Pêcher (toujours) plus rapporte (toujours) moins

Les chalutiers industriels modernes sont 17 fois moins efficaces que les bateaux de pêche de l’époque victorienne. C’est la conclusion d’une étude menée par trois chercheurs de l’université de York (Royaume-Uni) qui ont recoupé les registres de pêche anglais depuis 1890. Ils ont montré qu’aujourd’hui, après 120 ans de progrès technologiques dans le domaine maritime, les chalutiers ramènent au total deux fois moins de poissons qu’à la fin du XIXe siècle, et même cinq fois moins qu’en 1938, date du record de prises jamais enregistrées.

Pêcher toujours plus vite, plus profond et plus loin n’a pas amélioré les rendements, au contraire. L’étude publiée par le site Nature Communications, la revue en ligne du célèbre journal scientifique Nature, montre que la surpêche a en réalité tant amoindri les stocks de poissons disponibles que les prises diminuent sans cesse.

Pour bâtir leur étude, les chercheurs ont comparé les stocks relevés chaque année en criée à la capacité de pêche des différents bateaux. En découle un ratio, le volume de poisson récolté par unité de pêche (une unité correspond à la capacité d’un seul bateau à voile de la fin du XIXe). Appliqué aux différentes espèces, ce ratio montre une dégradation extrême de la situation de certaines espèces. Il est 500 fois plus difficile de pêcher du flétan aujourd’hui qu’il y a 118 ans. De même, il est 100 fois plus difficile de pêcher de l’aiglefin ou encore 20 fois plus pour le merlu.

Selon les auteurs, ces résultats sont « bien pires que ceux des études dont on disposait jusqu’à aujourd’hui ». Ils plaident pour que les gouvernements européens « reconnaissent les évolutions qui ont cours ». Selon eux, « La réforme de la Politique commune de pêche en Europe nous donne une opportunité d’établir des objectifs en matière de protection de la ressource qui reflète le véritable état des fonds marins. »