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21-06-2012
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Europe

Allemagne - Grèce : on a vu le match avant tout le monde

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Allemagne - Grèce : on a vu le match avant tout le monde
(Crédit photo : Flickr / zigazou76 )
 
L'éclatement de la zone euro vous inquiète plus que l'élimination de l'équipe grecque par la Mannschaft au championnat d'Europe ? On refait le match !
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Vous le savez peut-être, l’Allemagne rencontre l’équipe de Grèce en quart de finale de l’Euro de football ce vendredi. Si l’Allemagne gagne, on dira que le meilleur l’a emporté et que la Grèce a déjà fait fort en se qualifiant pour les quarts. Si la Grèce l’emporte, on célébrera la nation de débiteurs qui s’apprête peut-être à refaire le coup de 2004. Voilà pour le football. Sauf qu’un match bien plus important a déjà commencé depuis 2009, et se joue sur le terrain économique. Terra eco vous en livre les clés.

Les entraîneurs :

Angela Merkel : La chancelière allemande est une inconditionnelle du Catenaccio. Sa politique économique est régie par la modération et la prudence.

Georges Papandréou : Il est le premier Ministre de la Grèce pendant la majeure partie du match soit d’octobre 2009 à novembre 2011. Souvent contesté par ses adversaires comme par ses compatriotes, il pourrait un jour être réhabilité comme l’homme qui a osé faire le sale boulot.

Loukas Papadimos : Le successeur de Papandréou fut gouverneur de la Banque centrale hellénique entre 1994 et 2002. A ce titre, il a participé au trucage des comptes de son pays.

Echauffement :

L’échauffement débute entre 2000 et 2008 et ressemble à la fable de la cigale et de la fourmi. A l’époque, les taux d’emprunts sont très bas en Europe. Les pays peuvent donc s’endetter à bas coût. Une bonne nouvelle pour la Grèce (mais aussi l’Espagne, l’Italie, la France...) qui ne manque pas de recourir aux emprunts pour importer des produits et booster son économie. C’est aussi une très bonne nouvelle pour l’Allemagne. Non seulement le pays a recours aux emprunts à bas taux, mais en plus elle profite de cette tendance grâce à son économie largement tournée vers les exportations. Cette période faste entraîne une forte augmentation des salaires dans toute l’Europe. Mais un pays décide de bloquer cette hausse à l’intérieur de ses frontières : l’Allemagne. La différence de compétitivité se creuse en faveur de l’Allemagne, qui exporte toujours plus alors que les autres importent davantage.

Moments clés de la rencontre :


- Coup d’envoi :

La crise met sérieusement à mal le cycle qui régissait le fonctionnement de la zone euro pendant l’échauffement. Le couperet tombe le 4 octobre 2009. Lorsqu’il gagne les législatives, Georges Papandréou, chef du Parti socialiste grec, révèle que le gouvernement précédent a maquillé les comptes publics avec l’aide de la banque Goldman Sachs. Le déficit s’élève à 12% du PIB, deux fois plus qu’annoncé auparavant. Les marchés ne croient plus en la capacité de la Grèce à rembourser ses prêts. C’est le début du match.

- Premier quart d’heure de jeu

L’Allemagne se refuse d’abord à venir en aide à la Grèce. En plein passage à vide politique, la chancelière Angela Merkel s’y oppose vertement. Des tacles assassins, dignes d’un Cyril Rool, fusent : « Athènes devra régler ses problèmes seule », balance Merkel, bientôt suivie par le député libéral Frank Schäffler qui jette lui : « On n’aide pas un alcoolique en lui donnant encore une nouvelle bouteille d’eau-de-vie. ». Le ministre de l’Economie allemand porte l’estocade en annonçant que son gouvernement ne versera « pas un centime » à la Grèce.

- 32è minute : 1 – 0 pour la Grèce

Coup de théâtre dominical. Le 11 avril 2010, l’Union européenne s’accorde finalement sur un plan d’aide de 30 milliards d’euros, conformément à la demande grecque et malgré les réticences de l’Allemagne. Deux semaines plus tard, le plan d’aide est même largement revu à la hausse. Il atteint les 135 milliards d’euros. Le Fonds monétaire international va mettre la main à la poche, du jamais vu en Europe.

