Les belles occasions d’Envie 44

La décharge de la prairie de Mauves, dans la banlieue nantaise, offre un paysage tout ce qu’il y a d’attendu. Pourtant, au milieu de ce dédale de déchets, l’œil est attiré par un carré, occupé par des pensionnaires à l’allure moderne : téléviseurs, ordinateurs, appareils électro-ménagers. Depuis peu, la déchetterie réserve en effet un espace aux Déchets Electriques et Electroniques (DEEE), qui viennent y finir leur course, à un jet de pierre des habituels tas de cartons ou piles de verre brisé.

Tri sélectif

Chaque année, Mauves voit ainsi transiter 15 tonnes d’ordinateurs désossés, de fours à micro-ondes hors d’usage ou de réfrigérateurs cabossés. Des reliquats technologiques que Patrick et Olivier, deux salariés de l’entreprise Envie 44, viendront inspecter minutieusement ce soir. Leur mission : trier le "définitivement hors d’usage", du matériel "pouvant être réparé". Ce tri, les employés de Envie 44 le mettent en œuvre depuis juillet 2002, dans le cadre d’une expérience pilote mise en place avec l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), la Communauté Urbaine de Nantes, mais également avec fabricants et distributeurs.

Expérience pilote

Cette expérience prendra fin au mois de juillet. Et ses résultats seront observés au niveau national. Car il s’agit ici de tester une méthode de mise en conformité avec la directive européenne du 27 janvier 2003, relative à la limitation des substances dangereuses dans le matériel électrique et électronique. Et surtout à la dépollution des produits "bruns" et "blancs" hors d’usage. Appliquée dès l’été 2005, cette directive rendra ainsi les fabricants, les magasins distributeurs, mais aussi les collectivités, responsables de la destruction des produits mis sur le marché. Naturellement, les constructeurs cherchent à minimiser les coûts liés à cette obligation, et soutiennent l’externalisation de cette tâche aussi ingrate à assurer qu’elle est bénéfique à l’environnement.

Réinsertion par la dépollution

Placée au cœur de ce travail de dépollution, l’entreprise Envie 44 mène en fait ce type d’action depuis 1993, et pas à de simples fins mercantiles. Membre d’un réseau national, financé à 70% par la vente de ses services de dépollution, elle œuvre également à l’insertion par le travail. Ses salariés sont recrutés en grande majorité parmi des personnes bénéficiaires du RMI ou demandeuses d’emploi de longue durée. Au sein de l’entreprise, ils peuvent se former professionnellement à quatre métiers : chauffeur-livreur, manutentionnaire-dépollueur, opérateur électroménagiste ou vendeur. Envie 44 recycle en effet les biens récupérés pour ensuite les remettre sur le marché de l’occasion.

Encadrement pédagogique

"Chacun de nos salariés entre chez nous pour un CDD, durant lequel il est suivi par un encadrant pédagogique, qui suit le cycle de formation technique, mais prépare aussi à l’insertion dans le monde du travail", explique Philippe Fieux, directeur de cette structure de 40 personnes. Une méthode qui a permis à la moitié des salariés de l’entreprise de se stabiliser professionnellement à leur sortie d’Envie 44. De quoi décomplexer l’acte d’abandon d’un vieux PC en carafe.