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27-02-2014
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Finance
Monde

Comment les robots traders ont pris le pouvoir en Bourse

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Comment les robots traders ont pris le pouvoir en Bourse
(Crédit photo : amanda andersen - reuters)
 
Fini, les opérateurs qui hurlaient leurs ordres d’achat ou de vente. Ce sont désormais les machines qui remplissent ce rôle. Mais l’automatisation n’est pas sans risques.
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Le Loup de Wall Street, de Martin Scorsese, caracole en tête du box-office : pas de doute, la Bourse fascine. Pourtant, à Paris, la place financière manque cruellement de vie. Depuis presque trente ans, la criée a disparu. Plus de hurlements frénétiques, pour acheter ou vendre, on a fait place à l’électronique. Principal atout pour les professionnels : l’ordinateur est un million de fois plus rapide que l’homme. Le rythme des transactions est poussé à la microseconde : on parle alors de « trading à haute fréquence ». A cette vitesse, le robot n’attend plus l’ordre de l’être humain, il décide, règne en maître sur les marchés.

Les robots chouchoutés

A la Bourse américaine, les ordinateurs autonomes sont à l’origine de plus de deux tiers des échanges boursiers. En France, entre 30 % et 50 % des transactions sont passées en pilotage automatique. En concurrence, les places financières font désormais les yeux doux aux opérateurs à haute fréquence, quitte à chouchouter leurs robots. A Paris, le Palais Brongniart, place de la Bourse, a été déserté, les traders modernes préférant le Royaume-Uni. Euronext, la société qui gère la Bourse de Paris, a donc installé ses serveurs à Basildon, en banlieue de Londres. Dans un hangar bourdonnent des dizaines de placards informatiques, bourrés d’électronique de pointe. A chaque établissement financier son placard. Chacune de ces boîtes noires est reliée par un câble au serveur central qui régit la Bourse. Un câble de même longueur pour tous ! Le moindre centimètre de fibre supplémentaire et ce serait une fraction de seconde de perdue. Or, le but de ces machines est que leur ordre soit le premier enregistré.

Dès qu’elles reçoivent des informations, ces boîtes noires sont capables de prendre des décisions. « Un automate peut, par exemple, réagir instantanément à l’annonce d’un taux de croissance ou d’un taux d’intérêt directeur », explique Eric Lamarque, professeur au master de finance de l’Institut d’administration des entreprises de Paris. Une intelligence supérieure à celle de l’être humain ? Pas vraiment. Aussi complexe soit-il, le raisonnement des robots reste systématique : ils sont incapables d’élaborer une stratégie financière. C’est là qu’intervient le trader. C’est lui qui donne les instructions à la machine : les algorithmes. Des lignes d’opérations mathématiques sophistiquées, traduites en code informatique. Ces traders sont d’abord des ingénieurs : « Ce sont parmi les meilleurs dans les grandes écoles, se souvient un ex-camarade de promo de petits génies de la finance. Ils seraient plus utiles dans d’autres domaines, mais trader reste un métier individualiste : leur but, c’est de gagner de l’argent. »

Lucratif, le trading à haute fréquence est « au mieux complètement inutile pour la société », explique Benoît Lallemand de l’ONG Finance Watch. Il ne servirait pas à financer l’économie réelle, mais il peut la faire trembler. Le 6 mai 2010, les indices boursiers américains s’effondrent à une vitesse éclair : c’est un flash krach. Pour Eric Lamarque, « si beaucoup d’automates sont programmés de la même façon, ça amplifie les mouvements du marché. Là où il y aurait eu une simple baisse, il peut y avoir un krach. »

Disjoncteurs boursiers

Pour éviter ces phénomènes, les Bourses se sont équipées de systèmes de disjoncteurs. En cas d’emballement, elles coupent les circuits. Euronext, qui gère la Bourse de Paris, peut ainsi suspendre une cotation lorsqu’elle fait le yoyo de façon incompréhensible. L’Autorité des marchés financiers (AMF) dit aussi avoir pris ses dispositions. « Nous nous sommes équipés d’outils sophistiqués pour rester au niveau des acteurs que nous surveillons », assure Alexandra Givry, directrice de la surveillance des marchés à l’AMF. Pour limiter les risques, le gendarme de la Bourse compte aussi sur les nouvelles règles, plus strictes : la directive MIF 2 (marchés d’instruments financiers 2) et la loi française de séparation et de régulation des activités bancaires, adoptée en juillet dernier. Des lois peut-être un peu tardives.

Au départ, réagir à la microseconde était un avantage de taille par rapport aux concurrents. Aujourd’hui, c’est devenu la norme. La rentabilité chute de façon spectaculaire. « Tout ça est en train de se casser la gueule, assure Gilles Pagès, professeur à l’Ecole polytechnique. Comme tout le monde s’y est mis, beaucoup de fonds d’investissement spécialisés ont mis la clé sous la porte. » Selon le cabinet Tabb Group, les profits du trading à haute fréquence ont été divisés par quatre entre 2009 et 2012. Aux Etats-Unis, ces revenus ont tout de même atteint 1,3 milliard d’euros en 2012. Une somme rondelette… —


Un tweet… et krach !

Le 23 avril 2013, un faux tweet est publié sur le compte d’Associated Press : « Deux explosions à la Maison-Blanche. Barack Obama est blessé. » Très vite, l’agence de presse américaine dément. Trop tard : les robots traders ont ingéré l’information instantanément, et s’emballent. En cinq minutes, l’indice américain Dow Jones s’effondre de 150 points. C’est un krach boursier à la vitesse de l’éclair, un flash krach. —

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