- 35ème minute. Égalisation de l’Allemagne

L’officialisation du plan, le 7 mai 2010, rappelle que cette aide ne sera pas un blanc-seing à la Grèce. D’abord la Grèce devra rembourser à un taux de 5%. Ensuite, de nombreuses contreparties sont exigées. Les fonctionnaires perdent leurs 13e et 14e mois de salaire, la TVA déjà à 21% est augmentée de 2%, l’âge de la retraite est repoussé, les budgets des ministères sont revus à la baisse... Les manifestations embrasent le pays, trois personnes meurent dans l’incendie d’une banque provoqué par un cocktail Molotov.

- Mi-temps :

Les deux équipes rejoignent les vestiaires sur un score de parité. Pendant la pause, le match continue hors du stade : les agences dégradent la note de la Grèce, les mesures d’austérité s’accumulent, l’état de santé de la population se dégrade, les Grecs font grève et manifestent.

- Début de la seconde période

En mars 2011, nouveau jeu à somme nulle entre la Grèce et ses créanciers. Celle-ci s’engage dans la douleur à accélérer la rigueur, et obtient en retour une baisse du taux d’intérêt des prêts consentis, et un allongement de leur durée. Mais très vite, chacun prend conscience que cela ne suffira pas.

- Premier quart d’heure de jeu. 2-2

La deuxième mi-temps se poursuit sur une terrible crise boursière, à l’été 2011. Les indices dégringolent de jour en jour, tirés vers le bas par les valeurs bancaires. Il faut décider d’un second plan d’aide. L’Allemagne propose « un partage équitable du fardeau entre les contribuables et les investisseurs privés ». En gros, réduire la dette grecque. En échange, les créanciers pourront avoir plus de contrôle encore sur la politique budgétaire du pays. La décision est validée le 21 juillet 2011.

- 60ème minute : 3-2 pour l’Allemagne

En septembre, L’Europe menace Athènes de ne pas verser la sixième tranche du plan d’aide décidé en mai 2010. Athènes est contrainte à un énième plan d’austérité. Nouvelle réduction des retraites, baisse du nombre de fonctionnaires, nouvelles taxes sur l’immobilier.

- 70 ème minute : Carton rouge pour Papandréou

Après une nouvelle semaine de grèves et de manifestations très dures, le 27 octobre, l’Europe valide un nouveau plan d’aide et une nouvelle réduction de la dette grecque. Le premier Ministre Georges Papandréou n’accueille pourtant pas la nouvelle comme une bénédiction. Berlin a fixé des conditions très strictes à cette aide, considérées comme une atteinte à la souveraineté du pays. Papandréou propose donc de soumettre cette aide à un référendum, avant d’y renoncer sous la pression de ces voisins européens. Désavoué, il démissionne et est remplacé par Loukas Papadimos.

- 80ème minute : 4 - 2

Un énième plan d’austérité est décidé : nouvelles hausses d’impôts, baisse des salaires des fonctionnaires, réduction du nombre de salariés dans le secteur public. Baisse de salaires, réduction du nombre de fonctionnaires, nouvelles taxes… Les tribunes se vident : en Grèce, les plus jeunes sont de plus en plus tentés par l’exil.

- 85ème minute : 5 - 3

Ces plans successifs ne comblent pas les créanciers. « Les promesses de la Grèce ne nous suffisent plus. Ils doivent d’abord mettre en œuvre les parties de l’ancien programme d’austérité et économiser », lâche par exemple le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble.

En janvier et février, les créanciers imposent de nouvelles mesures à la Grèce. Le 10 février, le gouvernement accepte de nouvelles hausses d’impôt, une réduction du salaire minimum de 22% et des pensions de retraite, de nouvelles privatisations... Dans ce contexte, le suicide d’un homme de 77 ans, qui se tire une balle dans la tête sur la place centrale d’Athènes en dit long sur l’état du pays. Un nouveau plan d’aide, est voté le 21 février.

- 90ème minute

Dans les arrêts de jeux, les Grecs jouent avec les nerfs du public. Lors d’une première élection, le 6 mai, les conservateurs de Nouvelle Démocratie (pro-austérité) et la coalition de la gauche radicale (Syriza, anti-austérité) sont au coude-à-coude. Un second scrutin est organisé le 17 juin. La Nouvelle Démocratie l’emporte sur un fil. L’austérité peut continuer.

Bilan du match : La Grèce mène au score : plus de plans d’austérité que de plans d’aide européen. Elle est accusée de ne pas mener à fond ses réformes et l’Allemagne de menacer sa souveraineté. Impossible de désigner un gagnant. La crise va à coup sûr jouer des prolongations.

A lire aussi :

Moment de détente, cette version philosophique du match Allemagne - Grèce vue par les Monty Python :

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