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12-03-2010
Mots clés
Géopolitique
Transports
Energies
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La Chine pense très fort à l’Arctique

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La Chine pense très fort à l'Arctique
(Flickr)
 
Sur la question de l'Arctique, qui recèlerait le quart des réserves mondiales d'hydrocarbures, la Chine suit par principe la règle du "wait-and-see", histoire de ne pas effrayer les pays nordiques et voir le bel oiseau s'envoler. Mais elle compte tout même en attraper quelques plumes.
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A mesure que les glaces fondent, les pôles gagnent en attractivité. Si le cas de l’Antarctique a été classé jusqu’au moins en 2041 - le Traité de Madrid interdisant de faire main basse sur ses ressources - c’est une autre paire de manches pour son cousin du Nord. Autrefois protégé par son épaisse banquise, l’Arctique (du mot "ours" en grec ancien) part à vau l’eau, surtout l’été, et réveille les convoitises. La faute au réchauffement (+0,38°C par décennie depuis 1979, soit le double du réchauffement moyen sur l’ensemble du globe), mais aussi à l’influence des cycles naturels. Toujours est-il que les surfaces couvertes par la glace arctique ont diminué de 8% depuis les années 1970, et les chercheurs tablent sur 2060 comme date de la disparition totale des glaces en été.

Course à l’échalote

La fonte de la banquise ouvre des voies maritimes et les pays riverains se lancent dans des opérations "de cow-boy", comme en 2007, lorsqu’une équipe russe a planté un drapeau russe à 4 621 mètres de profondeur. "C’est une zone de non-droit où n’importe qui peut faire n’importe quoi", déclarait il y a un an Michel Rocard, nommé ambassadeur de France chargé des négociations internationales sur les pôles.

Face à ces manœuvres, Pékin s’inquiète mais ne dit mot. De fait, la Chine n’a pas son mot à dire, puisqu’elle ne fait pas partie du cercle restreint des pays de l’Arctique, pays dont les côtes sont au contact de l’océan Arctique, à savoir : Canada, États-Unis (avec l’Alaska), Danemark (par le Groenland), Russie, Norvège. D’autre part, afficher ouvertement ses prétentions, c’est risquer de se griller auprès des pays nordiques. Telles sont du moins les conclusions, publiées cette semaine, de l’analyse approfondie de Linda Jakobson, du SIPRI (Institut international de recherche sur la paix de Stockholm). Côté cour, Pékin affirme vouloir rester neutre et plaide pour une résolution des différends par le dialogue. Côté jardin, elle encourage paradoxalement les pays de l’Arctique à considérer "les intérêts communs de l’humanité"...

Le plus court chemin vers le client

Pourtant, les choses changent. D’une part, explique Linda Jakobson, "les dirigeants chinois ont commencé à réfléchir à quel type de politiques pourrait aider la Chine à tirer parti d’un espace arctique sans glace". D’autre part, des voix de chercheurs chinois font pression pour que Pékin se positionne dare-dare, faute de quoi la Chine pourrait être hors course.

Si la Chine a intérêt à jouer sa carte dans l’Arctique c’est d’abord parce que faire naviguer ses navires par Béring lui permettrait de gagner du temps, du moins lorsque les glaces auront réellement disparu. Le trajet Shanghai Hambourg par le nord fait ainsi 6 400 km de moins que par le détroit de Malacca et le Canal de Suez. Or une grosse partie du PIB chinois repose sur le transport maritime et l’Arctique, qui plus est, n’est pas encore truffé de pirates. « Qui contrôle la route de l’Arctique contrôlera le nouveau passage des économies mondiales et les stratégies internationales », affirme ainsi un chercheur chinois.

Ali baba polaire

Autre atout de taille : l’Arctique est un réservoir de minerais et d’énergies fossiles. La région renfermerait près de 30% des réserves mondiales de gaz et 15% à 20% de celles en pétrole. A quoi s’ajoutent charbon, cuivre, diamants, or, argent, manganèse… Certes pour en profiter, il faudra savoir aller les chercher, mais la Chine mise sur des partenariats avec l’étranger.

