publicité
haut
Accueil du site > Actu > Société > Aujourd’hui, j’arrête > « S’extraire du bruit extérieur pour écouter son vacarme intérieur (...)
Article Abonné
26-06-2014
Mots clés
Social
Santé
France
Entretien

« S’extraire du bruit extérieur pour écouter son vacarme intérieur »

Taille texte
{#TITRE,#URL_ARTICLE,#INTRODUCTION}
« S'extraire du bruit extérieur pour écouter son vacarme intérieur »
(Crédit photo : mauro magrini )
 
L’envie d’une autre vie est-elle un besoin réel ou un désir passager ? Séverine Millet, à l’initiative d’une passionnante lettre d’information autour du changement, invite à se poser les bonnes questions. Et donne quelques réponses.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
SUR LE MÊME SUJET

Avec Séverine Millet, on n’a pas affaire à une coach du mieux-vivre ordinaire. Elle a publié un ouvrage que les plus sensibles connaissent : La Stratégie du colibri (Editions Minerva, 2008). Forte de son expérience auprès des associations, d’abord en tant qu’avocate, puis en tant que consultante, elle a créé Nature humaine. Cette association publie régulièrement de passionnantes lettres d’information qui contiennent du jamais lu ailleurs. Grâce à elles, le lecteur explore les dimensions humaines de la crise écologique, c’est-à-dire psychologiques, sociologiques, anthropologiques, culturelles ou philosophiques. Konrad Lorenz, biologiste et zoologiste autrichien, prix Nobel de médecine en 1973, aurait un jour affirmé : « J’ai trouvé le chaînon manquant entre le singe et l’homme… c’est nous ! » Avec les lettres de Nature humaine, on a trouvé le chaînon manquant entre psychologie et écologie !

Comment accueillir le désir de changement ? Comment le repérer ?

Ce désir peut être autant un élan vers d’autres choses qu’un refus de ce qui est là. Il existe deux types d’élan : le premier, réactif, est de surface, le second est basé sur une motivation profonde. En premier lieu, il faut donc faire un diagnostic intérieur. Il est essentiel – pour la pérennité du projet – de bien analyser si l’envie de changer est une fuite (de soi, du monde) ou si elle répond à un besoin vital profond, au sens des besoins essentiels à l’épanouissement de l’être, chers à Abraham Maslow (psychologue américain, ndlr) : vivre en cohérence avec soi, être plus proche de soi et des autres, trouver un rythme de vie en accord avec sa santé, etc. La motivation de base est le terreau de la réussite finale. Dans tout projet, il faudra affronter des difficultés administratives, des aléas. Il est donc essentiel de fonder son action sur une motivation solide afin que le ferment de l’élan soit plus puissant que les peurs ou les doutes. Si ce désir est superficiel, on sera sujet à des démotivations et l’on aura du mal à faire face à la réalité. Par ailleurs, il faut identifier clairement notre désir sous-jacent : que voulons-nous vraiment ? Il faut savoir distinguer la stratégie et le besoin. Il faut faire la différence entre le besoin de se changer les idées et la stratégie qui consiste à aller au cinéma pour répondre à ce besoin.

Comment apprendre à écouter cette petite musique lancinante qui serine qu’il faut changer ?

En général, les gens ne s’écoutent pas. Or, si on ne s’écoute pas, il n’y a pas d’issue possible : on somatise, on tombe malade, on s’épuise. S’écouter, c’est la première bombe à poser dans notre société stressée et formatée : s’extraire en priorité du bruit extérieur pour mieux écouter son vacarme intérieur. Cela peut passer par une balade en forêt, du yoga, de la méditation, du taï chi… N’importe quoi, tant que l’on retrouve des espaces de silence en nous. Notre vacarme intérieur peut être terrifiant, ambitionne de tout contrôler et nous emmène ailleurs que là ou nous voulons aller. Il faut lui tordre le cou.

