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25-05-2015
Mots clés
Religions
Climat

L’écologie enfin en odeur de sainteté

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L'écologie enfin en odeur de sainteté
(Wikimédia - Christian Advs)
 
Qui de Bouddha, de Dieu ou d'Allah se soucie le plus du climat ? Le 21 mai les représentants de six confessions planchaient sur un plaidoyer commun en vue de la COP21. Derrière un volontarisme partagé, le défi climatique bouscule des certitudes.
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Les religions aiment les arbres. Le quidam qui, ce jeudi 21 mai, aurait franchi par hasard la porte du colloque « Le Climat : quel enjeu pour les religions ? » sans en connaître l’intitulé, pourrait voir dans cette déclaration d’amour au végétal le message clé de la journée. « Chaque musulman qui plante un arbre accomplit un acte de charité », explique Tarik Bengazai, assis ce matin au troisième sous-sol du Sénat pour représenter l’Islam. « Si tu es en train de planter un arbre et qu’on t’annonce la venue du Messie, le Messie attendra », rappelle le rabbin Michaël Azoulay qui porte la voix du judaïsme. L’Eglise orthodoxe, elle, prend de la hauteur, « qui aime la création, aime les créatures », sermonne Monseigneur Emmanuel, le président des évêques orthodoxes de France. A la tribune, kippa et robe bouddhiste se côtoient. Catholiques, protestants, orthodoxes, juifs, bouddhistes et musulmans, les représentants de six confessions piochent tour à tour dans leurs versets pour démontrer l’écolo-compatibilité de leur foi.

« Ce colloque inaugure la collaboration inter-religieuse vers la COP21 ( la conférence internationale sur le climat qui se tiendra à Paris du 30 novembre au 11 décembre prochain NDLR) », précise François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France. Le pasteur préside également la Conférence des responsables de cultes en France (CRCF) qui, depuis cinq ans, réunit régulièrement les instances religieuses pour des discussions informelles. Ce mois-ci, le rendez-vous est crucial : la CRCF planche sur un plaidoyer inter-religieux qu’elle remettra le 1er juillet à François Hollande. L’idée ? User de son «  autorité morale », pour dire sa préoccupation face à l’enjeu climatique et pousser les décideurs à l’ambition en vue de la COP21. Devant la grandeur de la tâche, l’Assemblée est ravie. Surtout Anouar Kbibech, le président du rassemblement des musulmans de France, « content de ne pas répondre sur des questions polémiques de repas de substitution ou de longueur de robes à l’école ». Chez les protestants, Martin Kopp y voit une opportunité d’apaisement. « Depuis les événements de Charlie Hebdo, les religions sont sur la défensive, le climat est un sujet sur lequel on peut montrer que nos voix peuvent aussi peser positivement. »

Avec Shabbat, 52 jours sans voitures par an

Commence alors la surenchère. A la tribune, la Fédération protestante de France (FPF) ne manque pas de rappeler qu’elle vient de publier Les changements climatiques (Editions Olivetan, 2014), un petit livre « vendu 8 euros » précise Martin Kopp. Dans la salle, le membre d’une association chrétienne brandit Enjeux et défis écologiques pour l’avenir (Editions du cerf, 2012), l’ouvrage des évêques catholiques. « Et nous c’est 3 euros », nargue-t-il. Eclats de rire dans la salle. Sur l’estrade Anouar Kbibech fait profil bas. « Côté musulman nous n’avons pas produit de littérature sur la question, on a sans doute moins pris conscience de l’urgence, dans les mosquées on parle peu d’environnement », confesse-t-il. Dans la chorale des bons élèves, Monseigneur Brunin rappelle la sortie en juin de l’encyclique sur l’Ecologie humaine du pape François tandis que le représentant du judaïsme tente de voler la vedette au moine bouddhiste. « Les associations écologistes peinent à imposer un jour sans voiture par an… Ce n’est pas pour dire mais avec Shabbat nous avons 52 jours sans voitures par an, et même 60 en comptant les jours de fête », souligne Michaël Azoulay. Les protestants rappellent que l’union de ses églises d’Alsace-Lorraine subventionne les investissements en faveur de l’environnement à hauteur de 20%. De quoi refaire l’isolation des presbytères.

L’ambiance est bon enfant. Par moment pourtant, l’autosatisfaction laisse poindre des mea-culpa. La Genèse ne dit-elle pas « Remplissez la Terre, dominez là, soumettez là » ? « On a un peu oublié la suite « “ soignez là, préservez là ” », reconnaît le rabbin Michaël Azoulay. Au nom de l’Eglise catholique, Christine Lang opine : « L’accent a été mis sur l’humain comme être supérieur par excellence, on a oublié qu’il n’existe que dans son environnement. » L’enjeu climatique malmène la vision anthropocentrée du monde que véhiculent la plupart des confessions monothéistes. « Les religions nous ont autorisés à exploiter de façon éhontée la nature. Aujourd’hui elles découvrent que l’homme peut être victime de cette exploitation », résume Jérôme Bignon, président du groupe de travail du Sénat sur le climat et l’environnement.

Bouddha, lui, savait déjà

Fort de cet examen de conscience, les responsables religieux changent de braquet. « Il faut passer d’une logique d’exploitation à une logique de préservation », reconnaît Michaël Azoulay. « On ne peut aller vers un monde décarboné en cherchant une croissance infinie, il faut retrouver les valeurs de modération, de sobriété qu’on a perdues », développe Martin Kopp. Silencieux au bout de l’estrade le moine bouddhiste regarde ses collègues avec compassion : « On observe en ce moment une évolution de la perception de la nature chez certaines religions monothéistes », se félicite Olivier Reigen Wang-Genh. Bouddha, lui, savait déjà. « L’être humain fait un avec la nature, on ne peut pas l’extraire de son ensemble », rappelle le président de l’union bouddhiste de France. L’écologie ? « Un bouddhiste tombe dedans quand il est petit. »

Soucieux de ne pas rester sur la touche, ses acolytes donneront de leur personne. Lorsqu’ils présenteront leur plaidoyer au président de la République, le 1er juillet prochain, ils jeûneront pour montrer leur détermination. Ils réfléchissent à inviter François Hollande à faire de même. Et « même si le jeûne n’est pas vraiment le truc des protestants », le pasteur Clavairoly ne fera pas exception.

Mais l’examen de conscience a ses limites. Les cultes français envisagent-ils d’exclure tout investissement de leurs deniers dans certains secteurs polluants, comme le fait l’Eglise anglicane ? Le président de la CRCF botte en touche « vous ne devez pas être consciente de l’état des finances des églises », rétorque-il à la journaliste de Pèlerin magazine qui l’interrogeait. Quant à la révolution théologique… « Protéger l’environnement ce n’est pas renier la centralité de l’homme, nuance Michaël Azoulay, c’est quelque chose que nous devons faire, ne serait-ce que par opportunisme. » L’accusation d’anthropocentrisme fait également tiquer le grand Rabbin de France, Haïm Korsia « L’impératif d’attention à la nature ne doit pas exclure l’homme, rappelons nous que les textes disent l’homme est comme l’arbre des champs ». Ça faisait longtemps…

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