En France, un compteur électrique, c’est planqué dans un placard inaccessible et relevé seulement deux fois par an. Pas étonnant qu’on se retrouve démuni pour réduire notre consommation. « Aujourd’hui, c’est un peu « Surprise, sur prise ». On consomme et on voit après », résume Julien Violain, responsable marketing de Watt Eco, qui commercialise le BaroWatt. Avec son look de station météo, ce petit boîtier à poser dans le salon ou la cuisine vous informe sur votre consommation instantanée, son coût, son évolution… Une solution parmi d’autres pour décrypter ce qui plombe notre facture et notre empreinte carbone.
Le géant Google, lui, a lancé en novembre dernier le PowerMeter, un outil grâce auquel vous pouvez suivre votre budget, comparer votre score avec celui de votre communauté virtuelle ou traquer vos appareils « toujours branchés » depuis votre ordinateur. La firme américaine cite l’exemple d’un restaurant australien ayant découvert qu’il pouvait économiser 3 600 dollars (2 900 euros) par an en éteignant sa machine à café la nuit. Où est-ce qu’on signe ? Impossible à moins d’être client des quelques fournisseurs américains et européens qui équipent leurs abonnés de compteurs intelligents et qui l’ont déjà intégré à leur offre. Ou d’acheter un boîtier compatible, comme prochainement le BaroWatt.
De leur côté, les fournisseurs français tentent de compenser le retard à l’allumage de la vague des smart meters (les compteurs intelligents), avec des solutions souvent payantes comme la Dolce Vita Zen Box de GDF. Avec elle, vous pouvez recevoir des alertes en cas de dépassement d’un budget mensuel ou estimer l’influence de la température sur votre facture. Entre autres applications. Poweo avait lancé le mouvement en 2007 et Direct Energie prévoit de lancer la sienne en 2011.
« Comme dans un magasin sans aucune étiquette »
Réels outils ou gadgets ? Selon les études compilées par Sarah Darby, de l’Environmental Change Institute d’Oxford, ils permettent des baisses de consommation de 5% à 15%. La raison est simple : comme l’expliquent les chercheurs américains Willet Kempton et Linda Layne, « imaginez que vous faites vos courses dans un magasin sans aucune étiquette de prix et qui vous facture via un relevé mensuel. Comment voulez-vous faire des économies avec un tel système ? ». Nicolas Milko, pédégé du fournisseur d’électricité alternatif Planète Oui confirme : « Ce n’est pas du tout sexy de ne constater les effets de vos actions que six mois plus tard. On nous dit d’acheter des lampes basse consommation, mais nos clients veulent savoir combien ils gagnent sur la facture ».
Pourquoi, après tout, ne pas se contenter d’isoler sa maison et d’acheter une machine à laver plus performante ? « On sait très bien que les améliorations techniques et physiques dans l’habitat ne sont pas suffisantes pour garantir une consommation énergétique réduite. Dans deux maisons identiques (…), celle-ci peut varier du simple au double suivant le comportement de ses occupants », rappelle Sarah Darby.
La mensualisation des factures peut faire fondre de 10% la consommation
En attendant l’arrivée des compteurs intelligents, Planète Oui a choisi une autre voie : en déclarant leur consommation tous les mois, ses clients sont récompensés par un rabais de 10% sur l’abonnement. Idem pour EDF avec son Suivi Conso, qui fournit des analyses mensuelles et annuelles. Une approche « low tech » qui n’est pas à négliger pour Sarah Darby : « les informations en temps réel peuvent être extrêmement précieuses, surtout pour des économies liées à des changements de comportement dans des usages autres que le chauffage. Mais sur le long terme et à plus grande échelle, des factures informatives et des bilans annuels énergétiques peuvent encourager des investissements et influencer les habitudes ». Une simple mensualisation des douloureuses peut ainsi faire fondre de 10% la consommation.
A opposé du spectre technologique, Watt Eco a développé un logiciel qui sépare les données des compteurs intelligents grâce à la signature électrique des appareils. « EnPowerMe vous permet d’analyser votre courbe de consommation, en vous disant : cela est dû à la climatisation, au frigo, au ballon d’eau chaude ou sur trois heures, votre machine à laver a consommé tant de watts », explique le responsable marketing Julien Violain. Une perspective « très intéressante » pour Nicolas Milko, qui met cependant en garde : « Il faut faire attention à la fracture numérique. La maîtrise de l’énergie ne doit pas devenir un système élitiste accessible uniquement à ceux qui ont une application sur leur iPhone. Nous devons accompagner les utilisateurs ».
Retrouvez le deuxième épisode de cette série sur l’électricité ici
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