucoup trop en vendant... ses voitures. Ne sachant plus à quel saint se vouer, Bill Ford, arrière-petit-fils de l’illustre Henry - fondateur de la marque et concepteur de la Ford T -, vient de jeter l’éponge.

Il transmet les rênes de la multinationale à un ancien de chez Boeing, Alexandre Mullaly. 30 000 employés nord-américains vont prendre la porte. Pour mémoire, 35 000 postes avaient déjà été supprimés depuis 2000. 14 usines doivent baisser le rideau et la production de Ford sur le continent sera réduite de 25 %. Avec cette annonce, selon le syndicat des Travailleurs canadiens de l’automobile (TCA), c’est toute l’industrie automobile nord-américaine qui tremble sur ses bases. Tout n’est pas noir, pour autant. Les ventes de véhicules en Chine se sont envolées de moitié en 2005 et Ford a posé une roue sur d’autres "marchés porteurs" : Inde, Russie.

Chérie, j’ai repeint la Mustang en vert

Point intéressant : Bill Ford se démarque de la concurrence par ses velléités "écologiques". "Depuis 2000, nos usines ont réduit leurs émissions de CO2 de plus de 15 %", annonce la multinationale. Et plusieurs ONG américaines saluent les efforts de la marque pour mettre sur le marché des véhicules à moteurs hybrides ou à hydrogène, réputés moins polluants. Mais n’y a-t-il pas contradiction entre la volonté affichée de réduire les nuisances environnementales et l’objectif sans cesse renouvelé d’écouler un maximum de véhicules neufs ?

Ce dilemme pourrait bien être tranché par la justice californienne. Sur les terres du gouverneur Arnold Schwarzenegger vient en effet d’être déposée la première plainte pour "dégradation du climat". Une démarche sans précédent dans l’histoire de l’automobile et même de toute l’industrie. La plainte du procureur général de Californie Bill Lockyer vise directement les branches américaines des "Big six" : Ford, Chrysler, General Motors, Nissan, Toyota et Honda. "Le réchauffement global [de la planète] occasionne d’importants dommages à l’environnement, à l’économie, à l’agriculture et à la santé publique californiennes. Ses conséquences se chiffrent d’ores et déjà en millions de dollars et la facture s’alourdit, avertit le procureur général. (...) Il est temps de tenir ces entreprises responsables pour leur contribution à cette crise".

Cigarette, automobile : même combat ?

Cette plainte risque de faire suer les dirigeants de Ford et leurs confrères à grosses gouttes. Ford a en effet participé, jusqu’en 2000, à la Global Climate Coalition, un groupe de pression combattant le protocole de Kyoto et diffusant des informations discréditant la thèse du réchauffement de la planète. Autre exemple, lorsque l’Etat de Californie décida, en juillet 2002, de durcir la réglementation sur les émissions de gaz à effet de serre, Ford, aux côtés de General Motors et de DaimlerChrysler, contesta la décision devant les tribunaux. Tous prétendaient que la fixation des normes de consommation de carburant ne pouvait qu’être du ressort de l’Etat fédéral. En fait, ces normes auraient pénalisé le marché du 4x4 et des véhicules monospaces, gros consommateurs en carburant mais poule aux œufs d’or des constructeurs. Or, si la plainte du procureur général de Californie aboutit, elle pourrait ouvrir la voie à une cascade de procès contre les "Big six", à l’image de ceux menés contre les multinationales de la cigarette. Ces dernières ne se sont tirées d’affaire qu’en sortant le carnet de chèque, à coup de milliards de dollars. Mais ni Ford ni ses concurrents ne peuvent aujourd’hui se permettre tel luxe.

Sources : Corporate Watch, Novethic, Wall Street Journal, New York Times, Multinationales 2005, Walter Bouvais et David Garcia (éd. Danger Public), www.ford.com


FICHE D’IDENTITE

- Nationalité : états-unienne

- Création : 1903

- Principaux dirigeants : Bill Ford, Alexandre Mullaly

- 300 000 salariés dans 32 pays

- Chiffre d’affaires : 177 milliards de dollars

- Principal actionnaire : famille Ford

- Marques principales : Ford, Volvo, Lincoln, Jaguar, Aston Martin, Mercury, Mazda, Land Rover, etc.

- Principaux concurrents : Toyota, General Motors, Daimler-Chrysler

ACTIVITE

Il n’aura échappé à personne que Ford Motor Company conçoit, produit et commercialise des véhicules automobiles. Ford vend également des services financiers (crédit et assurance). A la fin 2005, l’entreprise, présente sur tous les continents, employait plus de 300 000 personnes, essentiellement aux Etats-Unis et en Europe.
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