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25-04-2010
Mots clés
Transports
France

Boulevard ou impasse pour l’Autolib’ ?

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Boulevard ou impasse pour l'Autolib' ?
 
Un succès digne de celui du Vélib’ : c’est ce qu’attend la mairie de Paris du réseau de voitures en libre-service qui sera lancé en 2011. Mais contrairement à son grand frère à deux roues, le nouveau système fait bien des sceptiques.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Mise à jour du 5 décembre 2011 - Les premières voitures électriques en libre-service du groupe Bolloré ont été inaugurées ce lundi matin par Bertrand Delanoë. Aujourd’hui, 250 autolib’ réparties dans 253 stations sont disponibles en Ile-de-France, dont 180 à Paris. Le groupe Bolloré, qui avait remporté l’appel d’offres en décembre 2010, vise les 200 000 abonnés pour atteindre l’équilibre financier.

Economiquement, Bolloré assume une grande part du risque financier du programme Autolib’. L’industriel apportera 60 millions d’euros sur ses fonds propre dans la société chargée de l’exploitation du programme. Le service sera également géré par ses soins, alors qu’il accepte de prendre en charge les problèmes de vandalisme, à hauteur de 3.000 € par voiture et par an. Enfin, Bolloré a accepté de prendre en charge toute perte de chiffre d’affaires, à hauteur de 60 millions d’euros. Le pari semble risqué mais Bolloré espère un chiffre d’affaire d’un milliard d’euros sur douze ans, en tablant sur 200.000 utilisateurs annuels.

La moitié des Parisiens équipés d’une voiture [1] n’enclenchent le contact qu’une fois par semaine. Avec le système d’autopartage, Autolib’, qui déboule l’an prochain dans la capitale, ces conducteurs du dimanche enverront-ils leur caisse à la casse ? L’idée serait doublement bénéfique. Pour leurs bas de laine d’abord (lire ci-dessous), pour la collectivité ensuite. Car un seul véhicule placé en libre-service permet d’en soustraire 6 à 20 de la circulation, selon des expériences menées essentiellement à l’étranger, la France n’ayant pas encore embrayé sur le concept. Selon une étude du cabinet de conseil Oliver Wyman, seuls 0,01 % des Français seraient abonnés à un système d’autopartage. Le leader mondial, le nord-américain Zipcar, compte, lui, 180 000 clients. Et en Suisse, la coopérative Mobility loue 2 300 voitures à 90 800 abonnés, soit plus d’1 % de la population helvète !

Mais promis juré, avec l’Autolib’, l’Hexagone va mettre le turbo. Contre un abonnement mensuel de 15 euros et 4 à 6 euros la demi-heure d’utilisation, les Franciliens auront 3 000 autos électriques à disposition à Paris et en petite couronne. C’est en tout cas le cahier des charges que les 4 candidats encore en lice devront respecter pour décrocher, en juin, la délégation de service public. Des poids lourds sont sur les rangs : VTLIB’ (Veolia transport), Bolloré, le loueur Ada et un consortium formé par Avis, la RATP, la SNCF et Vinci Park. Ces entreprises sont parfois déjà présentes dans l’autopartage : Avis a créé avec Vinci Park la société Okigo (1 500 abonnés à Rouen et en région parisienne) et Veolia possède la société Mobizen et pourrait mettre la main sur Caisse Commune, le leader français avec 3 000 abonnés.

Deux défis attendent les prétendants : la technologie électrique, jamais testée à une si grande échelle, et la « trace directe » – aussi appelée « one way » – qui, comme pour le Vélib’, permet de retirer une voiture dans une station A et de la déposer dans une station B. Une vraie révolution puisque dans l’immense majorité des cas, le système fonctionne « en boucle » : on remet l’auto là où on l’a prise.

Montreuil a dit non

Le « one way » est une impasse, jugent certains. La créatrice de Zipcar, Robin Chase, est ainsi plus que dubitative sur l’Autolib’ : selon elle, la faible autonomie des batteries obligera les abonnés à conserver au chaud une auto particulière pour le week-end. Et comme des places de parking seront assurées pour les véhicules siglés Autolib’, nombre de Franciliens qui n’utilisaient pas de voiture… seront tentés de le faire.