Le changement provoque doutes, peurs, angoisses ou, au contraire, enthousiasme, voire hystérie…Comment contenir ces émotions fortes ?

Certains d’entre nous n’ont pas peur du tout, précisons-le ! Mais il est vrai qu’un changement profond va provoquer beaucoup de remous intérieurs. Résister est une réaction normale. L’essentiel est d’être conscient de cette résistance. Revenir à notre élan premier, le nourrir, poser des actes pas après pas est alors nécessaire pour garder le cap. Ne pas refouler nos émotions, les accepter comme un processus normal doit être fait en parallèle afin qu’elles ne ressortent pas comme des diables de leur boîte dans les moments difficiles. Lorsqu’on désire changer sa vie, on s’engage dans un processus de deuil émotionnel, ni plus ni moins. Et pour cela, il est préférable d’être accompagné. Cela peut prendre diverses formes : une thérapie courte, un coaching… Mais je pense qu’il vaut mieux éviter les personnes de « bon conseil » et se faire confiance.

En partant en pleine nature, ne résout-on pas la moitié de ses problèmes ?

Ceux qui veulent retourner en pleine nature doivent savoir qu’un changement de décor n’est pas toujours suffisant : aussi loin qu’ils aillent, ils n’échapperont pas à leurs névroses, à leurs angoisses, à leurs fonctionnements douloureux. Le stress est lié à l’environnement, certes, mais il est aussi en nous. A un moment donné, il faudra lui faire face.

Faut-il tout changer tout de suite ?

Je crois plutôt à la stratégie des petits pas. Face à un projet d’envergure, chaque pas ancre le projet, le matérialise et nous conforte dans notre choix. Lorsqu’il s’agit de changer de vie, en parler à son conjoint, à ses enfants, écouter leur réaction, en discuter, c’est déjà un bon début. Chaque pas en amène un autre. Il m’est arrivé d’accompagner des responsables du développement durable de grands groupes qui se plaignaient de l’inaction de leur conseil d’administration. En réalité, ils avaient eux-mêmes développé un plan si ambitieux qu’ils ne savaient pas par où commencer. « Tant que nous ne nous engageons pas, le doute règne, la possibilité de se rétracter demeure et l’inefficacité prévaut toujours », disait Goethe…

Changer est-il facile ou pénible ?

Si tout se base sur un désir profond, c’est plus simple. Les doutes subsisteront, mais ce processus va déclencher d’autres élans, ce sera une chaîne de créativité. Ecouter ses élans, garder sa spontanéité, c’est la racine de la joie. Les signes que nous exprimons un désir profond ? Une clarté intérieure, un sentiment de justesse, de joie, d’évidence. Ne pas oublier non plus que le bonheur, c’est tout de suite. Inutile de se flageller sur la voie du bonheur. Il faut commencer maintenant et ajuster son plan d’action vers quelque chose qui fasse plaisir. Amusez-vous ! —
Faites réagir vos proches, diffusez l'info !
Vous aimez Terra eco ? Abonnez-vous à la Newsletter

Journaliste errant dans les sujets environnementaux depuis treize ans. A Libération, mais de plus en plus ailleurs, s’essayant à d’autres modes d’écriture (Arte, France Inter, Terra of course, ...). Il y a deux ans, elle a donné naissance (avec Eric Blanchet) à Bridget Kyoto, un double déjanté qui offre chaque semaine une Minute nécessaire sur Internet.

TOUS LES COMMENTAIRES
COMMENTAIRES SÉLECTIONNÉS
RÉPONSES DE LA RÉDACTION
Trier par : Plus récents | Plus anciens
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions
Soyez le premier à réagir à cet article !
PUBLIER UN COMMENTAIRE

Un message, un commentaire ?

  • Se connecter
  • Créer un compte

publicité
1
publicité
2
    Terra eco
    Terra eco
publicité
3
SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
publicité
bas