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Les beaux jours du dopage (suite)

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...Car l’offre est là. A portée de main. Depuis la simple pharmacie qui "oublie" d’avertir le client sur le caractère interdit d’un médicament en cas de pratique sportive, en passant par les sites Internet (voir encadré) qui proposent à la vente toute une panoplie de substances et jusqu’aux réseaux mafieux internationaux. "C’est que le marché est énorme, rappelle Jean-François Bourg, entre 4 et 8 milliards d’euros par an, peut-être davantage..." Et pour être parfaitement en phase avec la demande très variée, l’offre est subtilement déclinée. Jean-François Bourg explique en synthétisant, que selon son budget on peut, au choix, acheter un schéma d’entraînement (4500 euros), une médication personnalisée (7000 euros), un programme d’hormones sophistiquées (entre 50000 et 75000 euros). Selon ses calculs, un sportif amateur dépenserait ainsi environ 300 euros par an dans son budget dopage contre près de 75000 pour un professionnel.

"Le dopage ? Un vrai circuit économique !"

"Il y a, c’est évident, un parallèle à établir entre les circuits de la drogue et ceux du dopage, poursuit le spécialiste de l’économie du sport, on peut même dire qu’au train où vont les choses les territoires de l’ex-URSS vont être au dopage ce que la Colombie est à la drogue, si ce n’est déjà fait." Ces réseaux mafieux réunissent quatre groupes de pays. Les producteurs d’abord où l’on retrouve les pays de l’Est (Pays baltes, Pologne, Hongrie, Bulgarie, Russie...), puis les transformateurs où les chimistes entrent dans la danse (Espagne, Suisse, Pays-Bas, Mexique...), les pays de stockage de marchandise ensuite comme la Suisse, et la Belgique, enfin les consommateurs comme les Etats-Unis ou l’Europe occidentale. Pour le financement, pas de mystère, il suffit de suivre la trace des paradis fiscaux. La récente affaire Cofidis dans le cyclisme - pour ne prendre que celle-ci - a révélé un dopage organisé de toute l’équipe et trouve ses sources financières dans une caisse noire... au Luxembourg.

Pourtant, dans les discours, le dopage n’arrange personne. Richard Hullin, patron d’Adidas France confie que "cela dérangerait profondément sa marque s’il fallait concilier passion du sport et tricherie." Virgile Caillet responsable de France Athlétisme communication (la filiale marketing de la fédération française) estime que "nous sommes à des années-lumière de ce qui se passe aux Etats-Unis." On voudrait bien le croire. Tout comme on voudrait bien croire la communication de l’Euro 2004 de football pendant lequel il n’y a eu qu’un seul cas de joueur contrôlé positif - (le médecin avait oublié de faire parvenir l’ordonnance qui prescrivait le médicament interdit).

Trente ans de décalage

"Ne rêvons pas, lâche Dorian Martinez d’Ecoute Dopage. La réalité, c’est que l’on préfère sanctionner un joueur pour un crachat, et ne rien dire pour une prise de produits interdits. C’est tout." Frédéric Douzé, au service communication de la flambante agence mondiale anti-dopage (créée en 1999) juge pourtant que "nous sommes en train d’assister à un changement significatif, l’écart entre tricheurs et front antidopage, se réduisant tous les jours." Une remarque qui fait sourire Jean-François Bourg. "Une agence mondiale c’est très bien, mais expliquez-moi pourquoi, par exemple, on est passé en France de 950 produits interdits, à seulement 650 aujourd’hui avec le nouveau code antidopage mis en place par l’AMA ?"

Un combat perdu d’avance. "Il existe entre vingt et trente ans de décalage entre le début d’usage d’un médicament, la date de son interdiction et la mise en place de sa détectabilité", affirme Patrick Laure. Les hormones de croissance, par exemple, apparues dans les années 1980, ne sont toujours pas repérables. "Comment faire ?" s’interroge Patrick Laure. Tout interdire, tout légaliser ? Un chiffre : dans les courses hippiques, entre 12000 et 13000 contrôles sont effectués chaque année avec un résultat de 1% de tests positifs. Chez l’homme, le résultat est de 6% pour 8000 prélèvements ! La différence ? Pour les courses hippiques, tous les produits sont interdits, alors que pour l’homme, on l’a vu, seulement 650 sont sur la liste rouge, une liste que l’on peut transgresser en présentant une ordonnance...

"Aucune raison que cela s’arrête"

"De toutes façons, ne nous méprenons pas, explique Fabrice Bryand, le médecin du FC Nantes, les professionnels, au plus haut niveau ne prennent pas les produits interdits, quand ils ont vraiment décidé de se doper, ils vont vers des substances que l’on ne connaît même pas." Le dopage, semble-t-il a donc de beaux jours devant lui. Mais bien sûr ! s’exclame Patrick Laure. Il n’y a aucune raison que cela s’arrête. Par définition d’abord, mais aussi parce que beaucoup de gens en tirent profit." Médecins aux honoraires indexés sur la performance de l’athlète, industrie pharmaceutique dont les médicaments sont détournés de leur vocation thérapeutique, clubs et championnats sportifs, athlètes eux-mêmes, sponsors... Toute la grande famille du sport y trouve son intérêt.

"Ce qui ne cadre pas dans toute cette histoire, analyse Jean-François Bourg, ce ne sont pas les sommes en jeu (400 milliards d’euros dans le sport soit 2,5% du commerce mondial), mais bien le fait que le sport véhicule des valeurs éthiques. La contradiction est énorme." Alors comme il faut bien lâcher du lest, les médias, les autorités de contrôle, les fédérations jettent en pâture assez régulièrement, des noms d’athlètes, des trafics démantelés, des laboratoires... Curieusement, ces affaires qui éclatent au grand jour, sont souvent le fait de sombres règlements de comptes (Festina, Balco aux Etats-Unis, Juventus de Turin...).

Tous complices

"Le dopage n’est pas une attitude déviante, écrit donc Jean-François Bourg, mais bien une pratique naturelle." Alors pour sauver les apparences, faisons comme si. Décodons les commentaires des journalistes sportifs quand ils parlent de performances d’extraterrestre, de progression fulgurante, ou d’endurance hors du commun. Décodons aussi les batailles judiciaires actuelles aux Etats-Unis autour des athlètes Montgomery, Jones et autres et de leurs relations sulfureuses avec le laboratoire Balco... à quelques mois de la décision du Comité Olympique qui déterminera le choix des JO 2012... pour lesquels New York est candidate ! Décodons les tristes confessions de sportifs qui ne "savaient pas et qui faisaient totale confiance à leur médecin". Un chiffre pour terminer. Connaissez-vous la profession la plus dangereuse aux Etats-Unis ? Ouvrier ? Policier ? Non. Footballeur professionnel. L’espérance de vie ne dépasse pas 55 ans.

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