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Vous paierez en espèces ?

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Combien vaut un hectare d’Amazonie ? Et une antilope ou un rhododendron ? Voilà le genre de prise de tête à laquelle sont confrontés les économistes de la planète.
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Un Naturemarket a ouvert à deux pas de chez vous. En vitrine de cette nouvelle chaîne de supermarché de la nature, l’hectare d’Amazonie est à 79 euros seulement. En tête de gondole, les antilopes de 4 ans affichent 55 euros. Et ce sont déjà les soldes au rayon Lumbricina : le pack de 10 vers de terre est à 2 euros.

Ce cauchemar de biologistes et d’ONG est aussi devenu celui des économistes. Alors qu’on leur demande d’estimer le prix de la biodiversité afin d’évaluer l’impact de sa destruction, ils craignent de voir cette vision comptable conforter ceux qui rêvent à de nouvelles et lucratives transactions – selon le Boston Consulting Group, la préservation des milieux naturels pourrait représenter un marché de 3 milliards d’euros en 2020 – et les autres qui estiment pouvoir compenser financièrement toute perte de biodiversité, créant ainsi un « droit à la destruction ».

Médicaments et tissage

En octobre 2006, la publication du rapport Stern avait eu l’effet d’une bombe. Il concluait que, sans réaction, les coûts du changement climatique équivaudraient à une perte d’au moins 5 % du PIB mondial par an. Son « petit frère », le rapport Sukhdev sur la biodiversité, vise aussi l’électrochoc. Les premiers éléments publiés sont impressionnants : la valeur monétaire mondiale des services rendus par les écosystèmes (1) s’élève à environ 23 500 milliards d’euros par an, soit près de la moitié du PIB mondial.

Selon Pavan Sukhdev, la disparition de la seule forêt de Masaola, à Madagascar, représenterait une perte de 1 milliard d’euros pour l’industrie pharmaceutique, de 3,5 milliards pour le tourisme et de 3 milliards pour les 8 000 ménages qui dépendent des aliments, des médicaments naturels et des matériaux de construction ou de tissage issus de cette zone.

Meilleur limier

Avec la loi de 1976 sur la protection de la nature, la France faisait figure d’avant-garde sur ce sujet. Ce texte prévoyait déjà des études d’impact environnemental et l’obligation de réparer les dommages causés par les infrastructures routières ou immobilières par exemple. Sauf que sans travail de quantification de la biodiversité, il n’a jamais été réellement appliqué… Boostée par le Grenelle, la France a mis son meilleur limier sur le coup : Bernard Chevassus-au-Louis, ancienne tête pensante de l’Inra et du Muséum national d’histoire naturelle.

En avril, son rapport Approche économique de la biodiversité et des services liés aux écosystèmes estimait que la perte des services écologiques pourrait représenter jusqu’à 7 % du PIB mondial en 2050. Mais il concluait aussi qu’il était impossible de donner une unité de mesure de la biodiversité, semblable à celle de la tonne pour le CO2. La bataille sur le prix de la nature ne fait que commencer. 

(1) Aujourd’hui sont distinguées trois catégories de services : ceux de prélèvement tels la nourriture, l’eau douce, le bois ; ceux dits de régulation (stockage de carbone, filtration de l’eau, maladies) et ceux dits culturels comme la beauté, l’héritage culturel ou les croyances religieuses.

Photo : Guillaume Rivière

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