publicité
haut
Accueil du site > Actu > L’économie expliquée à mon père > Chine : la fin d’une vedette américaine ?
Article Abonné
4-09-2008
Mots clés
Finance
Etats-Unis
Chine

Chine : la fin d’une vedette américaine ?

Taille texte
{#TITRE,#URL_ARTICLE,#INTRODUCTION}
 
Usine du monde, Pékin est aussi devenu banquier de la planète, et particulièrement des Etats-Unis. Mais la Chine mise désormais sur sa consommation intérieure débridée. Les ménages américains vont devoir apprendre à dépenser moins et épargner plus.
SUR LE MÊME SUJET

Tout commence dans les années 1990. La Chine devient « l’usine » des Etats-Unis. Aujourd’hui, du T-shirt au balladeur numérique, tout ou presque est fabriqué dans l’empire du Milieu. 40 % des jus de pommes vendus sur le sol américain sont même made in China ! En face, les centrales électriques ou le soja que les Américains refilent aux Chinois ne font pas le poids. La Chine, exportant davantage qu’elle n’importe, dégage aussi un énorme excédent commercial vis-à-vis de l’Oncle Sam : 256,2 milliards de dollars en 2007. Cette somme se retrouve ensuite stockée dans ce qu’on appelle des réserves de change, une sorte de cagnotte à l’échelle d’un pays. En mars 2008, les réserves de change chinoises – les plus importantes au monde – ont atteint 1 682 milliards de dollars, l’équivalent de 80 % de la richesse produite en une année en France.

Pourquoi ce déséquilibre commercial ? L’écart de salaire entre ouvriers chinois et nordaméricains explique l’essentiel du déséquilibre commercial entre les deux pays. Mais ce n’est pas le seul facteur. « Pékin a accentué les choses en maintenant pendant des années sa devise, le yuan, à un bas niveau », souligne Philippe Waechter, directeur des études économiques chez Natixis AM. Les produits chinois étaient alors encore moins chers en dollars et donc irrésistibles pour le consommateur américain. Pékin n’a eu aucune difficulté pour conserver sa monnaie faible car, à la différence de l’euro ou du dollar, le yuan n’est pas une devise librement convertible sur les marchés financiers. Concrètement, pour maintenir sa devise à un niveau plancher, la banque centrale de Chine a vendu des yuans pour acheter des placements en out commence dans les années 1990.

La Chine devient « l’usine » des Etats-Unis. Aujourd’hui, du T-shirt au balladeur numérique, tout ou presque est fabriqué dans l’empire du Milieu. 40 % des jus de pommes vendus sur le sol américain sont même made in China ! En face, les centrales électriques ou le soja que les Américains refilent aux Chinois ne font pas le poids. La Chine, exportant davantage qu’elle n’importe, dégage aussi un énorme excédent commercial vis-à-vis de l’Oncle Sam : 256,2 milliards de dollars en 2007. Cette somme se retrouve ensuite stockée dans ce qu’on appelle des réserves de change, une sorte de cagnotte à l’échelle d’un pays. En mars 2008, les réserves de change chinoises – les plus importantes au monde – ont atteint 1 682 milliards de dollars, l’équivalent de 80 % de la richesse produite en une année en France.

Pourquoi ce déséquilibre commercial ?

L’écart de salaire entre ouvriers chinois et nordaméricains explique l’essentiel du déséquilibre commercial entre les deux pays. Mais ce n’est pas le seul facteur. « Pékin a accentué les choses en maintenant pendant des années sa devise, le yuan, à un bas niveau », souligne Philippe Waechter, directeur des études économiques chez Natixis AM. Les produits chinois étaient alors encore moins chers en dollars et donc irrésistibles pour le consommateur américain. Pékin n’a eu aucune difficulté pour conserver sa monnaie faible car, à la différence de l’euro ou du dollar, le yuan n’est pas une devise librement convertible sur les marchés financiers. Concrètement, pour maintenir sa devise à un niveau plancher, la banque centrale de Chine a vendu des yuans pour acheter des placements en dollars. Elle a en fait surtout acheté des obligations d’Etat américaines, c’est-à-dire des titres financiers représentant une part de la dette publique américaine, car ces placements sont réputés sûrs : en principe, un Etat ne doit pas faire faillite. En se ruant sur ces titres – nul n’en connaît l’ampleur, mais on l’imagine énorme vu la taille des réserves de change chinoises –, Pékin a modifié l’équilibre économique aux Etats-Unis. En effet, plus une obligation est demandée par des acheteurs, plus le taux d’intérêt offert baisse. Ainsi, la Banque de Chine a fait chuter les taux d’intérêt aux Etats-Unis. La boucle est alors bouclée. Car qui dit taux bas dit – pour les consommateurs – facilité à s’endetter et à dépenser. Les Chinois ont tout simplement « prêté » de l’argent aux Américains pour que ceux-ci continuent à acheter leurs produits…

