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18-06-2010
Mots clés
Bois-forêts
Agriculture
Afrique
Interview

Muraille verte du Sahara : « Les barrages de ce type ont toujours échoué »

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Muraille verte du Sahara : « Les barrages de ce type ont toujours échoué »
((Photo : Balù-Flickr))
 
Une ceinture verte de 7 000 kilomètres pour contrer le sable ? C'est le projet porté par le président sénégalais Abdoulaye Wade. Une initiative vouée à l'échec selon Marc Bied-Charreton, président du Comité scientifique français de la désertification.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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La désertification des terres touche 2 milliards de personnes dans le monde selon la FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. Or 37% des terres arides se concentrent en Afrique, et en particulier en Afrique saharienne. Pour lutter contre ce drame économique et alimentaire, onze pays de la région ont officialisé ce jeudi 17 juin à N’Djamena au Tchad la création d’une Agence panafricaine de la Grande muraille verte. L’idée, lancée par le président sénégalais Abdoulaye Wade : une ceinture de végétation de 15 kilomètres de large censée relier Dakar à Djibouti et contenir l’avancée du désert. Réaction de Marc Bied-Charreton, président du Comité scientifique français de la désertification .

Terra eco : Que pensez-vous de ce projet pharaonique ?

Marc Bied-Charreton : « L’idée de créer une muraille contre le désert est totalement incongrue et la grande majorité des scientifiques s’y oppose. En vérité, il est faux de dire que le désert avance et qu’il faut l’arrêter. Ce qui progresse, c’est la dévégétalisation des sols. Il faut donc protéger l’ensemble des sols et non pas construire des barrières de ce type qui sont vouées à l’échec. »

Comment peut-on protéger les sols ?

« La menace est double : les périodes de grandes sécheresses sont conjuguées à de mauvaises pratiques agricoles. La solution est de mettre en place une agriculture durable pour protéger les sols, c’est à dire cesser de laisser les terres à nu pendant six mois de l’année, limiter les labours, mettre en place des rotations de culture, diminuer les recours à l’engrais… Pour les sols qui ont perdu leur fertilité, il faut engager des actions de reboisement. »

Le reboisement, n’est-ce pas l’ambition de la Grande muraille verte ?

« C’est tout à fait différent. D’abord, un projet d’une telle ampleur n’est pour moi pas réalisable. De plus, les grands barrages verts ont toujours échoué. L’Algérie s’y est essayée il y a trente ans et les populations n’ont pas adhéré. Cela ne peut pas fonctionner si l’on fait intervenir les administrations, voire même des militaires pour végétaliser de grands territoires. Au contraire, il est indispensable de faire participer les habitants. »

Que proposez-vous ?

« Je propose de décentraliser la gestion de ce problème. Les États doivent accepter de confier la gestion des terres situées entre les espaces cultivés à des villages ou des groupements de villages. C’est ce qui se passe au Mali, au Niger et au Burkina Faso et cela fonctionne. Il faut organiser des chantiers locaux de reboisement avec les habitants puis leur permettre d’en toucher les bénéfices. C’est la condition pour qu’ils acceptent de protéger du bétail les jeunes pousses, d’assurer l’entretien par la suite, d’empêcher les coupes massives… La clé du problème, c’est la bonne gestion des pépinières. Et cela passe par le soutien des populations. L’administration ne doit assurer que l’aide technique et l’information. Une démarche top-down (du haut vers le bas, ndlr) est vouée à l’échec. »

Cette initiative a pourtant reçu une promesse de subventions de 96 millions d’euros par le Fonds mondial de l’environnement [1]

« Cette Grande muraille est défendue par des gens qui veulent des résultats immédiats. C’est vrai que le reboisement local est long à se concrétiser. Mais il est aussi le plus efficace à long terme. Je suis sûr que les aides européennes et mondiales seront assorties de conditions imposant d’impliquer les populations locales. »

Le discours fleuve et « décousu » du président Wade

« De nombreuses personnes ont été interloquées, étonnées par des propos jugés “incohérents”, “décousus” qu’exprimait le chef de l’État », explique le Quotidien sénégalais qui rapporte in extenso quelques extraits du discours du président Wade « de 42 minutes 50 secondes » sur la Grande muraille verte. Extrait : « Je me dois de vous faire part de mes réflexions et d’un travail que j’ai entrepris, mais qui n’est pas encore terminé. Ça vous permettra de suivre et peut-être si certains d’entre vous ont des idées, de me les faire parvenir. Je prends d’abord la Grande muraille verte avec ses arbres. Je construis une matrice. La matrice a des lignes et des colonnes à un kilomètre de distance et cela nous fait 10 500 euh…, 7 000 multiplié par 15 carrés de 1 kilomètre de côté. Si nous allons au niveau du mètre, cela fait quelque 1 050 000 carrés de un m2. Je prends le plus grand carré et le plus petit carré. Vous pouvez imaginer la sensibilisation de toute l’humanité sur la plantation des arbres en disant que, participer à cette œuvre de sauvetage de l’Afrique d’abord mais de l’humanité, à cause de la séquestration de carbone dont sera capable cette Grande muraille verte de 7 000 kilomètres sur 15 kilomètres  ! C’est une œuvre mondiale. »

[1] Le Fonds pour l’environnement mondial est un fonds additionnel du Programme des Nations unies pour l’environnement chargé d’aider les pays en développement à lutter contre le changement climatique

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12 commentaires
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  • Je m’étonne que ce sujet ne soit pas revenu dans l’actualité. Il est bien évident que la géopolitique du sahel rend sa poursuite vers Djibouti très incertaine.

    Voici un article susceptible de relancer le sujet avec un peu plus d’optimisme :
    (le lien vers l’article complet : http://www.vousnousils.fr/2015/01/2...)

