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3-01-2008
Mots clés
Social
Société
France

Businessman de l’insertion

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Ancien éducateur de rue, Jean-Marc Borello dirige neuf associations et dix entreprises commerciales d’insertion. Avec le Groupe SOS, il fait du public avec les moyens du privé.
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Les deux planisphères délavés affichés aux murs et le lourd bureau dégarni font songer au pupitre d’un maître d’école. Jean-Marc Borello n’y a pourtant pas brillé. « Sauf pour être le chef de classe, c’était la seule chose que je savais déjà bien faire », se rappelle le grand escogriffe de cinquante ans, tout de noir vêtu, entre rockeur et anar. La vocation lui est restée. L’ancien éducateur de rue est aujourd’hui délégué général du Groupe SOS. Dans la petite pièce dont les fenêtres donnent sur les embouteillages de l’autoroute A1, en face du Stade de France, à la Plaine Saint- Denis, l’homme aux yeux perçants est au gouvernail d’une structure hybride, comprenant neuf associations et dix entreprises commerciales d’insertion, qui emploie au total 2 200 personnes aux quatre coins de la France. Un ovni dans le monde de l’entreprenariat social.

« Tous les damnés de la Terre »

Le Groupe SOS ne dénote pas seulement par sa taille. « Ici, ça va des soins palliatifs au commerce équitable, autant dire qu’on nous prend pour des hurluberlus », explique le patron. Le monde associatif tolère mal ceux qui sortent des sentiers tracés. Lorsque, en 1984, il crée SOS Drogue, l’homme fraye dans les cabinets ministériels de la jeune gauche au pouvoir. « Il y avait besoin de monde, on pensait qu’on allait y changer les choses », lâche-t-il discrètement avant de souligner qu’il géra ensuite un restaurant prestigieux sur les Champs-Elysées. Sphère publique, sphère privée, Jean-Marc Borello n’a visiblement cure de franchir les frontières. « Moi, je veux les objectifs du public avec les moyens du privé, ça s’appelle l’économie sociale », lance-t-il.
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(Crédit : Frédéric Stucin)

Aujourd’hui, la branche associative dépend à 95 % de subventions publiques. La branche commerciale fonctionne, elle, à 95 % sur son chiffre d’affaires (6 à 7 millions d’euros) et à 5 % sur les subventions. « L’un distribue les richesses, l’autre les crée », souligne Jean-Marc Borello. Cerise sur l’organigramme, un cabinet de conseil intégré au groupe gère le volet financier. Chacun son métier. A SOS, les administrateurs sortent de Sciences-Po et de l’Ecole nationale d’administration. On parle direction des finances et des ressources humaines. Le discours maison est si loin de l’assistanat bon teint qu’on en oublie presque la vocation du groupe. Et pourtant. Mères célibataires, toxicomanes, malades du sida, mineurs délinquants : « Tous les damnés de la terre nous connaissent », sourit le délégué général.

L’homme rechigne à s’embarquer dans de grands discours. Au coeur du dispositif se niche pourtant une morale politique et poétique. « L’initiative féconde prétend réhabiliter l’être social », stipule la charte du groupe. La formule se résume aussi dans le mot d’ordre : « Entreprendre autrement. » A ceux qui voient SOS comme « le Vivendi du social », Jean-Marc Borello répond d’un revers de main.

« Pourquoi contruire des structures avec 5 personnes quand on peut créer 50 postes en réinsertion ? », tonne-t-il en montrant l’Usine, très chic plate-forme événementielle de la porte de la Chapelle. Sur la brochure de présentation, pas un mot de la vocation sociale du lieu, fondé il y a cinq ans. Ici, on vend du professionnalisme et de la qualité. « On ne peut pas considérer que les gens en réinsertion veulent uniquement ramasser les déchets des autres », résume-t-il.

"Je ne sais rien faire d’autre"

Le tutoiement avec l’accent du Sud Entre les trois restaurants et la salle de conférences, le délégué général sert du « tu » avec l’accent d’Aix-en-Provence et une ferme poignée de main aussi bien aux employés qu’à Didier Paillard, maire de Saint-Denis, de passage pour un colloque. «  L’essentiel, c’est de traiter tout le monde équitablement », lâche-t-il. Cette année, l’entreprise, premier employeur social de Seine-Saint-Denis, devrait dégager un bénéfice de 500 000 euros. Une coquette somme utilisée pour alimenter la branche commerce équitable du groupe et notamment le réseau des fournisseurs. Au programme : accorder de nouvelles franchises de la marque Alter Mundi, qui commence à se faire un nom dans l’Hexagone. Autant dire que la machine n’est pas près de ralentir. « Quand un truc fonctionne, je m’emmerde, il faut que j’en crée un autre ! », ajoute-t-il. Pendant vingt-quatre ans, c’est dans l’ombre que Jean-Marc Borello s’est occupé. Il y a peu, le conseil d’administration a fini par lui taper sur les doigts et exiger qu’il se montre. Mais, dans l’immeuble de la Plaine Saint-Denis, à l’heure des interviews, on cherche encore la bio. Elle arrive finalement sous forme de huit lignes laconiques. Et Jean-Marc Borello de répéter encore une fois : « Je suis éducateur, je ne sais rien faire d’autre »… Mon oeil, patron ! —

FICHE D’IDENTITE

BUDGET : 112 millions d’euros. GROUPE : trois associations fondatrices – SOS Drogue international, SOS Habitat et Soins et SOS Insertion et Alternatives – auxquelles se sont adossées six autres structures. BRANCHE ASSOCIATIVE : chaque jour, prise en charge de 300 malades à domicile, autant d’hébergement d’urgence, 1 000 familles logées et 650 mineurs en hébergement éducatif. BRANCHE COMMERCIALE : la holding Groupe Alterna Développement regroupe dix entreprises dont Alter Mundi, la Compagnie du commerce équitable et l’Usine. Le site.

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