Que va faire la Chine désormais ? Pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les Chinois ne veulent plus mettre tous leurs oeufs dans le même panier. « L’empire du Milieu accuserait des pertes gigantesques si jamais le cours des obligations d’Etat américaines s’effondrait », rappelle Alexandre Vincent, économiste à la BNP Paribas. En bon père de famille, les autorités chinoises ont donc commencé à diversifier leurs placements, notamment vers l’Europe. Pour preuve, la part de l’euro dans les réserves de change mondiales est passée de 17,7 %, début 2001, à 26,5 %, fin 2007. Sur la même période, celle du dollar a chuté de 71,4 % à 63,7 %. « Pékin cherche aussi à investir dans des produits plus rentables que les obligations d’Etat. Pour cela, il a créé un fonds souverain doté de 200 milliards de dollars (lire cicontre)  », ajoute Alexandre Vincent. Et puis est apparu un problème nouveau sur les écrans radars chinois : l’inflation. Les prix à la consommation ont grimpé de 7,9 % en tendance annuelle entre janvier et juin (contre 3,6 % en France, par exemple). Faire grimper le yuan constitue l’un des outils pour lutter contre l’inflation, comme le souligne une étude de la banque suisse UBS. Pourquoi ? Parce qu’une devise plus forte permet de payer moins cher les produits importés, et notamment le pétrole. Résultat des courses : le yuan s’est apprécié de 20 % par rapport au dollar depuis trois ans.

Que va faire la Chine désormais ? « Les Chinois veulent avoir une croissance qui dépende moins des exportations et davantage de la consommation intérieure. Ainsi qu’une monnaie forte, symbole de puissance », explique Philippe Waechter, de Natixis AM. Le hic, c’est que les réserves de change chinoises – cette fameuse cagnotte qui se nourrit des excédents commerciaux – progresseront moins vite. Les Chinois auront donc moins d’argent à placer à l’étranger, et notamment aux Etats-Unis. Bref, les Chinois ne financeront plus les yeux fermés les crédits des ménages américains ! A terme, il faudra donc bien que les Américains se remettent à épargner, avertissent les économistes de la banque Goldman Sachs.

On peut espérer aussi que ces rééquilibrages – hausse du yuan, diminution de l’excédent commercial chinois, baisse des placements vers les Etats- Unis – se fassent progressivement. Car les Chinois n’ont pas intérêt à tuer leur poule aux oeufs d’or. Le consommateur américain fait tout de même vivre l’industriel de l’empire du Milieu. Du moins tant que les citoyens chinois ne sont pas assez riches pour acheter ce que produit leur pays. Ce jour viendra, mais pas avant une ou deux décennies. D’ici là, Chine et Etats-Unis se tiendront par la barbichette. —


Un fonds pour rester souverain Quand on dispose, comme la Chine, de 1 682 milliards de dollars de réserves, on peut en placer quelques-uns sur des produits financiers plus risqués mais plus rentables. L’empire du Milieu a donc décidé, en 2007, de créer un fonds souverain, le China Investment Corporation (CIC), qui investit dans de grandes sociétés internationales cotées. Mais pour l’instant, il n’a pas eu le nez creux. Le CIC a acheté en juin dernier pour 3 millions de dollars d’actions de Blackstone, société américaine de capital-investissement : celles-ci ont depuis perdu 35 % de leur valeur. Sa prise de participation dans la banque Morgan Stanley à hauteur de 9 % est aussi risquée. Et surtout sujette à polémiques. Car nul ne connaît les intentions du CIC : simple fonds d’investissement ou bras armé de la Chine ?

Sources de cet article

- Chine-USA, la guerre programmée, Jean-François Susbielle (Editions First, 2006).

- La Chine m’inquiète, Jean-Luc Domenach (Edition Perrin, coll. Asies, 2008).

Faites réagir vos proches, diffusez l'info !
Vous aimez Terra eco ? Abonnez-vous à la Newsletter
TOUS LES COMMENTAIRES
COMMENTAIRES SÉLECTIONNÉS
RÉPONSES DE LA RÉDACTION
Trier par : Plus récents | Plus anciens
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions
Soyez le premier à réagir à cet article !
PUBLIER UN COMMENTAIRE

Un message, un commentaire ?

  • Se connecter
  • Créer un compte

publicité
1
publicité
2
    Terra eco
    Terra eco
publicité
3
SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
publicité
bas