    "Grande Muraille verte au Sahel : « le Sénégal montre l’exemple » 21 janvier 2015

    Le projet de Grande Muraille verte au Sahel progresse pied à pied. Le point avec Gilles Boetsch, anthropobiologiste, directeur de recherche au CNRS et de l’Observatoire Hommes-Milieux international (OHMi) à Téssékéré au Sénégal.

    18.06 à 23h44 - Répondre - Alerter
  • Pessimisme chronique chez certains scientifiques ! certes entre le rêve et la réalité, l’écart sera grand, mais l’idée est généreuse, maintenant, il faut confier les grands projets, aux grands responsables, si cela ressemble à du bricolage, cela finira en peaux de chagrins ! il faut les volontés politiques de chefs d’états, et de gros moyens, ensuite, des volontaires pourront affluer pour aider !!

    1er.06 à 09h42 - Répondre - Alerter
  • Bertrand : Bof

    Si la GMV ne veut pas être réduite à une bande forestière de 7000 km sur 15 de large, il faut qu’elle commence déjà à revoir son site web qui la présente exactement comme celà.
    Le temps nous permettra de juger si l’expérience GMV est meilleure que ses ancêtres.
    Par contre je ne vois comment le film cité peut être donné comme indicateur d’une caution scientifique ... C’est un peu léger comme argumentaire !
    Bon courage à la GMV, elle en aura besoin

    15.09 à 14h47 - Répondre - Alerter
  • Je ne peux pas comprendre qu’un scientifique de tel calibre puisse prétendre que le désert n’avance pas, et que la grande muraille verte est vouée à l’échec. Même s’il peut se dire spécialiste de la désertification, il faudrait que Monsieur le Professeur comprenne qu’il y’a deux phénomènes majeurs dans les pays du Sahel qu’il ne faudrait pas confondre : la désertisation et la désertification. Je suis juste sidéré de lire cet interview. Le projet est énorme certes (et il faudra de très bonnes stratégies pour qu’il puisse aboutir), mais de là à dire que c’est un projet ridicule, suis pas d’accord même si c’est le président des scientifiques français qui le dit. Peut être encore quelqu’un qui pense que les africains sont incapables d’initier des projets pour eux mêmes. Dommage !!!

    25.08 à 19h55 - Répondre - Alerter
  • A la suite du dernier Sommet le 17 juin 2010 à Ndjamena (Tchad) sur la Grande Muraille verte, qui a consacré la mise en place de l’Agence panafricaine chargée de promouvoir la mise en œuvre continentale de cet important programme, Monsieur Marc Bied-Charreton, scientifique français, a accordé une interview à Terraeco.net, relayée par le journal « Le POPulaire », en son édition du 21/06/2010.

    En résumé, M. Le Professeur tente visiblement de tourner en dérision l’effort de peuples africains unis autour de leurs dirigeants pour relever les défis de l’adversité et s’engager dans l’épanouissement individuel et collectif pour un développement durable.

    De la conception de la Grande Muraille verte
    La comparaison est à peine exagérée, mais à chaque fois, il s’agirait de prendre des vessies pour des lanternes. De prime abord, l’expression « Grande Muraille verte » renvoie à une image, certes forte, et voulue comme telle, mais à laquelle bien sûr il ne faut pas s’arrêter. Parlant de la planète Terre et de l’Equateur, ne faut-il pas aller au-delà de la simple ligne, de surcroît imaginaire à équidistance entre les pôles ?

    Pour se donner les moyens de l’attaquer, Monsieur Bied-Charreton réduit la Grande Muraille Verte à son acception la plus élémentaire, simpliste même, à savoir en tout et pour tout, une sorte de ligne Maginot avec des arbres plantés de Dakar à Djibouti sur une longueur de 7000 Km. Le procédé n’est pas élégant, pour ne pas dire « scientifique », parce qu’introduisant un biais dès le départ, sur lequel repose pourtant toute la suite de l’argumentaire.

    Si M. Bied-Charreton se trompe de bonne foi, ne tirant ces conclusions que sur la base d’une connaissance très partielle et parcellaire de cette grande initiative africaine, il sera certainement le premier à corriger, en allant aux bonnes sources, et en revenant vers les promoteurs pour apporter son soutien dans sa sphère de compétences. La présente discussion aura vite été dépassée, d’autant plus que nous sommes d’avis avec M. Bied-Charreton qu’il « faut [...] protéger l’ensemble des sols”.

    S’il s’agit de relents politico-scientifiques, teintés d’un afropessimisme suranné, alors nous progresserons sans vous, Professeur. Souvenez-vous déjà au 16ème siècle, ce qu’était ce grand pays dit hostile et sauvage, devenu aujourd’hui leader incontesté dans la marche de l’histoire ! Des visionnaires y ont cru et convaincu d’autres pour les accompagner. Pour l’Afrique et pour le monde, la Grande Muraille verte est au carrefour des enjeux et défis liés aux changements climatiques, à la désertification et à l’érosion de la biodiversité.

    Au demeurant, dès l’instant qu’on fait sienne la définition que donne la Convention des Nations Unies sur la Désertification, à savoir que celle-ci est « la dégradation des terres dans les zones arides, semi-arides et sub-humides sèches par suite de divers facteurs, parmi lesquels les variations climatiques et les activités humaines », alors on dépasse forcément l’image initiale pour développer et mettre en oeuvre les stratégies appropriées aux différentes problématiques rencontrées. Plusieurs jalons ont été posés, du temps de réflexion et de concertation consacré, pour tirer les leçons, y compris de l’expérience Algérienne (nous y reviendrons), pour se donner les meilleures chances de relever ce grand défi mondial que constituent les changements climatiques.

