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Marée noire du Golfe du Mexique : « le pire cauchemar » pour BP

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Marée noire du Golfe du Mexique : « le pire cauchemar » pour BP
 
(de notre correspondante aux Etats-Unis) - Charles Wilson, directeur du Sea Grant College de Louisiane, spécialiste de la gestion des écosystèmes marins, explique pourquoi la marée noire, provoquée par le naufrage d'une plate-forme offshore, est un désastre écologique et économique pour le Golfe du Mexique et le pire cauchemar d'un géant pétrolier comme BP.
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Terra eco : Pourquoi la marée noire provoquée par l’explosion puis le naufrage de la plate-forme Deepwater Horizon est-elle si difficile à contenir ?

« L’étendue de la nappe de pétrole explique qu’il est impossible de contrôler la marée noire. Le seul moyen immédiat aurait été de réussir à colmater les fuites du puits et à ce jour les tentatives de BP - à l’aide de robots sous-marins - se sont soldées par un échec. La situation empire chaque jour avec la découverte de nouvelles fuites. On nous annonce aujourd’hui que le pétrole se déverse dans le Golfe du Mexique au rythme de 5 000 barils par jour et non plus 1 000 comme cela avait été dit la semaine dernière. La nappe a atteint les côtes de la Louisiane et notamment la réserve naturelle de Pass-a-Loutre et menace le Mississipi, l’Alabama et sans doute la Floride.

BP, les autorités fédérales et les gardes-côtes font tout ce qu’ils peuvent pour limiter son impact sur les côtes mais ils n’existent que trois solutions : déployer des bateaux qui tentent d’aspirer le maximum de pétrole, mettre le feu à la nappe afin d’enrayer sa progression - mais les autorités, après un premier essai mercredi soir, ont dû y renoncer hier car il y avait trop de vent - et enfin l’asperger de produits chimiques afin de dissoudre le pétrole. Mettre le feu n’est bien entendu pas une solution idéale : il en résulte un gigantesque nuage de fumée noire. Mais c’est tout de même mieux que de laisser le pétrole atteindre nos marais et la mangrove, écosystème particulièrement riches. »

Quelles options reste-t-il pour BP ?

« Faute d’être parvenu à activer la valve qui aurait permis de refermer le puits, les options sont limitées et BP est contraint d’essayer de contenir la marée noire du mieux qu’il peut. Une fois que la nappe de pétrole a atteint les côtes, il faudra mettre en place des stations de nettoyage et tenter de sauver le maximum d’oiseaux, dont les pélicans, en les capturant afin de les éloigner au plus vite des zones polluées et de les nettoyer. Les marécages sont particulièrement difficiles à nettoyer du fait de la nature du sol. Par exemple sur les côtes californiennes composées de pierres et de sables il est possible d’absorber le pétrole. Sur des terres marécageuses, c’est beaucoup plus difficile, le pétrole s’enfonçant dans la boue. »

Que pensez-vous de la façon dont BP gère cette crise ? Après les familles des 11 personnes disparues au cours de l’explosion de la plate-forme, c’est au tour des pêcheurs de crevettes de la région de vouloir intenter un procès au géant pétrolier.

« Je pense qu’il est bon de souligner qu’il s’agit de la première catastrophe à laquelle doit faire face l’industrie du forage qui opère dans le Golfe du Mexique. Aujourd’hui même si BP parait dépassé par l’ampleur du désastre, il met en œuvre tous les moyens possibles pour le stopper. Pour une société pétrolière, il s’agit du pire cauchemar possible et imaginable. Honnêtement je pense qu’ils étaient sincères lorsqu’ils ont estimé au départ que la marée noire semblait être contenue. La plate-forme ayant sombré à plus de 1 500 mètres de profondeur, il est très difficile de localiser et évaluer l’ampleur des fuites. La réaction des gens qui vivent de la pêche était à anticiper sachant que la marée noire met en danger crevettes, huîtres, crabes, poissons et plancton. Songez que la nation entière se nourrit de poissons et crustacés provenant de cette région. Même si la marée noire est contenue, le mal est fait. Les Américains vont hésiter à commander un plat de crevettes en provenance de Louisiane et à se rendre cet été sur les plages de Floride. L’impact économique risque d’être dévastateur pour la région. »

Quel est le pire scénario envisageable ?

