publicité
haut
Accueil du site > Actu > L’économie expliquée à mon père > Votre avenir sur www.louer.com
Article Abonné
30-04-2008

Votre avenir sur www.louer.com

Taille texte
{#TITRE,#URL_ARTICLE,#INTRODUCTION}
 
De plus en plus d’entreprises choisissent, non pas de vendre des biens, mais de les louer. On appelle cela l’« économie de la fonctionnalité ». Une nouvelle épatante pour la planète ?
SUR LE MÊME SUJET

Aïe ! La photocopieuse du troisième étage est encore en panne. L’homo bureauticus commence à y être habitué : il attrape son téléphone et compose le numéro de la hotline de Xerox. Promis, promis, un technicien va passer dans la journée pour remettre la bête sur pied. Mine de rien, c’est une petite révolution qui se joue là. Il y a quinze ans, l’activité de Xerox consistait surtout à vendre des photocopieurs. Aujourd’hui, il les loue et en assure la maintenance. Cette révolution a un nom – pas follement glamour : économie de la fonctionnalité. C’est-à-dire ? « Ce n’est plus un bien que l’on vend, mais sa fonction », explique Dominique Bourg, philosophe et directeur de l’Institut des politiques territoriales et de l’environnement humain. Finalement, Xerox reste propriétaire de son photocopieur, mais il met son usage en leasing, en échange de mensualités.

Entre Velib’ et imprimante

Economiquement, c’est une bonne affaire pour le géant de la photocopie. « A l’origine, ce système a été pensé pour faire des économies et donc, offrir des tarifs concurrentiels. Il nous permet en outre de fidéliser notre clientèle », reconnaît Christian Bourgeais, responsable qualité des services et environnement de Xerox. Plus facile, en effet, de rester dans le giron d’une société quand celle-ci vous suit depuis longtemps. Mieux encore : ces dernières années, le recyclage et la réutilisation des composants ont fait réaliser à Xerox plus de 2 milliards de dollars (1,3 milliard d’euros) d’économie de matières premières. Pas mal pour une entreprise qui en pèse 16.

Selon son inventeur, le Suisse Walter Stahel, l’économie de la fonctionnalité a pour objectif de « créer une valeur d’usage la plus élevée possible, pendant le plus longtemps possible en consommant le moins de ressources possible ». Autant dire un rêve écolo ! L’exemple de Xerox est frappant : rien qu’en France l’an dernier, sur 3 millions de kilos de machines collectés, seuls 18 % ont été envoyés à la décharge ou incinérés. Le reste a été réutilisé ou recyclé. Et dans son rapport annuel 2007, l’entreprise se vante d’avoir récupéré dans le monde plus de 900 000 tonnes de matériel usagé pour en fabriquer du neuf. Ce qui a permis d’épargner plus de 50 000 tonnes de déchets électroniques.

700 réparateurs de pneus

Aujourd’hui, des dizaines de grosses sociétés – dans la chimie (Dow Chemicals), l’énergie (Eastern Energy), l’auto (Mobility) ou le médical (Philips) – se sont converties à la fonctionnalité. « Le Velib’ à Paris, c’est aussi de la fonctionnalité ! », rappelle Dominique Bourg. Parmi les pionniers, on trouve Michelin, qui gère le parc pneumatique de quelques grosses flottes de poids lourds (270 000 véhicules dans le monde). Au total, 700 personnes entretiennent les pneus et les remplacent si besoin. Cercle vertueux, là encore : quand un vendeur classique a tout intérêt à balancer le vieux pneu pour en faire racheter un neuf, le loueur Michelin gagne à les réparer pour les redonner au client. Un pneu rechapé et recreusé plusieurs fois augmente ainsi de deux fois et demie sa durée de vie – presque sans utilisation de matière première supplémentaire. Des économies pour Michelin, mais aussi pour le transporteur, la note de recreusage/rechapage étant bien moins salée que celle du remplacement.

Kiloutou à la mode soviétique

La mouche fonctionnalité va-t-elle continuer à piquer l’économie ? Inéluctablement, selon Dominique Bourg : « Le XXe siècle a connu deux mouvements  : la baisse du coût des matières premières et la hausse des salaires. Le XXIe amorce le mouvement exactement inverse. C’est l’explosion du coût des biens dans un contexte de stagnation salariale. » Donc, le recyclage et la location seront bientôt indispensables à ceux qui voudront continuer de consommer malgré la flambée des prix. CQFD ! Mais le modèle est encore fragile sur le plan économique. Imaginons que les cyclistes parisiens maltraitent les Velib’ précisément parce que ce n’est pas leur vélo : l’entreprise qui les loue serait vite acculée à la ruine. « Il faut prendre garde de ne pas tomber dans le panneau de la fonctionnalité, avertit Fabrice Flipo, maître de conférence en philosophie à l’Institut national des télécommunications d’Evry. Elle peut avoir quelques résultats positifs, mais ils sont marginaux. Et ceux-ci ne s’appliquent pas à tous les domaines de l’économie » (entretien cidessous). En effet, bien que récente, la fonctionnalité connaît déjà quelques flops.

Plus profondément, dans notre société de consommation, acheter n’est pas seulement posséder. C’est aussi s’offrir une identité sociale et culturelle. C’est mon bien à moi, qui n’appartient à personne d’autre… A quoi ressemblerait un monde transformé en Kiloutou géant ? « Si nous ne faisons rien pour l’anticiper, probablement à l’Union soviétique en 1950 ! », reconnaît Dominique Bourg, qui craint tout de même une uniformisation des modes de distribution. Gare, donc, à ne pas faire rimer location et frustration. —

A LIRE SUR LE MEME THEME :

- "Ce n’est pas une solution miracle !"
Faites réagir vos proches, diffusez l'info !
Vous aimez Terra eco ? Abonnez-vous à la Newsletter
TOUS LES COMMENTAIRES
COMMENTAIRES SÉLECTIONNÉS
RÉPONSES DE LA RÉDACTION
Trier par : Plus récents | Plus anciens
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions
Soyez le premier à réagir à cet article !
PUBLIER UN COMMENTAIRE

Un message, un commentaire ?

  • Se connecter
  • Créer un compte

publicité
1
publicité
2
    Terra eco
    Terra eco
publicité
3
SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
publicité
bas