    Depuis la Conférence en 2003 à Niamey, Niger, des Leaders et Chefs d’Etats membres de la CENSAD, qui créait l’Autorité pour la Mise en Valeur du Sahara, jusqu’au Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement en juin 2010 à Ndjamena au Tchad, pour la signature de la Convention sur l’Agence panafricaine de la Grande Muraille verte, que de jalons importants posés, tant sur le plan politique, que scientifique et technique, pour avancer résolument vers la réalisation de la Grande Muraille verte.

    De la caution scientifique de la Grande Muraille verte

    Le processus de planification de ce programme est des plus cohérents. Elaboré sur la base d’un cadre de cohérence bien établi, en toute connaissance de cause des phénomènes et processus de désertification en Afrique sub –saharienne, ce programme a le mérite d’être pris en charge par des scientifiques et techniciens de métier.

    Quasiment, toutes les rencontres au niveau politique ont été précédées de réunions des experts, et pour couronner le tout, s’est tenu à Dakar en février 2009, le Colloque scientifique international sur le choix des espèces végétales et des systèmes de mise en valeur et de suivi, à l’initiative d’ailleurs du Comité scientifique de la Grande Muraille verte.

    De très grandes sommités, ayant des connaissances et expériences avérées des phénomènes de désertification ont pris part à ces assises, venant de tous les continents, y présentant les résultats de leurs travaux. Les Actes du Colloque sont disponibles, et à eux seuls ils suffisent pour attester de la caution scientifique qui semble être mise en doute par le Professeur Bied-Charreton.

    Deux entités reconnues, à savoir le CNRS / Marseille et l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, comprenant l’opportunité qu’offre la Grande Muraille verte dans une meilleure articulation de la Recherche scientifique locale et le Développement, ont mis en place un Observatoire Homme – Milieu, pour donner des réponses pertinentes à l’évolution écologique, socioéconomique que va entrainer la mise en place de la Grande Muraille verte. Les premiers éléments viennent de faire l’objet d’un excellent film dont l’auteur scientifique est Axel Ducourneau, réalisé par Nicolas Temple, sous les conseils scientifiques de Gilles Boetsch (bras CNRS), Lamine Guèye et Aliou Guissé (bras UCAD). Cette démarche prospective qui découle d’une coopération entre scientifiques africains et français, va visiblement à contre-courant des affirmations du Professeur Bied-Charreton.

    De la stratégie de mise en œuvre

    L’approche est basée sur une stratégie de gestion durable des terres, c’est-à-dire une occupation écologique et durable des espaces agro- sylvo-pastoraux, selon un ensemble de procédés divers et variés : reboisement bien sûr dans les zones dégradées, mais également gestion des parcours, mise en défens, cultures, gestion de plans d’eau y compris les bassins de rétention, parcs animaliers, jachères, systèmes intégrés de gestions des terres dans le but de valoriser les différents espaces.
    C’est exactement le sens de la définition qu’en fournit la FAO, à savoir « l’utilisation des ressources de la terre, incluant les sols, l’eau, les animaux et les végétaux, afin de produire les biens destinés à satisfaire des besoins humains qui varient constamment tout en préservant le potentiel productif de ces ressources et le maintien de leurs fonctions dans l’environnement », ce qui veut dire : i) maintenir la productivité à long terme et les fonctions de l’écosystème (sols, eau, biodiversité) ; ii) accroître la productivité (qualité, quantité et diversité) des biens et services (notamment nourriture saine et sans risque).
    De la place des populations et des communautés locales
    M. Bied-Charreton cite le Mali, le Niger et le Burkina Faso comme des pays à imiter en matière de gestion décentralisée des terres. C’est tant mieux, ils sont tous sur le tracé de la Grande Muraille verte ! Quant au Sénégal, il n’est point besoin de rappeler l’option politique de Décentralisation d’avant l’indépendance, complètement refondée et consolidée aujourd’hui, et appliquée fort opportunément dans le domaine de la gestion des ressources naturelles, y compris le foncier. A ce propos d’ailleurs, toutes les parcelles qui font l’objet d’un reboisement, jardin polyvalent, de réserve communautaire dans le cadre de la Grande Muraille verte, sont identifiées, délimitées et attribuées par les Conseils locaux concernés. Par la suite, les communautés s’organisent en Comités GMV et sont au devant de chacune des étapes du cycle.

    « Le Sénégal a la chance d’avoir déjà les outils de communication et de formation pour réaliser ce travail auprès des communautés et doit être un modèle pour les autres pays concernés par la GMV », voilà la réaction d’un homme de terrain, spécialiste français en Communication pour le Développement.

    Quid de la Ceinture verte de l’Algérie ?

    Grâce à l’évaluation en cours des référentiels techniques et socio-économiques qui ont été déroulés depuis des décennies, des leçons sont tirées, valorisées dans le cadre de la mise en œuvre du programme, à commencer par l’expérience algérienne frontalement attaquée par M. Bied-Charreton.

    Une triple solidarité sous-tend la stratégie (OSS, Note introductive n° 3) :

    i. une solidarité politique pour la mobilisation de ressources
    ii. une solidarité scientifique, en capitalisant les acquis scientifiques et techniques, en mobilisant les institutions de recherche dans des programmes de Recherche – Développement pertinents
    iii. une solidarité opérationnelle par la capitalisation des savoir-faire locaux et nationaux, à travers l’analyse des facteurs de réussite comme d’échec.

    Dans le contexte des années 70, la réalisation d’un barrage vert sur 3 millions d’ha pouvait paraître ambitieuse, expliquant d’ailleurs l’implication des forces armées. Une « incohérence écologique » avait même été relevée du fait des défrichements et de l’option de plantations monospécifiques avec le pin d’Alep. Mais les leçons ont vite fait d’être tirées dès 1980 déjà, avec une accélération sur les bonnes pratiques à partir de 1995 dans le cadre d’un programme de développement agricole rural.

