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Accueil du site > Actu > L’économie expliquée à mon père > « Plus on économisera l’eau, plus elle sera chère »
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10-09-2010
Mots clés
Eau
France
Interview

« Plus on économisera l’eau, plus elle sera chère »

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« Plus on économisera l'eau, plus elle sera chère »
(Crédit photo : Seb - Flickr)
 
Les coûts d'assainissement des eaux usées ne cessent de grimper en France. Et ce, alors que notre consommation a tendance à baisser. Analyse de ce paradoxe avec Marc Laimé, journaliste spécialisé et consultant sur les politiques publiques de l’eau.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Terra eco : Le rapport de la Commission des comptes et de l’économie de l’environnement indique que les dépenses d’assainissement des eaux usées n’ont cessé d’augmenter en France depuis 2000. Comment expliquer cette hausse ?

Marc Laimé : « La France a contracté un très grand retard dans la remise à niveau de ses stations d’épuration. En 2007, près de la moitié du parc français d’épuration des eaux usées n’était pas aux normes. Les techniques d’épuration des stations construites il y a dix, vingt, trente ans, sont dépassées face aux nouveaux polluants présents dans l’eau. Elles n’en assurent pas l’élimination. Or de nouveaux polluants sont sans cesse découverts. Cela ne va pas s’arranger. C’est donc une course sans fin qui entraîne de nouvelles dépenses. On remet les stations aux normes et dans le même temps on découvre ou on suspecte sans cesse l’action de nouveaux polluants, dont on évalue encore très mal la toxicité. Il faudra à nouveau, à terme, améliorer les process des stations d’épuration pour prendre en compte ces nouveaux risques pour la santé.

A cela s’ajoute un autre problème, celui de l’assainissement non collectif. Aujourd’hui, 15 millions de français qui ne sont toujours pas raccordés au réseau d’assainissement collectif doivent mettre aux normes leurs installations avant 2012, pour des coûts situés entre 6 000 et 15 000 euros par foyer. Pendant des années, ces personnes ont financé le réseau d’assainissement collectif des eaux usées à travers les impôts locaux. Aujourd’hui, elles ne comprennent pas pourquoi la mise aux normes de leurs installations leur incombe. »

Vous pointez aussi du doigt les eaux pluviales. Quel rapport avec les dépenses d’assainissement ?

« Les eaux pluviales sont une autre facette du problème. Le bétonnage des sols entraîne leur imperméabilisation. Les eaux pluviales se retrouvent ainsi dans les stations d’épuration. Ces eaux sont cinq à dix fois plus polluées que les eaux usées. Elles sont chargées en métaux lourds, provenant des toits, et en hydrocarbures, présents sur les sols. Les stations d’épuration doivent donc aussi gérer la pollution de ces eaux pluviales.

On a longtemps sous-estimé les pollutions, de toutes natures. Elles nous rattrapent aujourd’hui, tout comme le modèle de financement des politiques publiques de l’eau. Le modèle historique est basé sur la croissance de la consommation. Tant que la consommation augmentait, le prix de l’eau pouvait diminuer. Mais depuis une quinzaine d’années, la consommation d’eau diminue. Il y a donc moins de revenus liés à cette consommation. Parallèlement, les coûts fixes (fonctionnement et rénovation des installations) ne baissent pas. Ce qui met à mal l’équilibre financier du système. Moins il y a d’eau à circuler dans le réseau, plus le prix de l’eau va devoir augmenter. Autrement dit, plus on économisera l’eau, plus elle coûtera cher. »

Quelles solutions prônez-vous ?

« Je n’ai pas de solution. Je constate juste que le système est très fragilisé. Il va falloir trouver d’autres formes de financements que la facture d’eau. La fiscalité locale devra par exemple être revue. La remise aux normes des stations d’épuration concentre aujourd’hui une grande partie du budget des Agences de l’eau. Or le renouvellement des réseaux – il faudrait en renouveler trois fois plus qu’aujourd’hui – devrait lui aussi être une priorité. Bref, il faut tout faire en même temps mais il n’y a pas assez d’argent. Les arbitrages sont donc très compliqués. »

A lire aussi sur Terra eco :
- notre dossier spécial « Eau, le luxe de demain »

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Journaliste stagiaire à la rédaction de Terra eco

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  • Plus il y a de trous dans un gruyère, moins il y a de gruyère. Plus le morceau de gruyère est gros, plus il contient de trous. Peut-on en conclure que plus il y a de fromage, moins il y a de fromage ? Pas vraiment. En ne précisant pas de quoi vous parlez, vous créez le même genre d’occasion de tout comprendre de travers...

    11.09 à 16h39 - Répondre - Alerter
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