publicité
haut
Accueil du site > Actu > Nature > Découvrez le BRF, ce compost amélioré qui fait revivre les sols

Découvrez le BRF, ce compost amélioré qui fait revivre les sols

Taille texte
{#TITRE,#URL_ARTICLE,#INTRODUCTION}
Découvrez le BRF, ce compost amélioré qui fait revivre les sols
(Crédit photo : Thesupermat - flickr)
 
Depuis près de dix ans, l'agriculteur Jacky Dupéty expérimente cette technique née en Amérique du Nord. Il arrose moins, obtient des rendements plus élevés et des légumes plus goûteux grâce à ces copeaux de bois frais.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
SUR LE MÊME SUJET

Ingénieur en environnement devenu agriculteur, Jacky Dupéty expérimente depuis 2004 une technique agricole née en Amérique du Nord. Il recouvre ses terres de copeaux de bois fraîchement broyés appelés BRF (bois raméal fragmenté), ce qui retient l’eau, favorise la vie du sol et améliore ses récoltes.

Terra eco : A quoi sert le BRF en agriculture ?

Jacky Dupéty : Tout part d’une profonde réflexion sur la vie du sol et sur deux choses dont ce sol dépend fortement : les arbres et les champignons. Le plus simple pour le comprendre c’est de penser à la forêt, où l’on voit que les trois sont très imbriqués et dépendent l’un de l’autre. Il faut d’abord savoir que dans les branches d’un arbre on trouve une matière qui s’appelle la lignine, c’est elle qui fait notamment que l’arbre est rigide. La lignine est quelque chose de très complexe et d’extrêmement énergétique, que seuls les champignons sont capables de digérer. Et c’est cette action des champignons qui libère les nutriments et permet l’apparition d’une chaîne alimentaire très complexe et d’une grande diversité dans le sol. Le principe du BRF, c’est de copier ce modèle de la forêt pour les sols en agriculture. On va couper les rameaux en hiver, ensuite on va les broyer et les répandre et là la vie du sol va réapparaître.

Avez-vous mesuré l’impact du BRF sur vos cultures ?

Je vis sur les Causses du Quercy (Lot), dans un sol plein de cailloux qui est considéré comme impropre à la culture. Je travaille sans arrosage, sans désherbage, sans traitement phytosanitaire. Pourtant mes rendements sont très élevés, les plantes sont moins touchées par les parasites et les légumes ont des qualités gustatives supérieures parce qu’ils n’ont pas été gorgés d’eau. Plusieurs études ont été menées à l’étranger notamment sur un projet au Sénégal avec l’appui de la Banque mondiale en 1995 qui a montré des augmentations de rendement de 170%. L’université canadienne de Laval a aussi mené de nombreuses expériences qui confirment ces taux d’augmentation (Dans un rapport publié en 2002, elle indique des augmentations de 30% à 300% des rendements selon les récoltes).

Pensez-vous que ce soit applicable à grande échelle dans le monde agricole ?

En tout cas, le matériau est disponible par millions de mètres cubes et ce, chaque année et sur toute la planète. Pour moi le BRF entre dans la même logique de générosité, proche de celle des Incroyables comestibles. La plupart du temps les communes taillent leurs arbres à l’automne et jettent le tout à la déchetterie où l’enlèvement coûte 60 euros la tonne. On pourrait au contraire broyer ce bois et le distribuer aux habitants pour leurs cultures, ou même les utiliser pour des potagers sur l’espace public. On serait dans une logique circulaire, le bois coupé n’est plus un déchet. Près de chez moi quatre communes vont expérimenter ça l’année prochaine, on pourra mesurer les avantages et les inconvénients.

Quels conseils donneriez-vous à nos lecteurs jardiniers qui voudraient expérimenter le BRF ?

