Le régime qui coupe le gaz

Un paysan, Jean-Pierre Pasquet, se demandait pourquoi son beurre était moins tendre l’hiver. Un agronome, Pierre Weil, trouvait les paysages ruraux bien changés. Des discussions de ces deux-là est sorti un régime au poil. « La biodiversité des champs a été remplacée par des monocultures et les animaux sont nourris au maïs-soja, explique l’agriculteur. Le résultat, c’est qu’en quarante ans on a créé un déficit d’oméga 3 dans nos productions. »

En 2000, ils créent avec la société Valorex, spécialisée dans l’extrusion, une technique industrielle de pression des graines qui améliore leur digestibilité, et l’association Bleu-Blanc-Coeur qui compte aujourd’hui 5 000 producteurs.

25% de méthane en moins

Le cahier des charges impose une alimentation équilibrée, notamment à l’aide de graines de lin. Après des années d’essais, ils constatent en effet que l’apport de cet oléagineux redonne aux aliments le goût qu’ils avaient lorsque les bêtes étaient aux champs. De quoi intriguer l’Inra.

Quelque 150 publications scientifiques et cinq études cliniques sur les humains plus tard, la diète a fait des émules. Face à un régime standard, celui de Bleu-Blanc-Coeur produit quatre fois plus d’oméga 3 dans la viande, cinq fois plus dans le lait, et 15 % de matières grasses en moins dans les produits. Les porcs soumis à cette cure ont divisé par cinq leurs visites chez le vétérinaire. Les vaches laitières produisent 10 % de lait en plus. Et, cerise sur le bestiau, ces championnes de l’éructation émettent 25 % moins de méthane ! Sept cents produits de grande consommation arborent désormais le logo qui dégaze.