    Les résultats des premières opérations test au Sénégal, s’appuyant sur toutes ces leçons d’expériences, avec des chantiers de reboisement, l’installation de bassins de rétention, le développement des diverses autres activités (réalisation de pare feux, mises en défens, maraichage, jardins polyvalents), marquent une réponse précise et sans équivoque des populations. Ceci constitue le meilleur indicateur sur la pertinence et la viabilité des actions qui sont mises en œuvre dans le cadre de ce programme conçu et conduit par des Africains ; ceci prouve que cette belle ambition de restaurer les écosystèmes dégradés dans les zones sahélo-sahariennes reste un défi non seulement pertinent, mais à la portée de la communauté africaine et internationale.
    Colonel Matar Cissé, Directeur Général Agence nationale de la Grande Muraille verte, Ingénieur des Eaux & Forêts, M. Sc. Gestion de Projet"

    24.07 à 13h38 - Répondre - Alerter
  • Je suis très surpris par les analyses sur la Grande Muraille Verte, surtout venant d’un scientifique comme le Pr Marc Bied-Charreton. En effet, j’ai noté globalement une sous-information quant à l’approche et la stratégie de mise en oeuvre de ce projet majeur. Il est inconcevable, à l’état actuel des réflexions, de vouloir réduire la GMV à la seule action de reboisement. Ce programme est navateur et se veut une approche holistique, systémique du dévelopement. Et les populations sont présentes tout au long du processus : choix des parcelles et des espèces à reboiser, délibération des Conseils Ruraux sur les parcelles, mise en place des comités de gestion agrosylvopastoraux, prise en charge de tous les niveaux de développement, etc...
    Aujourd’hui, dans la zone d’emprise, c’est un autre visage du développement qui est en train d’être découvert. Des activités génératrices de revenus à court terme comme le maraîchage sont en vitesse de croisière. Des scientifiques accompagnent le processus ; comme exemple l’Observatoire Homme Milieu (OHM) de l’Université Cheikh Anta Diop et d’autres formes d’appuis.
    La communuaté dans sa globalité y croit, et les résultats sont en train de voir le jour.

    Sakhoudia THIAM Ingénieur des Eaux et Forêts, Environnementaliste

    19.07 à 17h57 - Répondre - Alerter
  • Des élans anonymes de partout, tels quels…
    D’un journaliste de la Deutche Welle Bonn Allemagne
    Bonjours messieurs ! Je suis journaliste á la voix d’Allemagne.pourriez vous me trouver un interlocuteur pour une emission sur la grande muraille verte ?Merci !
    D’un citoyen du Togo, convaincu par un ami français
    Cher Monsieur,

    Toutes mes félicitations pour le projet ’’Grande Muraille Verte’’. Ce sont des amis Français de l’ASODEVH qui m’ont fait découvrir le projet.
    Je suis Togolais, en service au Ministère de l’Environnement et des Resources Forestières (Direction des Eaux et Forêts). Mon objectif est de prendre activement part aux travaux. Savoir que des soldats Français prennent part à la mise en place de cette Muraille et que nous tout à côté sommes absents, c’est comme une lacheté.
    Merci de me donner les directives me permettant de participer.
    ASFODEVH : Association pour la Formation et le Développement Humain

    D’une citoyenne environnementaliste de Belgique
    Hi,

    I have discovered this project in an article on a european newspaper.
    I am also an environmentalist and I would like to see what means exist for participating into this great project.

    Regards,

    D’un Ecologiste de l’Australie
    Dear Sirs,

    I am a restoration ecologist based in Australia and I found the plan to create a 15km wide belt across Africa a truly inspirational idea !! I read in the recent BBC article about your project that the intention is to plant trees. from my own experience in revegetation I have found that tree planting can often be labour intensive and expensive to undertake, have you considered Direct Seeding of tree seeds as another method of establishing trees quickly ? I have worked with Australian Acacia species and this method is ideally suited to those species and other species that are generally easy to grow from seed.

    Feel free to contact me for specific information on Direct Seeding, I’m quite willing to share my experiences with you and point you in the right direction for documents and other information.

    Kind regards

    D’une citoyenne du monde
    Monsieur,
    Je viens de prendre connaissance du magnifique projet de la Grande Muraille Verte. Je trouve ce projet extraordinaire à plus d’un titre, c’est pourquoi, si cela est possible, j’aimerais m’engager à vos côtés.
    Et pour commencer, je trouve dommage que l’on ne puisse faire de dons sur le site : "Offrez un arbre à l’Afrique", une façon pour Monsieur tout le monde de mettre sa pierre à la construction d’un nouveau monde.

    Espérant que ma contribution vous interessera, veuillez accepter toute ma considération pour votre engagement

    D’un Journaliste français de ZeGreenWeb.com
    Bonjour,

    Mon nom est Gwendal PERRIN et je travaille en tant que journaliste pour le webzine français ZeGreenWeb.com, spécialisé dans les thématiques liées au développement durable.
    J’aurais aimé obtenir de votre part une photo d’assez bonne qualité représentant le tracé de la GMV établie lors du sommet d’hier, et ce avec votre autorisation.
    N’hésitez pas à me contacter pour plus d’information.

    Très cordialement,

    D’un journaliste de Radio Vatican
    Bonjour,

    Je suis journaliste à Radio Vatican, et j’aurais aimé interviewer un spécialiste du projet de la Grande Muraille Verte dans la journée.
    Pouvez-vous me donner quelques contacts francophones qui pourraient être disponibles pour une interview aujourd’hui ?

