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6-05-2010
Mots clés
Finance
Europe

Les Grecs au régime sec

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Les Grecs au régime sec
(Photo : Alex E. Proimos)
 
Ecrasée par une dette de 300 milliards d’euros, la Grèce a dû accepter de tailler dans ses dépenses sociales pour bénéficier de l’aide du FMI et des pays de la zone euro. Au menu : hausse de la TVA, diminution des retraites et des salaires des fonctionnaires.
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Les Grecs paieront ! Coûte que coûte ? Après des semaines de négociations serrées, les 16 États membres de la zone euro et le Fonds monétaire international (FMI) ont sorti le carnet de chèques et accordé un prêt d’urgence à Athènes. Montant : 110 milliards d’euros. Près d’un siècle après le Traité de Versailles qui conclut en 1919 la Première Guerre mondiale, l’Union européenne tente péniblement de s’extraire de sa plus grave crise économique depuis l’avènement de l’euro, le 1er janvier 2002. Mais la partition ne se joue pas avec les mêmes musiciens : si l’Allemagne avait jadis été contrainte par le « Père la Victoire » Georges Clemenceau – et son fameux « l’Allemagne paiera » – de verser l’équivalent d’une année entière de Produit intérieur brut en guise de dédommagements, elle se retrouve aujourd’hui dans la position du procureur d’une Grèce au bord de la faillite.

Le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble, a d’ailleurs mis les points sur les i. « S’il y avait des manquements » au plan de redressement imposé par l’Union européenne et le FMI, « les versements seraient stoppés. Et alors le défaut de paiement menacerait à nouveau Athènes », a-t-il lancé au gouvernement socialiste de Geórgios Papandréou (1). Plombée par une dette de 300 milliards d’euros, soit 113% du Produit intérieur brut, la Grèce n’aurait alors d’autre choix que de s’auto-administrer sans rechigner la potion très amère concoctée par ses aimables créanciers.

Satrapes corrompus

Car les contreparties à « l’aide » de l’UE et du FMI ont des allures de gros antibiotique et seront lourdes à digérer : hausse de 4 points de la TVA (taxe sur la valeur ajoutée), baisse de 15% des salaires des fonctionnaires, diminution drastique des retraites. « La cure d’austérité infligée à la Grèce est sans équivalent avec ce qui s’est fait dans les pays en voie de développement dans les années 1980 et 1990 », commente l’économiste Thomas Coutrot, co-président d’Attac.

Vous pensiez les plans d’ajustement structurels du FMI, qui ont mis à genoux les économies africaines et latino-américaines, à grands coups de serpe dans les dépenses sociales, réservés aux pays tombés sous la coupe de satrapes corrompus ? Erreur. Le Fonds a même été plus réactif que les États riches de la zone euro, englués qu’ils sont dans leurs égoïsmes nationaux. « Les gouvernements français et allemand, pivots de la construction européenne, ont été incapables de faire preuve de solidarité envers un membre de la zone euro en grande difficulté », fustige le spécialiste de la finance Dominique Plihon.

L’Allemagne contre le « Club Med »

Un déficit d’altruisme flagrant qui remonte aux origines. A la création de l’euro très exactement. A l’époque, dans les années 1990, l’Allemagne était plus que réticente à l’idée de renoncer au mark pour créer une monnaie unique européenne. Politiques et hommes d’affaires de la première puissance économique du Vieux continent dévisageaient méchamment les pays du « Club Med », jugés inaptes à limiter leurs déficits. En échange de l’acceptation de l’Espagne, du Portugal et de la Grèce au sein de la zone euro, Berlin impose alors ses conditions.

Pas question de coordonner les politiques économiques au niveau de l’Union, l’Allemagne soupçonnant ses voisins de laxisme… La Banque centrale européenne, basée à Francfort, sera strictement indépendante du pouvoir politique. Traumatisés par les effets de la crise de 1929 – l’hyperinflation galopante et le chômage de masse avaient accouché du nazisme – les Allemands s’arcboutent sur le dogme de l’indépendance de la BCE. Seul moyen efficace selon Berlin de contrôler la hausse des prix. Lesquels pourraient s’envoler si la BCE prêtait de l’argent aux États. « Le traité de Maastricht interdit le financement des États de l’Union par la Banque centrale européenne, afin d’éviter que cette dernière puisse voler au secours des pays du sud du continent. Au motif qu’une création monétaire massive dans la zone euro provoquerait une augmentation de l’inflation », analyse Henri Sterdyniak, directeur du département économie de la mondialisation à l’Observatoire français des conjonctures économiques.

Au lieu de se financer directement auprès de la BCE à un taux d’intérêt de 1%, le gouvernement grec a donc dû s’approvisionner sur les marchés à des conditions moins avantageuses. Étant entendu que les banques et autres fonds d’investissement ont, eux, le droit d’emprunter à la BCE ! Les taux sur la dette grecque sont ainsi montés jusqu’à 9% avant l’adoption du plan de l’UE et du FMI, qui prêtent à 5%. Il est vrai que les banques européennes attendent un joli retour sur investissement de la crise grecque. 59 milliards d’euros rien que pour les établissements français ! —

(1) Entretien accordé au quotidien régional Rheinische Post, le 4 mai dernier.

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