publicité
haut
Accueil du site > Actu > Énergie > Nucléaire : "Sarkozy a un discours purement marketing"
Article Abonné
9-03-2010
Mots clés
Politique
Interview

Nucléaire : "Sarkozy a un discours purement marketing"

Taille texte
{#TITRE,#URL_ARTICLE,#INTRODUCTION}
Nucléaire : "Sarkozy a un discours purement marketing"
 
Paris accueillait cette semaine une conférence ministérielle internationale sur la relance du nucléaire civil. En ouverture de l'événement, Nicolas Sarkozy a appelé à en faire un "ciment de la solidarité internationale". Réponse de Greenpeace avec Sophia Majnoni d'Intignano.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
SUR LE MÊME SUJET

Terra eco : que pensez-vous des déclarations de Nicolas Sarkozy ?

Sophia Majnoni : On est toujours dans cette communication sur la renaissance du nucléaire alors qu’on a démontré maintes fois que ce n’est pas le cas. On est de plus dans une période de forte contestation autour de la gestion des déchets, on a une crise de gouvernance entre EDF et Areva, une crise à la tête d’Areva. Pour faire bonne figure, on organise une conférence pour dire que tout va bien, qu’on maîtrise tout et que ceux qui sont contre le nucléaire veulent que les pauvres soient encore plus pauvre. On nous dit que d’ici les 10 prochaines années, on va multiplier par 50 le parc nucléaire actuel, que l’on va développer dans ces pays un réseau de lignes à très haute tension (THT) sans bien sûr aucune opposition locale. Et ce avec de l’argent qui viendra des institutions internationales. Mais à part ça on développera les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, c’est évident. Il y aura assez d’argent pour tout faire et de bras pour tout construire... C’est aberrant, qu’il laisse ça aux communicants... C’est un discours purement marketing alors que la responsabilité d’un chef d’Etat est d’adopter un discours honnête, transparent et responsable.

Le président estime également que les fonds carbone doivent aller à "toutes les énergies décarbonées"

On a là aussi une part de discours marketing. Quand on raisonne en terme d’analyse du cycle de vie, on voit que par exemple l’extraction minière est fortement émettrice de CO2. Non, le nucléaire n’est pas une énergie décarbonée. Ensuite, on calculé que même avec une multiplication par quatre du parc, la contribution à la lutte contre le réchauffement climatique ce serait 6%. C’est une illusion si l’on compte le temps de déploiement, l’argent et les compétences techniques nécessaires, alors que rien que pour maintenir la part du nucléaire, il faudrait remplacer les centrales qui commencent à arriver en fin de vie. Dans un pays non nucléarisé il faut déjà mettre en place une culture de la sûreté nucléaire qui est très importante. Il faut créer les règles, il faut envoyer des équipes pour former des gens. Et après il faut construire les réacteurs : non seulement, cela qui nécessite encore 6 ans et des compétences techniques. Par ailleurs, il faut adapter tout le réseau. On voit que même en France cela pose problème. En Paca, il y a tous les ans des pénuries parce qu’il n’y a pas de ligne THT pour acheminer l’électricité, car la région s’y est opposée. Rien que la mise en place de ce réseau coûte des milliards d’euros et prend des dizaines d’années. Au Sénégal [qui figure parmi les candidats au nucléaire civil, ndlr], la plupart des villages ne sont pas reliés à l’électricité.

Mais Nicolas Sarkozy est bien obligé de défendre l’industrie française ?

On ne peut pas l’accuser de tous les maux de la France. C’est sûr que les choix politiques qui ont été fait ont empêché le développement d’autres types d’industries, comme le solaire, qui avait le vent en poupe en 1975. Quand on met énormément d’argent dans une filière comme le nucléaire on est obligé de créer le discours politique qui va bien derrière. Mais dans 15 ans on pourra reprocher à Nicolas Sarkozy de ne pas avoir saisi l’opportunité de faire un mea culpa en disant : « Ok non n’a peut-être pas fait les bons choix, on va tout miser sur d’autres types de solutions et un autre genre de réflexion ». Dans ces pays il y a un gisement de ressources : au-delà du solaire, qui est le ba-ba en Afrique, vous avez par exemple une production très importante de déchets organiques qui permettent de faire du biogaz. Mais au lieu de ça, on va mettre une centrale nucléaire ? C’est le niveau zéro de la réflexion. A aucun moment on ne s’est posé autour de la table avec un esprit critique en disant « voilà quelles erreurs on a fait en France ». On est incapable de se remettre en question.

- A lire aussi sur Terra eco :

- Nucléaire : Et si la faille, c’était l’homme ?

- Les outsiders du nucléaire

- Yannick Jadot : « Stop aux mythes d’un nucléaire propre et d’un charbon non polluant »

Faites réagir vos proches, diffusez l'info !
Vous aimez Terra eco ? Abonnez-vous à la Newsletter

Journaliste, collaborateur régulier pour Terra eco.

TOUS LES COMMENTAIRES
COMMENTAIRES SÉLECTIONNÉS
RÉPONSES DE LA RÉDACTION
Trier par : Plus récents | Plus anciens
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions
Soyez le premier à réagir à cet article !
PUBLIER UN COMMENTAIRE

Un message, un commentaire ?

  • Se connecter
  • Créer un compte

publicité
1
publicité
2
    Terra eco
    Terra eco
publicité
3
SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
publicité
bas