    En vous remerciant,
    Cordialement,

    D’une spécialiste Marketing en Australie
    Bonjour a vous,

    J’espere que vous vous souvenez de moi. Je vous ai contacte en decembre dernier au sujet de la Grande Muraille Verte. De nombreuses personnes seraient partantes pour soutenir ce projet. J’ai d’ailleurs potentiellement des locaux a Dakar.
    Mais avant d’aller plus loin et de travailler plus sur un business plan, j’ai besoin de savoir ou en est la creation de l’agence panafricaine.
    En effet, apparemment,c’est elle seule si elle etait cree qui pourrait decider d’assigner de maniere officielle, une mission PR communication/ marketing a une agence exterieure.
    Pourriez-vous m’informer a ce sujet ? Enfin, j’ai besoin d’informations complementaires, notamment concernant le cout de cette muraille verte. En en parlant avec des contacts dans des grandes societes de grande consommation, mes contacts semblent interesses mais veulent savoir ou l’argent ira.
    Ma question est donc la suivante :

    - avez vous quelque part une liste des differents projets sur le parcours de la Muraille Verte avec les couts associes ?
    Merci d’avance

    D’un spécialiste français de Communication pour le Développement
    Le Sénégal a la chance d’avoir déjà les outils de communication et de formation pour réaliser ce travail auprès des communautés et doit être un modèle pour les autres pays concernés par la GMV . ( Manuel de foresterie rural à l’usages des agents de développement, dossiers techniques, livrets, fiches techniques..)
    D’ores et déjà avec les communautés et dans les média nous devons parler de l’enrichissement des espaces par des semis directs et de la protection de la régénération naturelle par les éleveurs et les agriculteurs. Nous devons proposer aux yeux du monde une autre image de la GMV qui n’est pas seulement des reboisements. Mais un ensemble de gestes simples en faveur de l’arbre et de l’environnement.
    La réussite de ce grand chantier et la pérennisation de la GMV est surtout une affaire de compréhension et responsabilisation des populations de la zone du tracé de la GMV et de l’ensemble des habitants du sahel.

    Nous devons tout faire afin que les détracteurs ou les septiques nous rejoignent sur ce magnifique chantier qui fera date dans l’histoire de l’Afrique.

    Meilleures salutations _ »
    Avec tout ceci, on ne peut s’empêcher de dire : « les chiens aboient… la caravane passe ».

    5.07 à 15h02 - Répondre - Alerter
  • A la suite du dernier Sommet le 17 juin 2010 à Ndjamena (Tchad) sur la Grande Muraille verte, qui a consacré la mise en place de l’Agence panafricaine chargée de promouvoir la mise en œuvre continentale de cet important programme, Monsieur Marc Bied-Charreton, scientifique français, a accordé une interview à Terraeco.net, relayée par le journal « Le POPulaire », en son édition du 21/06/2010.

    En résumé, M. Le Professeur tente visiblement de tourner en dérision l’effort de peuples africains unis autour de leurs dirigeants pour relever les défis de l’adversité et s’engager dans l’épanouissement individuel et collectif pour un développement durable.

    De la conception de la Grande Muraille verte
    La comparaison est à peine exagérée, mais à chaque fois, il s’agirait de prendre des vessies pour des lanternes. De prime abord, l’expression « Grande Muraille verte » renvoie à une image, certes forte, et voulue comme telle, mais à laquelle bien sûr il ne faut pas s’arrêter. Parlant de la planète Terre et de l’Equateur, ne faut-il pas aller au-delà de la simple ligne, de surcroît imaginaire à équidistance entre les pôles ?

    Pour se donner les moyens de l’attaquer, Monsieur Bied-Charreton réduit la Grande Muraille Verte à son acception la plus élémentaire, simpliste même, à savoir en tout et pour tout, une sorte de ligne Maginot avec des arbres plantés de Dakar à Djibouti sur une longueur de 7000 Km. Le procédé n’est pas élégant, pour ne pas dire « scientifique », parce qu’introduisant un biais dès le départ, sur lequel repose pourtant toute la suite de l’argumentaire.

    Si M. Bied-Charreton se trompe de bonne foi, ne tirant ces conclusions que sur la base d’une connaissance très partielle et parcellaire de cette grande initiative africaine, il sera certainement le premier à corriger, en allant aux bonnes sources, et en revenant vers les promoteurs pour apporter son soutien dans sa sphère de compétences. La présente discussion aura vite été dépassée, d’autant plus que nous sommes d’avis avec M. Bied-Charreton qu’il « faut [...] protéger l’ensemble des sols”.

    S’il s’agit de relents politico-scientifiques, teintés d’un afropessimisme suranné, alors nous progresserons sans vous, Professeur. Souvenez-vous déjà au 16ème siècle, ce qu’était ce grand pays dit hostile et sauvage, devenu aujourd’hui leader incontesté dans la marche de l’histoire ! Des visionnaires y ont cru et convaincu d’autres pour les accompagner. Pour l’Afrique et pour le monde, la Grande Muraille verte est au carrefour des enjeux et défis liés aux changements climatiques, à la désertification et à l’érosion de la biodiversité.

    Au demeurant, dès l’instant qu’on fait sienne la définition que donne la Convention des Nations Unies sur la Désertification, à savoir que celle-ci est « la dégradation des terres dans les zones arides, semi-arides et sub-humides sèches par suite de divers facteurs, parmi lesquels les variations climatiques et les activités humaines », alors on dépasse forcément l’image initiale pour développer et mettre en oeuvre les stratégies appropriées aux différentes problématiques rencontrées. Plusieurs jalons ont été posés, du temps de réflexion et de concertation consacré, pour tirer les leçons, y compris de l’expérience Algérienne (nous y reviendrons), pour se donner les meilleures chances de relever ce grand défi mondial que constituent les changements climatiques.

    Depuis la Conférence en 2003 à Niamey, Niger, des Leaders et Chefs d’Etats membres de la CENSAD, qui créait l’Autorité pour la Mise en Valeur du Sahara, jusqu’au Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement en juin 2010 à Ndjamena au Tchad, pour la signature de la Convention sur l’Agence panafricaine de la Grande Muraille verte, que de jalons importants posés, tant sur le plan politique, que scientifique et technique, pour avancer résolument vers la réalisation de la Grande Muraille verte.

