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27-03-2014
Mots clés
Société
Economie
France
Etats-Unis

« Quantified Self » : cent poids, cent mesures

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« Quantified Self » : cent poids, cent mesures
(Crédit illustration : rocco pour « terra eco »)
 
Compter chaque pas ou chaque minute de sommeil : grâce à votre smartphone, toute votre vie peut désormais se transformer en courbes. Fascinant ou flippant ?
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Vous qui pensiez vivre à peu près sainement, êtes-vous sûr(e) de faire les 10 000 pas quotidiens recommandés par l’Organisation mondiale de la santé ? Combien d’étages au juste grimpez-vous chaque jour ? Pour vous tirer de cette intolérable incertitude et vous aider à prendre de bonnes habitudes, des start-up, comme Fitbit aux Etats-Unis ou Withings en France, ont mis au point de petits capteurs numériques de la taille d’une clé USB qui mesurent ces données phares du bien-être et de la santé. Il vous suffit de glisser la chose dans votre poche, dans un bracelet ad hoc ou de l’accrocher à votre ceinture, et c’est parti : bienvenue dans le monde du « Quantified Self », la « mesure de soi », en VF.

19 000 adeptes dans le monde

Fondé en Californie en 2007 par les Américains Kevin Kelly et Gary Wolf, le mouvement compte aujourd’hui 19 000 adeptes sur la planète, dont 500 dans l’Hexagone, surtout dans la région parisienne. Initiateur de la branche française et auteur du Guide pratique du Quantified Self (Editions Fyp, 2012), Emmanuel Gadenne, 43 ans, tient depuis mai 2011 une comptabilité de ses réveils nocturnes, de ses kilomètres parcourus et de son indice de masse corporelle grâce au Fitbit One. Une fois connecté à son smartphone, ce capteur lui offre une courbe détaillée sur de longues périodes : « Je fais moins d’exercice en septembre, parce qu’il y a beaucoup de boulot à la rentrée », constate l’informaticien, qui trouve dans ces chiffres une motivation pour bouger.

Emmanuel Gadenne ne se contente pas d’enregistrer et de stocker ses données perso : sur le réseau social Fitbit, il les partage et compare ses performances. Directement issu des méthodes du management, ce benchmarking permet, selon Rémy Bourganel, directeur du labo « sociable media » de l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs, « l’échange et l’émulation » entre yuppies high tech et un brin obsessionnels. Cela contribue, explique-t-il, « à pérenniser le business model des fabricants ». En clair, la compétition rend accro !

En France, le mouvement débute, « en très forte croissance », selon Cédric Hutchings, directeur-général de Withings, start-up française qui a levé l’été dernier 23,5 millions d’euros et qui réalise la moitié de son chiffre d’affaires aux Etats-Unis. « Il y a trois ans, explique l’entrepreneur, nos produits visaient une clientèle très ciblée, un peu geek, qui les trouvait dans les Apple Store. Aujourd’hui, en France, ils sont distribués chez Darty et Boulanger. Et demain, j’espère, chez Carrefour, Auchan et autres enseignes de grande distribution. » Olivier Desbiey, de la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés), observe que, sur les 26 millions de possesseurs de smartphones recensés dans l’Hexagone, « 10 % à 20 % utilisent déjà une appli santé qui fait appel aux capteurs de leur téléphone, comme Moves ou Tactio », pour mesurer les trajets, les pas effectués… « Et l’Iwatch d’Apple, attendue cette année, convertira sûrement de nouveaux utilisateurs au Quantified Self. » « Demain, ces données pourront être partagées avec le médecin », se réjouit Cédric Hutchings, qui agrège déjà les données collectées auprès des utilisateurs pour le compte d’« acteurs de la santé ». Une manne pour les labos pharmaceutiques, les mutuelles et les chaînes d’équipements sportifs.

Big Brother dans ma poche ?

Et le respect des données personnelles ? « On y travaille, on teste les produits », confie Olivier Desbiey. Pour éviter la divulgation de données intimes (poids, géolocalisation…), la Cnil recommande quelques précautions minimales, notamment l’utilisation d’un pseudo en cas de partage des données. « Le business model des fabricants repose sur la vente des produits… et sur le siphonnage systématique des données, plus ou moins agrégées et revendues à des tiers », observe crûment Christophe Ducamp, consultant et partisan d’une réappropriation du Quantified Self par ses utilisateurs. « Sinon, c’est Big Brother ! »

Abstraction faite de ce risque, reste un problème de fond : dotés d’instruments de plus en plus perfectionnés, les utilisateurs en viennent à considérer ce qui ne se mesure pas comme quantité négligeable. Quitte, même, à se transformer en gestionnaires tatillons de leur propre vie. D’où cette dernière question : faut-il réduire toutes nos expériences à un flux de données, même sécurisées ? —


Bientôt tous connectés

Entre les baskets interactives de Nike, les balances et les bracelets Fitbit, Withings et RunKeeper, le marché des objets connectés liés à la santé ne cesse de s’étendre : le cabinet Gartner l’estime à 5 milliards de dollars aux Etats-Unis en 2016 (3,6 milliards d’euros). Au total, smartphones compris, l’observatoire Idate dénombrait 15 milliards d’objets connectés en 2013, et en prévoit 80 milliards en 2020. —

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