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3-01-2008
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Finance
Monde

Norvège : une éthique de fond

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Depuis 1996, le royaume place ses économies pétrolières dans un fonds public. Qui n’investit que dans des entreprises « morales ».
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Compter parmi les pays les plus riches du monde ne va pas sans responsabilité. C’est en tout cas une opinion largement partagée en Norvège. Le petit royaume de 4,7 millions d’habitants figure aujourd’hui au cinquième rang parmi les exportateurs de brut sur la planète. Chaque jour, la pétromonarchie scandinave produit 2,8 millions de barils. Plutôt que de dilapider cette manne financière, Oslo a décidé en 1990 de placer les recettes issues de l’exploitation de l’or noir dans un « fonds pétrolier  ». Les premiers transferts ont eu lieu en 1996. Dix ans plus tard, la valeur du fonds de pension public norvégien a atteint 2 000 milliards de couronnes, soit 250 milliards d’euros, ce qui en fait l’un des mieux dotés au monde.

Eviter la surchauffe

Le pactole est géré par la banque centrale du pays. Les capitaux sont investis en actions et obligations, dans 3 500 entreprises, exclusivement à l’étranger. Jamais le fonds ne prend plus de 5 % du capital d’une société. Les administrateurs visent la rentabilité au moindre risque. « Notre but est de transformer les revenus pétroliers en atout financier sur le long terme », explique Steinar Selnes, conseiller à la Banque de Norvège. D’ailleurs, seuls les intérêts générés par les investissements peuvent être versés au budget de l’Etat. La création du fonds vise à éviter les risques d’une surchauffe de l’économie et à préparer le vieillissement de la population, qui devrait intervenir alors que les ressources en hydrocarbures seront en train de s’épuiser.
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Mines antipersonnel en Inde (Crédit Strdel / AFP)

Mais l’enrichissement de la Norvège ne doit pas se faire à n’importe quel prix. En 2004, les députés du royaume ont donc adopté à l’unanimité un code d’éthique, encadrant la gestion des investissements. Gro Nystuen, avocate et spécialiste des droits de l’homme, préside depuis janvier 2005, le Comité consultatif sur l’éthique, chargé de contrôler la « moralité » des entreprises dans lesquelles le royaume place son fonds de pension. « Nous estimons que nous avons une responsabilité particulière quand nous générons de tels revenus et qu’il est important que le peuple norvégien, qui est propriétaire du fonds, sache comment il est géré », explique-t-elle.

Composé de cinq personnes, ce comité consultatif doit s’assurer que les générations futures recevront une part équitable des richesses issues du pétrole. Mais aussi que les droits fondamentaux des populations affectées par les activités des compagnies dans lesquelles le fonds investit sont respectés. Celui exclut notamment les fabricants d’armements « particulièrement inhumains » (armes chimiques, nucléaires, biologiques ou mines antipersonnel), ainsi que les compagnies coupables de violation des droits de l’homme, de corruption ou de dégradation de l’environnement à grande échelle. Depuis janvier 2005, sur les conseils du comité, le ministère des Finances s’est débarrassé de ses parts dans une vingtaine d’entreprises. La plupart sont américaines. Mais les européennes Thales, EADS et Safran figurent aussi sur la liste noire. Les deux premières depuis septembre 2005, pour leur rôle dans la production d’armes à fragmentation. La troisième, depuis décembre 2005, pour la fabrication de composants utilisés dans l’armement nucléaire. Le numéro un mondial de la grande distribution, l’américain Wal-Mart, figure parmi les multinationales ayant fait les frais de l’engagement éthique de la Norvège : ses fournisseurs sont accusés d’avoir eu recours au travail des enfants.

Banquier philosophe

Mais Oslo ne se contente pas de boycotter les entreprises dont la moralité laisse à désirer. La Banque de Norvège n’hésite pas à mobiliser les conseils d’administration des compagnies dont elle est actionnaire, sur des sujets tels que le travail des enfants ou le réchauffement de la planète. « Nous ne le faisons pas parce que nous sommes gentils ou pour la publicité, mais parce que si ces questions ne sont pas résolues, elles risquent de limiter la profitabilité de nos investissements sur le long terme », commente Henrik Syse. Le philosophe travaille depuis juin 2005 à la banque centrale. Il affirme que les compagnies sont réceptives. Récemment, la ministre des Finances a plaidé pour que le fonds s’engage dans la lutte contre le changement climatique. Un paradoxe, alors que la richesse du royaume provient de l’exploitation du pétrole ? Henrik Syse dément : « Nous avons d’autant plus intérêt à contribuer à ces efforts dans ce domaine que nous voulons que nos investissements soient durables. »

FICHE D’IDENTITE

CREATION : le fonds, créé en 1990, a été transformé en fonds de pension public norvégien en 2006. MONTANT (octobre 2007) : 2 007 milliards de couronnes, soit 250 milliards d’euros. Revenu pEtrolier net (2005) : 222,8 milliards de couronnes, soit 27,5 milliards d’euros. PART DU pEtrol E dans le PNB : 25 %. Part moyenne du fonds : 0,3 % (dans plus de 3 000 entreprises). Le site.

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  • N’est-ce pas une manière de se donner bonne conscience pour deux sous. Le vrai comportement écolo serait de laisser le pétrole là où il se trouve et d’arrêter de dégager des profits pour sa vente puisqu’il est destiné à être brûlé et donc à polluer, mais là, ce serait un geste écologique qui coûterait sans doute trop à la Norvège ?

    7.01 à 10h54 - Répondre - Alerter
    • La Norvège va donc se retirer des deux sociétés norvégiennes Kongsberg Defense et Nammo Rauffoss, parmi les leaders européens de l’industrie des missiles et munitions ...
      Quelle hypocrisie !

      11.01 à 17h07 - Répondre - Alerter
      • Je ne vois pas vraiment où est l’hypocrisie dans le fait de se retirer d’entreprises qui poursuivent leur production et ventes d’armes à sous-munitions.
        Le fonds norvégien joue un rôle essentiel dans le combat que mènent Handicap International, Amnesty International et d’autres ONG des droits de l’Homme contre les fameux BASM, en espérant que cela puisse, comme pour les mines antipersonnel, aboutir à un traité international.
        OK, le fonds norvégien a de l’argent. Est ce bien ? Est ce mal ? Ce que je veux retenir c’est que d’un coté on a un fonds souverain qui investi de manière plutôt éthique et de l’autres des fonds des pays arabes et asiatiques qui renflouent les grandes banques américaines. Ne nous trompons pas de cible !

        17.01 à 10h38 - Répondre - Alerter
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