« La marée noire pourrait continuer de s’étendre pendant 30 à 90 jours. A raison de 5 000 barils de pétrole déversés chaque jour dans l’océan, nous risquons donc d’être en présence d’un désastre écologique encore plus grave que la marée noire causée par l’échouage de l’Exxon Valdez en Alaska en 1989. Le seul avantage que nous avons sur l’Alaska est qu’il fait relativement chaud et que les bactéries dégraderont plus rapidement le pétrole. Mais plus le pétrole se déverse et plus la nappe est épaisse, plus il faudra de temps aux bactéries pour effectuer leur travail. »

Sources de cet article

- Photo : l’étendue de la marée noire capturée par l’Earth Scan Laboratory de l’université d’Etat de Louisiane le 29 avril au soir.

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Correspondante de « Terra eco » en Californie, Anne Sengès est l’auteur de « Eco-Tech : moteurs de la croissance verte en Californie et en France », paru en novembre 2009 aux éditions Autrement.

6 commentaires
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RÉPONSES DE LA RÉDACTION
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  • sylk28 : Tous coupable !

    Je trouve très intéressant de voir les réactions indignées de la population. Cette même population, moi aussi malheureusement, utilise le pétrole sans voir les conséquences à court et long terme sur l’environnement.
    En effet, les coûts externes des carburants fossiles ne sont pas assez visibles et j’espère bien que BP et les autres compagnies augmenteront le prix des produits pétroliers. Cela aidera sûrement les gens à comprendre que le prix du pétrole ne représente pas son vrai coût !

    6.05 à 09h08 - Répondre - Alerter
  • La visite en Louisiane de Barack Obama semble être l’exact contre pied de l’inaptitude de georges Bush junior à réagir lors du hurricane Katrina en août 2005 ... L’environnement est devenu un élément essentiel du politique et de la gestion politique ... En son temps le chancelier Schröder a été réélu, en partie parcequ’il avait bien su gérer les inondations de l’Elbe
    Un récent essai de géographie : la géographie n’est plus ce que vous croyez (http://lageographienestplus.wifeo.com ) explique très bien cela

    3.05 à 10h59 - Répondre - Alerter
  • Chris : Vive le vent !

    C’est un catastrophe, oui, mais en aurait-on autant parlé si les vents avaient soufflé dans l’autre sens, polluant ainsi les côtes mexicaines ? Non bien sûr, les américains n’en auraient eu rien à faire. Je pense donc qu’il est heureux que les vents poussent le pétrole dans leur direction. Ca leur apprendra à polluer la planète plus que les autres dans tous les domaines sans se préoccuper des conséquences pour le reste du monde. Néamoins je suis malheureuse pour les animaux sauvages qui vont en subir les conséquences. Espérons cette fois que les américains vont commencer à réfléchir et surtout à réagir.

    3.05 à 10h24 - Répondre - Alerter
  • la vaine : quel gachis !!!!

    Tout est dans le titre !!!! Ca m’rend malade !!!!

    Quelle idée de mettre de puits de pétrole en mer !!!! C’est évident que ça devait arriver un jour, et étonnant que ça n’soit pas arriver plus tôt !!!

    3.05 à 08h55 - Répondre - Alerter
    • C’est effectivement un gachis scandaleux et...totalement évitable.La législation laxiste des lobbys pétroliers américains a jugé trop cher l’installation de vannes de sécurité obligatoires en Europe.Le Brent de la Mer du Nord est beaucoup mieux protégé.
      Le président Obama est coinçé avec les républicains.La soif américaine de pétrole est inextingible et la nature payera de nouveau un lourd tribut à l’effarante négligence des politiciens !!!

      3.05 à 11h39 - Répondre - Alerter
  • je ne comprends pas ce titre si BP avait pris des précautions au lieu de vouloir toujours plus de fric on n’en serait pas là que BP aille au diable rotir dans les flammes de leur pétrole ; on devrait envoyer ses dirigeants et ses actionnaires ramasser la M...de au lieu que ce soit les ouvriers et les volontaires qui s’y collent au risque de leur santé comme ça a lieu en France avec Total et les bénévoles qui ont été intoxiqués
    Je ne décolère pas

    2.05 à 17h26 - Répondre - Alerter
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