    De la caution scientifique de la Grande Muraille verte
    Le processus de planification de ce programme est des plus cohérents. Elaboré sur la base d’un cadre de cohérence bien établi, en toute connaissance de cause des phénomènes et processus de désertification en Afrique sub –saharienne, ce programme a le mérite d’être pris en charge par des scientifiques et techniciens de métier.

    Quasiment, toutes les rencontres au niveau politique ont été précédées de réunions des experts, et pour couronner le tout, s’est tenu à Dakar en février 2009, le Colloque scientifique international sur le choix des espèces végétales et des systèmes de mise en valeur et de suivi, à l’initiative d’ailleurs du Comité scientifique de la Grande Muraille verte.

    De très grandes sommités, ayant des connaissances et expériences avérées des phénomènes de désertification ont pris part à ces assises, venant de tous les continents, y présentant les résultats de leurs travaux. Les Actes du Colloque sont disponibles, et à eux seuls ils suffisent pour attester de la caution scientifique qui semble être mise en doute par le Professeur Bied-Charreton.

    Deux entités reconnues, à savoir le CNRS / Marseille et l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, comprenant l’opportunité qu’offre la Grande Muraille verte dans une meilleure articulation de la Recherche scientifique locale et le Développement, ont mis en place un Observatoire Homme – Milieu, pour donner des réponses pertinentes à l’évolution écologique, socioéconomique que va entrainer la mise en place de la Grande Muraille verte. Les premiers éléments viennent de faire l’objet d’un excellent film dont l’auteur scientifique est Axel Ducourneau, réalisé par Nicolas Temple, sous les conseils scientifiques de Gilles Boetsch (bras CNRS), Lamine Guèye et Aliou Guissé (bras UCAD). Cette démarche prospective qui découle d’une coopération entre scientifiques africains et français, va visiblement à contre-courant des affirmations du Professeur Bied-Charreton.

    De la stratégie de mise en œuvre

    L’approche est basée sur une stratégie de gestion durable des terres, c’est-à-dire une occupation écologique et durable des espaces agro- sylvo-pastoraux, selon un ensemble de procédés divers et variés : reboisement bien sûr dans les zones dégradées, mais également gestion des parcours, mise en défens, cultures, gestion de plans d’eau y compris les bassins de rétention, parcs animaliers, jachères, systèmes intégrés de gestions des terres dans le but de valoriser les différents espaces.
    C’est exactement le sens de la définition qu’en fournit la FAO, à savoir « l’utilisation des ressources de la terre, incluant les sols, l’eau, les animaux et les végétaux, afin de produire les biens destinés à satisfaire des besoins humains qui varient constamment tout en préservant le potentiel productif de ces ressources et le maintien de leurs fonctions dans l’environnement », ce qui veut dire : i) maintenir la productivité à long terme et les fonctions de l’écosystème (sols, eau, biodiversité) ; ii) accroître la productivité (qualité, quantité et diversité) des biens et services (notamment nourriture saine et sans risque).
    De la place des populations et des communautés locales
    M. Bied-Charreton cite le Mali, le Niger et le Burkina Faso comme des pays à imiter en matière de gestion décentralisée des terres. C’est tant mieux, ils sont tous sur le tracé de la Grande Muraille verte ! Quant au Sénégal, il n’est point besoin de rappeler l’option politique de Décentralisation d’avant l’indépendance, complètement refondée et consolidée aujourd’hui, et appliquée fort opportunément dans le domaine de la gestion des ressources naturelles, y compris le foncier. A ce propos d’ailleurs, toutes les parcelles qui font l’objet d’un reboisement, jardin polyvalent, de réserve communautaire dans le cadre de la Grande Muraille verte, sont identifiées, délimitées et attribuées par les Conseils locaux concernés. Par la suite, les communautés s’organisent en Comités GMV et sont au devant de chacune des étapes du cycle.

    « Le Sénégal a la chance d’avoir déjà les outils de communication et de formation pour réaliser ce travail auprès des communautés et doit être un modèle pour les autres pays concernés par la GMV », voilà la réaction d’un homme de terrain, spécialiste français en Communication pour le Développement.

    Quid de la Ceinture verte de l’Algérie ?
    Grâce à l’évaluation en cours des référentiels techniques et socio-économiques qui ont été déroulés depuis des décennies, des leçons sont tirées, valorisées dans le cadre de la mise en œuvre du programme, à commencer par l’expérience algérienne frontalement attaquée par M. Bied-Charreton.

    Une triple solidarité sous-tend la stratégie (OSS, Note introductive n° 3) :

    i. une solidarité politique pour la mobilisation de ressources
    ii. une solidarité scientifique, en capitalisant les acquis scientifiques et techniques, en mobilisant les institutions de recherche dans des programmes de Recherche – Développement pertinents
    iii. une solidarité opérationnelle par la capitalisation des savoir-faire locaux et nationaux, à travers l’analyse des facteurs de réussite comme d’échec.

    Dans le contexte des années 70, la réalisation d’un barrage vert sur 3 millions d’ha pouvait paraître ambitieuse, expliquant d’ailleurs l’implication des forces armées. Une « incohérence écologique » avait même été relevée du fait des défrichements et de l’option de plantations monospécifiques avec le pin d’Alep. Mais les leçons ont vite fait d’être tirées dès 1980 déjà, avec une accélération sur les bonnes pratiques à partir de 1995 dans le cadre d’un programme de développement agricole rural.