Face à ces opportunités, comment se comporte la Chine sur l’échiquier ? D’abord, elle expédie depuis 1984 ses scientifiques en Antarctique (et depuis 1999 en Arctique), rappelle Linda Jakobson. Ensuite, elle consacre un budget recherche spécifique pour les pôles et prévoit d’étrenner en 2013 un brise glace high-tech de 200 millions d’€. Les chercheurs chinois participent aussi à des séminaires internationaux depuis plus de 10 ans et Pékin brigue un poste d’observateur permanent au Conseil de l’Arctique, un forum intergouvernemental de coopération des états de l’Arctique. Surtout, comme l’y poussent les critiques internes, Pékin s’apprête à définir une stratégie à cinq ans pour ses expéditions et ses projets de recherche. Enfin, preuve qu’elle anticipe quand même, la Chine possède la plus grande ambassade de Reykjavik, pour les jours où l’Islande sera devenue un important port de transit.

A lire aussi sur terraeco.net :
- Claude Lorius : « Si seulement les choses étaient aussi simples qu’en Antarctique »
- Delphine Thibault-Botha : Fondue d’Arctique
- Michel Rocard chez les pingouins

Sources de cet article

- Le rapport du SIPRI
- Le Figaro

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  • Je ne crois pas que nous n’entendrons plus parler de l’Arctique, glace ou pas. Quelqu’en soit le prix, il devriendra un de ces jours (proche certainement) intéressant économiquement d’aller chercher les matières fossiles là où l’on en trouve encore. Nous avons dépassé le "oil peak" et la course à l’énergie a déjà commencé. Qui dit énergie dit pouvoir, il faut dons en trouver. Si l’on est en plein dans l’exploitation du continent africain par les chinois et les étasuniens principalement, ça ne durera pas très longtemps par là non plus. Les pharaonesques réserves de charbon de la Chine pourraient être la bouée de sauvetage du géant asiatique, mais, même si l’on investit beaucoup sur le thème -et même en France-, l’on est encore loin de pouvoir transformer chimiquement le charbon fraîchement extrait en charbon "non-polluant", ce qui représentera une possible hégémonie de qui possèdera les ressources naturelles et la technologie : la Chine. D’autre part, le thermonucléaire, même s’il est prometteur, n’en est qu’à ses balbutiements, c’est là la voie optée principalement par l’Europe, mais ce n’est pas pour demain. Quant aux énergies alternatives, elles sont peu productrices, donc nécessitent de très nombreuses sources et il ne sera jamais possible d’en produire de telle manière de pouvoir compenser l’épuisement des ressources en pétrole. Entretemps, il faut à tout prix exploiter le pétrole qui reste, et à n’importe quel prix ! Si dans les décennies qui viennent l’on continue de consommer comme aujourd’hui, on peut espérer 50 ans de pétrole, mais la consommation va en croissance exponentielle... Quant au charbon, il y en a pour 200 ans, mais il est très localisé et n’est pas encore rendu "propre"... Enfin, tout cela pour démontrer simplement que la prolongation dans le temps de l’exploitation pétrolière, des huiles lourdes et autres dérivés fossiles d’hydrocarbures va continuer de s’intensifier, de rechercher les endroits les plus insolites où une seule goutte sera exploitable et à n’importe quel prix, question de gagner un peu de temps sur le voisin... L’Arctique et ses glaces ne resteront plus longtemps des barrières infranchissables pour l’exploitation de leurs entrailles...

    15.06 à 20h36 - Répondre - Alerter
  • Mitchell : Précision

    Bonjour,

    À titre d’information, Il semble que depuis 2008, les glaces ont repris plus de 21 % en superficie ("nouvelles glaces" : moins de deux ans) !

    Pourtant, nous en entendons peu parler. On nous à même annoncé une fonte record en 2009. Mais, quant on consulte l’article de presse au complet, on se rend compte qu’il est question des "anciennes glaces" (plus de cinq ans).

    Cependant, il reste encore un décalage avec la superfice de glace de 1979.

    À ce rythme, à mon avis, d’ici quelques années, nous n’entenderons plus parler de cette possibilité d’exploitation.

    14.03 à 20h12 - Répondre - Alerter
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