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Les beaux jours du dopage

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Comme un rituel, les révélations sur le dopage dans le sport fleurissent avec la tournée estivale des “artistes” du Tour de France. Ici, un athlète contrôlé positif, là un laboratoire mis en cause... On frôle la rubrique des faits divers. Pourtant, le dopage dépasse ces clichés. Impliquant de nombreux pans de nos sociétés, cette pratique est l'aboutissement de logiques très individuelles, face auxquelles s'est structuré un circuit économique international, draînant quelque 8 milliards d'euros. Et pas près de se tarir.
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C’est d’abord une histoire presque banale. Celle de Sophie. Un petit bout de jeune fille folle de ski et de pentathlon [1]. Dans sa tête d’adolescente, des images de résultats et de carrière de sportive de haut niveau. Et puis patatras. Un accident, une opération, l’avenir remis en cause. Pas pour elle. Malgré un handicap pulmonaire, elle pousse au maximum aux entraînements - jusqu’à quatre séances par jour - enchaîne la compétition de pentathlon l’été tout en préparant celle de ski pour l’hiver et inversement. "J’arrivais à l’entraînement prête à tout casser, c’était une vraie bagarre contre moi-même. Je devais prouver que même diminuée je pouvais faire plus que les autres."

"J’aurais pris n’importe quoi"

Mais les résultats ne viennent pas. Vitamines, homéopathie... rien n’y fait. "J’avais le sentiment d’être un cavalier sur un poney qui refuse d’avancer. Mon corps ne voulait pas." Une visite chez le médecin comme un ultime recours, et puis le verdict sans appel : "Tu pousses la machine trop loin." "Ce jour là, se souvient Sophie, j’aurais pris n’importe quoi si on me l’avait prescrit. J’étais prête, même si au fond de moi-même j’avais aussi besoin d’entendre que j’avais tout simplement atteint mes limites physiques."

L’histoire de Christophe Bassons, coureur cycliste pour Festina, La Française des Jeux puis Jean Delatour est éloquente elle aussi. Considéré comme "plein de promesses" par son environnement - on lui prédisait une victoire finale dans le Tour de France - ce Tarnais de 1 mètre 85 va donner un grand coup de pied dans la fourmilière. "J’ai découvert le dopage au bataillon de Joinville quand je voyais les gars se faire des injections de fer ou de corticoïdes. Et puis je me suis aperçu que pour eux, c’était une pratique courante. "Pour être cycliste professionnel, il faut le faire", me disaient-ils." En 1996, il intègre l’équipe Festina gagne 12000 francs par mois puis rapidement 28000. Son entourage croit en lui.

Aucun regret

Mais pour passer à l’échelon supérieur, aucun doute selon son entourage sportif : Christophe Bassons doit se doper. Pressions. "On me proposait 300000 francs par mois dans les deux ans, en échange d’une prise régulière et suivie d’EPO." Le cycliste ne suit pas. Pire, il dénonce et quitte le Tour en pleine épreuve en 1999. Sur les routes, le peloton l’ignore, le déteste, ne lui adresse plus la parole. Lui, n’en fait qu’à sa tête. "J’étais dépité d’être toujours devant en hiver pendant les entraînements et me retrouver en queue pendant les courses." Il finit par raccrocher le vélo. Interrogé en 2003 lors du Tour de France du Centenaire, alors qu’il est déjà retraité, sur l’absence de coureurs contrôlés positifs, il répond dans un grand sourire : "Le dopage ? Je crois que c’est fini, tout le monde est propre maintenant..." L’homme est un atypique. Des coureurs - Lance Armstrong et Richard Virenque en tête - au directeur du Tour Jean-Marie Leblanc, en passant par les médias... Christophe Bassons en a reçu plein la besace mais assume aujourd’hui son choix sans regret.

Deux histoires. Celle de Sophie en lutte contre elle-même, celle de Christophe contre un milieu, un système parfaitement rôdé. Au bout du compte, la même issue. Tous les deux ont refusé le dopage. Et mis un terme à leur carrière.

"Le dopage est la norme"

Mais quid des autres ? Comment bascule-t-on de l’autre côté ? Selon Patrick Laure, médecin et chercheur associé au Centre de recherche en sciences du sport, tout commence par la réunion de trois éléments : une personne, un produit, un environnement. "Ce trio définit la conduite dopante." Pour certains, la pression du dopage viendra de l’environnement familial, pour d’autres de l’encadrement du club (entraîneurs, dirigeants, partenaires...), de la compétition elle-même et des rythmes sans cesse accrus. En fait, explique Jean-François Bourg, chercheur au Centre de droit et d’économie du sport à Grenoble, "c’est souvent un mélange de tout cela, et c’est pour cette raison que le niveau du sportif n’a pas d’importance. On peut être amateur, cycliste du dimanche, ou champion du monde, les motivations pour se dépasser existeront toujours. Au final, seuls les moyens diffèrent." L’argent et la pression des sponsors peuvent-être eux-aussi des moteurs, mais ne sont donc que rarement seuls en cause. Pour Patrick Laure, les sportifs n’ont fait que s’approprier des conduites (de dopage) qui existaient déjà. "En fait, ils n’ont fait que les perfectionner."

Jean-François Bourg va encore plus loin. Selon lui, le dopage n’est pas une "pratique déviante, mais bien la norme. C’est une attitude presque naturelle dont le ressort central est très intime, souvent lié au culte de l’individualisme, au système marchand et libéral." Selon l’économiste, "dans cette logique c’est la liberté individuelle qui prime, avec un objectif : le retour sur investissement. L’homme n’a jamais pu accepter ses limites physiques ou mentales", ajoute-t-il, en concluant sur cette définition du sociologue de l’Insee Patrick Mignon qui explique que le dopage c’est "pour être soi, pour être mieux, pour être mieux que soi."

Davantage de prévention

Le terreau du dopage est donc immensément riche et concerne jusqu’au quidam, le sportif professionnel [2] n’étant finalement qu’un aspect médiatique du débat. Pas étonnant dès lors, que la demande en produits dopants soit, elle-aussi, très large. "Tout le problème est là", détaille Dorian Martinez psychologue coordinateur au Numéro vert Ecoute Dopage [3]. "On nous appelle aussi bien pour améliorer son image physique quand on fait de la musculation, que pour donner un coup de fouet à des performances." Le service Ecoute Dopage (huit psychologues, et un médecin) renseigne ainsi "tous azimuts", avec une constante toutefois. "Plus le niveau sportif est bas, plus la personne sera demandeuse d’informations sur le risque santé, résume Dorian Martinez. Et plus son niveau sera élevé, plus ses questions tourneront autour du risque sur le contrôle anti-dopage."

Fabrice Bryand, médecin du Football club de Nantes depuis 18 ans insiste sur cette phase d’information et donc de prévention. "Il faut faire encore davantage sur ce terrain, réclame-t-il, car la demande est très forte et ne peut pas systématiquement passer par le médecin du club." Même son de cloche chez Dorian Martinez qui note d’ailleurs "une recrudescence" des appels et des demandes d’infos de la part des pharmaciens et même des médecins sur le dopage. "C’est en train de rentrer dans les mœurs." Preuve que l’inquiétude grandit ? Que la demande en produits dopants sort du bois elle aussi...

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[1] Pentathlon : Tir, natation, équitation, escrime et course

[2] Environ 150000 sportifs professionnels vivent du spectacle, dans le monde

[3] 0800 15 2000 (appel gratuit)

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Président de l’association des Amis de Terra eco Ancien directeur de la rédaction de Terra eco

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