    Les résultats des premières opérations test au Sénégal, s’appuyant sur toutes ces leçons d’expériences, avec des chantiers de reboisement, l’installation de bassins de rétention, le développement des diverses autres activités (réalisation de pare feux, mises en défens, maraichage, jardins polyvalents), marquent une réponse précise et sans équivoque des populations. Ceci constitue le meilleur indicateur sur la pertinence et la viabilité des actions qui sont mises en œuvre dans le cadre de ce programme conçu et conduit par des Africains ; ceci prouve que cette belle ambition de restaurer les écosystèmes dégradés dans les zones sahélo-sahariennes reste un défi non seulement pertinent, mais à la portée de la communauté africaine et internationale.

    Colonel Matar Cissé, Directeur Général Agence nationale de la Grande Muraille verte Sénégal, Ingénieur des Eaux & Forêts, M. Sc. Gestion de Projet

    5.07 à 14h35 - Répondre - Alerter
  • La Grande Muraille Verte : Réponse au Pr Marc Bied-Charreton
    Désert et désertification : le processus
    La communauté scientifique s’accorde pour considérer comme désertique une zone caractérisée par la stérilité des sols et la faiblesse des précipitations. Deux facteurs essentiels sont à la base de l’érosion des sols : la thermoclastie et l’érosion éolienne.
    L’érosion par thermoclastie résulte des effets de variations de température journalière qui provoque la fissure et l’éclatement des parois rocheuses. Elle est d’autant efficace que la roche est fragile et que l’amplitude thermique importante. Quant à l’érosion éolienne, elle résulte d’un effet physique du vent sur la roche. Son effet est favorisé par l’absence d’obstacles physiques. Le processus est d’autant plus spectaculaire que le vent est puissant, régulier et chargé de poussières (effet abrasif sur la roche).
    Le vent fait ainsi avancer des dunes qui forent de vastes ensembles connus sont le nom de ‘‘regs’’. Les populations de Podor et Matam connaissent bien le phénomène.
    Ces précisions faites, l’évolution constatée des isohyètes et des conditions pédologiques amène au constat d’une avancée du front désertique saharien dans la zone sahélienne. Cette évolution est essentiellement la résultante de l’érosion éolienne qui emporte la couche arable du sol, contribuant ainsi à la stérilisation des terres.
    Sous ce rapport, l’avis du Pr Marc Bied-Charreton remettant en cause l’avancée du désert paraît très surprenant, s’il ne découle pas d’une volonté manifeste de nuisance. Au demeurant opposer la ‘‘dévégétalisation’’ à la ‘‘désertification’’ relève d’une contorsion sémantique au regard de la réalité tangible que nous connaissons bien dans le Sahel.
    Problématique de la Grande Muraille verte
    La GRANDE MURAILLE VERTE (GMV) découle d’un paradigme dialectique mettant en synergie des actions d’atténuation des effets de la désertification, avec celles de mise en valeur des potentialités : autrement dit, transformer la contrainte que constitue le désert, en une opportunité historique pour l’Afrique.
    Son objectif principal est de développer une approche synergique pour la mise en œuvre d’activités pour combattre la désertification et valoriser les ressources naturelles des zones sahélo-sahariennes, dans un cadre sous-régional de la lutte contre la pauvreté, aux frontières du Sahara.
    Les opérations de terrain porteront, en priorité, sur le reboisement et la défense et la conservation des sols. Elles seront menées selon une approche sectorielle (plantations pures) ou intégrée (agroforesterie, mise en défens), avec une attention particulière aux autres secteurs, tels que celui de l’eau (bassins de rétention, puits), le développement pastoral, l’agriculture durable et l’énergie renouvelable, pour assurer un développement intégré et durable.
    Sa mise en œuvre permettra ainsi de restituer au sol ses aptitudes productives pour la réinstallation des activités économiques (agriculture, élevage, game-ranching, etc.) et ainsi assurer les conditions de recolonisation de ces espaces qui avaient été abandonnées par les populations face à l’hostilité du milieu.
    Les barrières de ce type sont vouées à l’échec
    Contre exemple est la barrière de filaos qui protège les cuvettes maraichères de Dakar à Saint Louis. Au départ du projet, bien des esprits sceptiques avaient prédit son échec en raison de l’adversité des conditions de sols et de vent. Sols dunaires mouvants avec des vents forts de direction différente. Les forestiers ont su mettre en œuvre des techniques de reboisement qui ont permis de vaincre l’adversité naturelle pour installer la bande de filaos et ainsi protéger les milliers d’hectares au profit du maraichage.
    Au demeurant, et contrairement aux affirmations du Pr Bied-Charreton, l’essentiel des activités de reboisement ont été assurées par l’administration forestière depuis les années 70 jusqu’aux années 90, c’est seulement dans la dernière phase de réalisation des activités que la problématique de l’implication des populations locales a été prise en charge.
    Implication des populations locales
    La question de l’implication des populations locales est au cœur du dispositif de mise en œuvre de la GMV. Cette modalité de mise en œuvre des actions de reboisement introduite dans les années 80 répond à une exigence citoyenne devenue incontournable.
    Dans le cas de la GMV, la notion de populations bénéficiaires ne peut pas évidemment être réduite au seul niveau des populations riveraines des plantations, au regard des impacts attendus. Ce sont donc tous les jeunes africains et la jeunesse du monde entier qui est attendue pour participer à l’implantation de la Grande Muraille Verte.
    Plus de 300 jeunes provenant de 12 nationalités à travers le monde ont spontanément répondu à l’appel de la GMV l’année dernière, ce qui traduit une bonne compréhension du message du Président Wade par cette jeunesse et son adhésion totale au projet.
    De même en tant que composante essentielle de la nation, l’implication des armées est attendue pour assurer un bon encadrement et la logistique pour ce type d’activités. Critiquer la participation de l’armée aux activités de reboisement est une vision très réductrice de la fonction des armées dans les nations en développement.
    Au demeurant, l’évaluation sans complaisance des activités de reboisement menée de manière participative tempérerait l’ardeur du Pr Bied-Charreton. En effet, les dizaines de milliards engloutis dans les activités de reboisement ces vingt dernières années devraient logiquement se traduire par un Sahel vert du nord au Sud, à l’évidence il n’en est rien. A contrario, les résultats les plus significatifs obtenus en matière de reboisement sont le fait des reboisements en régie, notamment pour la plantation des forêts de Teck et de Gmelina en Casamance et pour les bandes de filaos le long des Niayes.
    En la manière, il n’existe pas de panacée, il faut simplement adapter les modalités de mise en œuvre du projet aux conditions de succès optimales.
    Participation de la communauté scientifique internationale
    Le Pr Bied-Charreton affirme de manière assez péremptoire ‘‘que la grande majorité de la communauté scientifique s’oppose au projet’’ ; il ignore certainement que des professeurs d’université émérites, des chercheurs provenant de tous les continents (Australie, canada, Afrique) se sont spontanément proposés (sur simple appel par Internet) pour apporter leur contribution scientifique au projet lors d’un colloque qui s’est déroulé à Dakar l’année dernière pour définir les modalités de mise en œuvre du projet et du choix des espèces plus adaptées aux conditions désertiques de la GMV. Au demeurant, Ces scientifiques émérites ont payé eux-mêmes leurs frais de voyage au Sénégal parce que convaincus de la valeur scientifique et technique du projet et de son impact pour l’Afrique et pour l’humanité.
    Il est également à souligner, aux côtés du Secrétariat exécutif chargé de conduire les activités de l’Agence continentale de la GMV, l’existence d’un Comité scientifique et technique constitué de scientifiques de renom provenant des Universités et des Centres de recherche africains, pour encadrer la mise en œuvre du projet. Ce Comité scientifique et technique donnera son avis sur tous les aspects concernant l’identification et la planification des activités pertinentes dans l’exécution du projet.
    Le Secrétariat exécutif est dirigé par le Pr Abdoulaye Dia de l’Université de Dakar qui depuis plusieurs années, s’est investi corps et âme pour donner vie au projet de la GMV. Au passage, nous le félicitons chaleureusement pour le choix unanime porté par les 11 chefs d’Etat sur sa personne pour diriger le Secrétariat.
    Peut-être que le Pr Bied-Charreton prend pour quantité négligeable les scientifiques africains pour se hasarder à une telle affirmation.
    Effets et impacts attendus socio-économiques et environnementaux
    La mise en place de la Grande Muraille Verte dans les terres arides et marginales, de part l’amorce d’un développement intégré de ces zones, aura des effets positifs et des impacts majeurs à plusieurs échelles :
    Pour l’humanité toute entière : à côté de la forêt amazonienne et du Bassin du Congo, la GMV (105.000 km²), constituera un des plus grands puits carbone de la planète, au profit de la lutte contre l’effet de serre. De ce point de vue, la GMV, illustre une coopération régionale qui a abouti à une réponse proprement africaine au défi mondial du changement climatique.
    Pour les Etats concernés : la GMV constitue une opportunité historique pour les Etats concernés, en faveur la restauration et la conservation de leurs écosystèmes, dans un contexte bien compris de lutte contre la pauvreté. Elle permettra en effet :
     la restauration du milieu naturel et l’amélioration de la biodiversité végétale et animale, impliquant de meilleures conditions écologiques et agro-écologiques (atténuation de l’érosion des sols, plus grande disponibilité de produits forestiers ligneux et non ligneux, approvisionnement en énergie domestique) ;
     le développement de l’agriculture et de l’élevage qui offriront davantage de produits agricoles aux populations, et permettront de résorber le chômage des jeunes et de lutter efficacement contre l’exode rural et l’émigration ;
     la disponibilité de l’eau, de l’énergie (solaire) et des infrastructures sociales de base permettant une recolonisation des terres.
    Pour les communautés locales : une opportunité pour booster le développement de leur localité, grâce à la réduction du chômage l’augmentation de la productivité agricole et les possibilités d’initiatives privées telles que le Game-ranching et l’écotourisme.
    Dr. Cheikh Dieng
    PhD Foresterie et Environnement
    Présidence de la République du Sénégal
    Conseiller Technique Environnement

