publicité
haut
Accueil du site > Actu > L’économie expliquée à mon père > Les prophéties du Club de Rome
31-10-2007
Mots clés
Développement Durable
Monde

Les prophéties du Club de Rome

Taille texte
{#TITRE,#URL_ARTICLE,#INTRODUCTION}
 
Il y a trente-cinq ans, des scientifiques, des économistes et des patrons avertissaient qu’une croissance débridée finirait par épuiser la Terre. L’histoire leur a donné raison.
SUR LE MÊME SUJET

En 1972, un an avant le premier choc pétrolier, le monde industrialisé nage dans la prospérité de ce qu’on appelle les Trente Glorieuses. Si l’expression naît en France, c’est sans doute parce que celle-ci est la première à en profiter : depuis près de trente ans, l’Hexagone vit alors avec une croissance annuelle de plus de 6 % en moyenne. Le Concorde s’est récemment élancé dans les cieux, Airbus s’apprête à faire ses premiers pas. Le marché de l’automobile est en plein boom. L’optimisme est de rigueur. L’homme ne vient-il pas de décrocher la Lune ? Le Club de Rome va tâcher de ramener les rêveurs sur Terre.

Messieurs catastrophes

En mars, il publie un rapport intitulé Limits to Growth (littéralement : « Des limites à la croissance »), traduit en français sous le titre, un peu plus nerveux, de Halte à la croissance ? “Messieurs catastrophes” L’expansion économique ne durera pas toujours : cet avertissement va marquer les esprits car elle n’est pas le fait d’un groupement d’activistes, mais d’un rassemblement de scientifiques, d’économistes et d’entrepreneurs.

Le Club de Rome a en effet été fondé, en 1968, par Aurelio Peccei, un grand industriel italien, patron notamment du fabricant de machines à écrire et d’ordinateurs Olivetti, et Alexander King, chimiste écossais, directeur général des recherches scientifiques à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Et le rapport sur les limites de la croissance a été confié à trois jeunes chercheurs du renommé Massachusetts Institute of Technology (MIT).

De quoi s’agit-il au juste ? En observant cinq variables – les ressources naturelles de la planète, la production industrielle, la production alimentaire, la population et la pollution –, l’étude conclut qu’il est impossible de poursuivre sur le même modèle de croissance sans aller à la catastrophe, que celle-ci prenne la forme d’une asphyxie généralisée, d’un épuisement des sols ou d’une famine. Et ces perspectives réjouissantes sont dessinées pour les cent prochaines années au plus tard. Traduit dans une trentaine de langues, il sera un énorme succès de librairie, avec une dizaine de millions d’exemplaires vendus immédiatement (une trentaine jusqu’à aujourd’hui).

Bien que porté par des individus fort respectés, le rapport Meadows – du nom de Dennis Meadows, le chef de l’équipe – sera très critiqué, notamment taxé de « catastrophisme ». « Vouloir modéliser le monde entier à partir de cinq variables était tellement simpliste que les conclusions n’étaient pas très heureuses, commente Franck-Dominique Vivien, maître de conférences en sciences économiques à l’université de Reims Champagne- Ardenne. Mais ce rapport a permis de soulever une problématique, de poser la question du long terme, qui était souvent ignorée. »

Fans de technologies

Publiant un rapport par an en moyenne, le Club de Rome va confirmer son rôle de précurseur du « développement durable » en 1995, dans le livre Facteur 4 : deux fois plus de bien-être en consommant deux fois moins de ressources. Si son nom sonne un peu comme celui d’un nettoyant miracle, cette étude s’attaque à un problème bien réel : répondre aux désirs de prospérité d’un nombre croissant d’êtres humains – développement de la Chine et de l’Inde oblige –, tout en utilisant quatre fois moins de matières premières et d’énergie et en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. La logique est la suivante : avec la Révolution industrielle, la productivité humaine a été multipliée par vingt en cent cinquante ans, pourquoi ne pas faire quadrupler la productivité des ressources  ?

Selon les auteurs du rapport, la technologie nécessaire pour y parvenir existe déjà. Leur ouvrage énumère les exemples. Le plus connu ? L’ampoule basse consommation, tout aussi lumineuse qu’une autre en requérant quatre fois moins d’électricité. Bien sûr, la logique s’applique à des réalisations plus ambitieuses. Ainsi , en Allemagne, ont été imaginées des « maisons passives  », quasiment autonomes en énergie, grâce à une isolation thermique maximale et à la récupération de la chaleur (celle du soleil mais aussi des appareils électriques utilisés dans le logement). Toujours dans l’optique d’augmenter la productivité des ressources, le rapport propose de favoriser la location des produits plutôt que leur vente, d’allonger leur durée de vie et d’améliorer leur recyclage.

« Le Club de Rome met fréquemment l’innovation technique en avant comme moyen de résoudre les problèmes, note Franck-Dominique Vivien. L’idée subliminale derrière ses rapports, c’est que les Etats sont dépassés et que le changement viendra des grandes entreprises multinationales, voire des organismes internationaux ou de la société civile. » C’est notamment vers cette dernière que se tournait le message de la Déclaration du Club de Rome, rédigée en 1996 à Bruxelles  : « Nous croyons que chaque être humain peut choisir de prendre en charge son propre futur plutôt qu’être une victime des événements. L’imagination et la créativité de chaque individu, combinées avec un plus grand sens de la responsabilité sociale, peuvent contribuer à changer nos attitudes et rendre nos sociétés plus aptes à faire face aux crises à plusieurs facettes qui perturbent le monde. » Qui a dit que le Club de Rome était pessimiste ? —


Un nouveau havre suisse Le « développement durable » étant sur toutes les lèvres, le discours du Club de Rome a perdu de sa singularité. Si l’organisation n’a plus la célébrité qu’elle eut dans les années 1970, elle en garde tout de même un certain éclat. Ainsi, Madrid, Vienne, Bâle, Genève et Zürich se sont battues pour accueillir le nouveau siège de l’institution. C’est cette dernière qui l’a emporté, le 26 septembre. La « capitale économique » de la Suisse a consenti à une subvention de 364 000 francs suisses (217 000 euros) par an pendant cinq ans pour faire venir le Club de Rome sur les bords de la Linmat

Sources de cet article

- Le Club de Rome

- Le rapport Meadows analysé par l’expert en énergie, Jean-Marc Jancovici.

- Le Facteur 4 expliqué par l’un de ses auteurs.

- Le Développement soutenable, Franck-Dominique Vivien, La Découverte, 2005, 128 pages. 8,50 euros.

Faites réagir vos proches, diffusez l'info !
Vous aimez Terra eco ? Abonnez-vous à la Newsletter
1 commentaire
TOUS LES COMMENTAIRES
COMMENTAIRES SÉLECTIONNÉS
RÉPONSES DE LA RÉDACTION
Trier par : Plus récents | Plus anciens
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions
  • Je ne connaissais pas ce club de Rome ni ces prophéties. Article très interressant qui me permet d’aller creuser la question plus en profondeur. En tout cas, ce "club" n’est pas répertorié dans les guides pour visiter Rome lol . Blague à part, c’est incroyable tout ce l’on penses poru acquis et que ne l’est pas.

    24.03 à 16h21 - Répondre - Alerter
PUBLIER UN COMMENTAIRE

Un message, un commentaire ?

  • Se connecter
  • Créer un compte

publicité
1
publicité
2
    Terra eco
    Terra eco
publicité
3
SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
publicité
bas