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19-06-2012
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Les liaisons dangereuses de la Fondation Gates

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Les liaisons dangereuses de la Fondation Gates
(Melinda et Bill Gates. Crédit photo : World economic forum - flickr)
 
Les Amis de la Terre dénoncent les liens croissants entre les Nations unies et les multinationales. Particulièrement visée : la Fondation Gates, gagnée aux intérêts des lobbys, et qui soutient massivement quelques programmes onusiens.
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Débarrasser les Nations unies de l’influence croissante des multinationales : c’est l’appel lancé par les Amis de la terre en marge de Rio+20. Dans un rapport présenté cette semaine, l’organisation internationale met en cause le lobbying des grandes entreprises auprès des gouvernements et des différentes agences de l’ONU, pourtant censées être indépendantes.

Est-il normal, par exemple, que l’auteur d’un rapport sur l’économie verte pour le compte du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) ne soit autre qu’un cadre dirigeant de la Deutsche Bank ?

« Ce ne sont plus les gouvernements qui consultent les entreprises, mais les entreprises qui consultent le gouvernement », souligne le rapport. Cette inversion des tendances dans les arcanes des organisations internationales mettrait en danger les principes et l’esprit même des Nations unies. En cause : les partenariats et les liens de sponsoring avec les industriels comme Dow Chemicals, Coca Cola, Shell, Exxon ou le géant des mines Rio Tinto. Ces entreprises, déplorent les Amis de la terre, sont pourtant connues pour « leur longue histoire de violation des droits de l’Homme et de pollution environnementale ».

Petits arrangements entre amis

Prenez la Fondation Bill et Melinda Gates. D’après les Amis de la terre, l’organisation philanthropique du multimilliardaire de l’informatique est étroitement liée aux géants des OGM Monsanto et DuPont qui « développent des mauvaises solutions aux crises alimentaires, [...] compromettent le droit et l’accès à la nourriture, tout en boostant leurs profits ». Or, elle soutient massivement certains organismes onusiens.

Ces sept dernières années, la fondation a contribué au développement de l’agriculture à hauteur de 1,5 milliard de dollars (1,2 milliard d’euros). Parmi ceux-là, 155 millions de dollars (123 millions d’euros) ont été dépensés pour soutenir des projets co-financés par le Fonds international de développement agricole (Fida), un programme spécial des Nations unies.

Le Fida, dénoncent les Amis de la terre, aurait donc été « capté » par la Fondation Gates et les lobbys semenciers. Et pour quels objectifs ? Plusieurs programmes d’aide, dont l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (Agra), développée par les Fondations Gates et Rockefeller et là aussi cofinancée par le Fida, s’attachent à transformer tout le système des semences en Afrique, au risque de condamner l’agriculture vivrière. D’autres projets soutiennent la recherche pour le développement d’un sorgho « biofortifié », une plante peu gourmande en eau. Les bénéficiaires de ces « bourses » partiellement soutenues par l’argent public ? L’américain DuPont, le suisse Syngenta ou encore le français Veolia.

Philanthropique vraiment ?

Pas de doute, le cœur de la Fondation Bill et Melinda Gates bat à l’unisson du lobby industriel. En 2010, nous dit encore le rapport des Amis de la terre, elle a acheté pour 23 millions de dollars (18 millions d’euros) d’actions Monsanto. Elle a aussi monté un partenariat avec le géant des matières premières alimentaires Cargill pour introduire le soja auprès des petits agriculteurs africains. Conflit d’intérêt ou petits arrangements entre amis ? La crainte principale est de voir émerger un marché des semences privées dans les pays les plus pauvres du globe.

Ce n’est pas la première fois que la Fondation s’attire les critiques des ONG et des médias. En 2007, une enquête du Los Angeles Times avait déjà révélé qu’elle avait investi dans des sociétés largement décriées comme le pétrolier ConocoPhillips et le géant de la chimie Dow Chemical - mais si, souvenez-vous : par le biais de sa filiale Union Carbide, Dow Chemical est responsable de la catastrophe environnementale de Bhopal qui a fait des centaines de milliers de victimes en 1984 en Inde. Des victimes toujours en attente d’indemnisation. Dow Chemical est également productrice de l’agent orange, employé par l’armée américaine lors de la guerre du Vietnam.

Le droit de fricoter avec n’importe qui ?

Mais après tout, la Fondation Bill Gates est une fondation de droit privé. N’a-t-elle donc pas le droit de fricoter avec qui elle veut ? Le problème commence quand les institutions internationales et les gouvernements délèguent la lutte contre la pauvreté au secteur privé, souligne encore Les Amis de la Terre. Un secteur qui mise inévitablement sur le développement technologique (biosynthèse, nanotechnologies, OGM...) et « l’intensification durable » des cultures pour faire reculer la famine. Une tendance qui ouvre des boulevards aux multinationales de l’agroalimentaire dans les pays en voie de développement, mais contribue à l’augmentation des inégalités et à la dégradation de l’environnement.


Après leur campagne « La nature n’est pas à vendre », les Amis de la Terre haussent donc le ton. Et recommandent à tous les participants à Rio+20 d’écouter les propositions alternatives du Sommet des peuples et de demander des comptes aux industriels qui salissent l’environnement.

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