Frédérique Rollet est porte-parole du syndicat national des enseignants du second degré (SNES)
Terra eco : Nous arrivons au terme de la campagne. Que regrettez-vous ?
Frédérique Rollet : Certains thèmes n’ont pas été abordés ou très peu. C’est le cas notamment des inégalités scolaires. Il faut que les établissements difficiles bénéficient de moyens supplémentaires, de personnel… Depuis quelques années, il y a un délitement de l’éducation prioritaire. Les labels d’établissement ne correspondent plus à grand chose. Une autre question peu évoquée a été la nécessité de prolonger l’éducation obligatoire jusqu’à 18 ans. Pour nous, c’est important. 95% des jeunes sont scolarisés jusqu’à 17 ans. Mais si on considère que les gens qui n’ont pas un diplôme niveau bac sont dans une situation fragile, il faut pousser plus loin.
Sur le temps de travail, des choses ont été dites mais mal pensées. On a parlé d’une présence accrue des profs dans les établissements même si certaines tâches relèvent d’autres personnels ou si elles sont déjà couvertes par le temps de travail. La question de la revalorisation financière n’a pas non plus été posée. Mais tout le monde est d’accord pour dire qu’il y a une crise du recrutement. Les candidats ont envoyé des signaux positifs mais sans vraiment de propositions concrètes.
Pensez-vous qu’il y a quelque chose à sauver dans cette campagne ?
Ce qu’il y a de positif, c’est que l’éducation a été plus présente dans cette campagne qu’en 2007. Il y a des propositions dans plusieurs programmes. Les partis de gauche constatent qu’on ne peut pas continuer à appliquer la règle du non renouvellement d’un fonctionnaire sur deux. On arrive au bout du bout en terme de suppression de postes. La gauche est d’accord pour remettre des moyens même s’il y a des divergences sur le nombre.Et dans certains programmes, il y a aussi l’idée d’une prime de recrutement. 46% des postes du Capes l’an dernier n’ont pas été pourvus. Les étudiants ne sont plus attirés par les métiers de l’enseignement. Nous insistons pour qu’il y ait une prime qui permette de financer les études des jeunes contre un engagement de se présenter au concours des métiers de l’enseignement. Le PS et le Front de gauche vont dans ce sens-là. Il y a donc une prise en compte de la nécessité de donner des signaux aux étudiants pour lutter contre la pénurie de profs.
Quel est à votre sens le ou les défis urgents du prochain quinquennat ?
Le plus grand défi pour le prochain Président sera de prendre des mesures d’urgence pour la rentrée. Il faut relancer la machine du recrutement. C’est un gros travail. Le PS a parlé d’une nouvelle loi de programmation. Mais il faut qu’on s’accorde sur les objectifs assignés au système public d’éducation. Et il faut abandonner le principe d’une élite pour donner une bonne formation à tout le monde. Il faut travailler aux problèmes d’inégalité croissante.
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