D’abord, la meilleure saison pour couper les rameaux c’est d’octobre à janvier, quand ils ont accumulé le plus de nutriments. Ensuite, il faut broyer plutôt les branches de 3 à 4 centimètres de diamètre qui sont celles qui ont le plus de lignine. On peut ensuite immédiatement épandre sur le sol une couche de 3 à 5 centimètres, il ne faut pas que le broyat soit sec. On n’a plus alors qu’à attendre le mois d’avril ou mai et à mélanger le broyat directement avec la couche supérieure du sol. Les effets se feront ensuite sentir sur plusieurs années. C’est très simple, le seul facteur limitant c’est que pour la phase du broyage il faut une machine. Une solution peut être de louer ou d’acheter la machine à plusieurs. Je connais par exemple des jardiniers, qui sont dans le Jardin Bourian dans le Lot et qui expérimentent ensemble le BRF depuis trois à quatre ans. Chaque année, ils se retrouvent à 35 ou 40 et ils partagent leurs rameaux pour fabriquer du BRF. Là encore on est proche des Incroyables comestibles puisque c’est du partage que naît l’abondance.

Jacky Dupéty présentera le BRF aux Entretiens de Sologne à Chaumont-sur-Loire le vendredi 26 septembre, lors d’une table ronde consacrée aux « révolutions tranquilles ».


A lire aussi sur Terraeco.net

- Découvrez les arbres sauveurs, capables de transformer le carbone en calcaire

- Jardiniers, voici 7 plantes invasives à éviter

- « Les plantes bougent, sentent et réagissent mais nous ne sommes pas capables de le voir »

- Chez Disney, comme dans notre imaginaire, la nature disparaît

Faites réagir vos proches, diffusez l'info !
Vous aimez Terra eco ? Abonnez-vous à la Newsletter

Non, nous n’avons pas à « sauver la planète ». Elle s’en sort très bien toute seule. C’est nous qui avons besoin d’elle pour nous en sortir.

2 commentaires
TOUS LES COMMENTAIRES
COMMENTAIRES SÉLECTIONNÉS
RÉPONSES DE LA RÉDACTION
Trier par : Plus récents | Plus anciens
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions
  • Je vous informe que le Jardin Bourian (qui a lancé le projet : « Expérimentation BRF pour Jardins potagers » en collaboration avec Jacky Dupety) vient de publier un rapport-bilan sur 3 ans d’expérimentation : « Le BRF dans le potager : un savoir-faire à transmettre ».

    Pendant trois ans, 24 jardiniers ont expérimenté - au moins pour une année - le BRF sur une parcelle expérimentale de 6 m² dans leur potager pour observer l’évolution du sol et évaluer les effets sur les cultures. Jacky Dupéty a soutenu les jardiniers tout au long de ce projet pour trouver les réponses aux nombreuses questions pratiques, par exemple comment obtenir le broyat de bonne qualité ?

    Afin de partager nos expériences avec d’autres jardiniers, le rapport-bilan est devenu un dossier complet avec informations pratiques, comptes-rendus et reportages. C’est à la disposition de toutes les personnes intéressées par le BRF. Avec la publication, le Jardin Bourian espère que le BRF entrera dans les « bons gestes de jardinage » et que tous les jardiniers profiteront des informations recueillies.

    Ce rapport - en PDF - est consultable sur le site Lot Nature dans l’article « 21 jardiniers témoignent sur le BRF dans leurs potagers » : http://lotnature.fr/spip.php?article1064

    16.11 à 15h50 - Répondre - Alerter
  • A expérimenter dans les jardins et potagers partagés, en priorité dans les villes qui n’ont pas ou peu de politique de développement durable.
    Cette réalisation serait une incitation forte pour les municipalités et leurs habitants

    5.09 à 10h03 - Répondre - Alerter
PUBLIER UN COMMENTAIRE

Un message, un commentaire ?

  • Se connecter
  • Créer un compte

publicité
1
publicité
2
    Terra eco
    Terra eco
publicité
3
SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
publicité
bas