    22.06 à 20h11 - Répondre - Alerter
  • Il est possible de lutter contre l’avancée des déserts .

    Il faut déjà savoir pourquoi ils avancent et arrêter la part humaine de cette avancée.

    Soit on fait remonter les nappes phréatiques jusqu’à ce que le soleil fasse pousser de la verdure, soit on jette le sable à la mer où on le vend aux hollandais.....

    Mais il existe une autre alternative qui consiste à voir le problème à l’échelle de la planète.

    Toute la surface des continents n’est pas désertique froide ou chaude et certaines parties des continents ont des excédents d’eau qui sont renvoyés à la mer alors qu’il suffirait de les répartir en suivant les courbes de niveau vers les zones sèches adjacentes de façon à remonter les niveaux des nappes et de modifier la répartition des échanges hydriques sol/air dans le sens de refermer les déserts.

    Ceci peut paraitre utopique ou farfelu aujourd’hui compte tenu des conflits politico-économiques à travers la planète mais ce concept est forcement appelé à se développer et faire tache d’huile dans les siècles à venir quand ont aura enfin compris comment fonctionne les cycles de l’eau souterrain , atmosphèrique et l’écoulement variable des cours d’eau .

    21.06 à 15h25 - Répondre - Alerter
  • bon article face a discours d un démagogue florentin sénile. j ai eu l occasion d approcher ce genre de projet en Haïti, et la cle est la participation de la population a la réflexion et a la mise en œuvre, la création de projets permettant a ces populations d en vivre. sinon ventre creux n a pas d oreilles.
    non aux oukazes pharaoniques

    19.06 à 00h38 - Répondre - Alerter
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