Cet argument a poussé les écolos parisiens à voter contre le projet. Et la ville de Montreuil, dirigée par la Verte Dominique Voynet, a refusé d’adhérer au syndicat intercommunal Autolib’. « Nous sommes d’accord avec l’autopartage, qui consiste à déconnecter l’usage d’une voiture de sa possession, explique Fabienne Vansteenkiste, adjointe aux Transports de Montreuil. Mais la "trace directe" va favoriser l’usage de la voiture pour des usages "pendulaires", qui pourraient être réalisés en transports en commun : prendre l’Autolib’ à Montreuil pour aller bosser à Opéra, dans le centre de Paris, par exemple. Le problème, c’est que les stations y seront bondées dès 9 heures du matin, et qu’il faudra réapprovisionner celles en périphérie. Cela risque de générer plus de trafic. » A La Rochelle, seule ville française à expérimenter la « trace directe », on estime qu’un déplacement d’un client en entraîne trois pour l’exploitant. « Cela nécessite beaucoup plus de main-d’œuvre et beaucoup d’espace, car les stations doivent être surdimensionnées pour que les abonnés puissent trouver une place », indique Catherine Cottier, responsable d’Autolib’ à Lyon. La ville partage le nom de son service avec Paris, mais pas l’option « one way », provisoirement abandonnée après des études – non divulguées – sur le coût de l’opération.

A Paris, la ville financera jusqu’à 50 000 euros par station. Avec 700 stations intra-muros, la facture pourrait donc s’élever à 35 millions. A titre de comparaison, JCDecaux a déboursé 90 millions – vélos inclus – pour le Vélib’. « La densité du maillage permettra l’autorégulation du système », prédit Annick Lepetit, adjointe aux Transports de Paris et présidente du syndicat Autolib’. Elle estime que le problème du Vélib’ – déplacer le tiers des vélos pour rééquilibrer les stations en altitude ou en périphérie – ne se pose pas avec la voiture. « Les gens hermétiques au vélo ou au métro ne lâcheront jamais leur voiture sauf pour un service comme Autolib’. Plus l’offre de transports sera diverse, plus elle sera attractive et complémentaire », assure-t-elle. L’élue socialiste vise les 26% [2] de Parisiens qui pensent se séparer de leur voiture en raison de son coût, des problèmes de stationnement et de son faible usage. Soit potentiellement 150 000 voitures en moins. Dans Hexagone Renaud chantait : « La bagnole, c’est l’opium du peuple de France ». Nous saurons bientôt si l’Autolib’ est un bon produit de substitution. —


L’AUTOPARTAGE : JUSQU’A DEUX FOIS MOINS CHER QUE LA VOITURE INDIVIDUELLE

L’autopartage, ce n’est ni du covoiturage – des collègues qui s’organisent pour se rendre au travail avec un seul véhicule, par exemple – ni de la location. Car l’abonnement est un passage obligé dans la plupart des sociétés. Chez Auto’trement en Alsace, outre un dépôt de garantie, on vous demandera tous les mois au moins 11 euros. Il faudra ensuite s’acquitter de coûts horaires autour de 2 euros et d’environ 30 centimes par kilomètre. Mais l’autopartage peut être un vrai bon plan. Un conducteur qui parcourt 5 000 kilomètres par an et paye sa place de parking déboursera 4 000 euros par an (entretien, carburant, assurance, dépréciation…) contre seulement 2 000 euros avec un système d’autopartage [3]. Attention cependant, au-delà de 20 000 kilomètres par an, c’est l’autopartage qui devient moins avantageux qu’une voiture garée dans un parking payant. A vos calculettes !

[1] 47% des Parisiens sont équipés d’une voiture, selon une enquête sur les transports réalisée par l’Insee en 2001

[2] Selon une étude du cabinet 6T pour la mairie de Paris en 2007

[3] Selon le rapport « Enjeux et perspectives du marché de l’autopartage en France », du cabinet Oliver Wyman, 2009

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