1972. Jigme Singye Wangchuk monte sur le trône du Bhoutan, petit royaume coincé entre la Chine et l’Inde. Alors que le reste du monde a les yeux rivés sur les courbes de croissance économique, cet illustre inconnu sort de sa couronne l’idée d’un indice permettant de mesurer le bien-être des individus. Priorité est donnée au BNB : le Bonheur National Brut. Celui-ci repose sur quatre piliers : un développement socio-économique équitable et durable, la préservation et la promotion des valeurs culturelles du pays, la défense de la nature et une bonne gouvernance.
Un doux illuminé, le roi bhoutanais ? Loin de là. Du tout. 32 ans plus tard, une conférence internationale sur le BNB a rassemblé au Bhoutan 80 représentants de pays étrangers.
Sur la piste des indices
Il faut croire qu’au fil des années de crise économique, de pessimisme et de catastrophes écologiques, l’idée de mesurer le bonheur selon d’autres critères que la richesse a rencontré des échos favorables du côté des occidentaux. Les indices économiques classiquement utilisés présentent plusieurs lacunes. Le sacro-saint PIB (produit intérieur brut) qui mesure uniquement la richesse totale produite par l’activité économique sur un territoire, ne tient pas compte de la redistribution de la richesse dans la population. Il passe sous silence le bien-être mesurable à l’aune de la scolarisation, de l’espérance de vie, du système de santé, de l’occupation du temps libre...Il ne prend pas non plus en compte les activités comme le bénévolat ou le travail à la maison, qui ne sont pas créatrices de richesses financières, mais contribuent pourtant à l’équilibre de vie de la population. Par ailleurs, le PIB présente des effets pervers, comme l’« effet Kobé » baptisé ainsi après le tremblement de terre qui avait dévasté cette métropole japonaise. Un raz-de-marée, et des dizaines d’immeubles sont à reconstruire, ce qui relance le bâtiment. Plus de violence dans les rues, et il faudra construire des prisons, embaucher des policiers, etc. Et le PIB de grimper.
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