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18-11-2004
Mots clés
Environnement
France

L’emballage est une ordure (suite)

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...Alors que l’agrément d’Eco-Emballages doit être signé par le gouvernement avant la fin de l’année - cinq ministères sont concernés - les associations et les collectivités locales militent pour l’augmentation des contributions des industriels au Point Vert (voir encadré). "Nous n’avons pas le choix, insiste Paul Deffontaine. Soit les industriels mettent davantage au pot, soit les contribuables recevront la facture. D’ailleurs, c’est déjà le cas !" Pas de miracle en effet, la distorsion entre les taxes versées par les industriels et les coûts supportés par les collectivités pour la collecte et le traitement des déchets est répercutée sur la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (Teom) qui est en très forte augmentation. [1]

Une goutte d’eau dans la poubelle

La mise en place du tri sélectif ou la mise aux normes d’usines d’incinérations ont en effet un prix. Censé instaurer le principe pollueur-payeur, le Point Vert n’en assure en fait qu’une infime partie : pas plus du tiers des coûts de collecte et de tri des emballages recyclables soit 3% du total du traitement des ordures ménagères ! "Les producteurs de yaourts payent pourtant le Point vert sur chaque pot (1,06 centime de francs en 2002, source Ademe)", note Sylviane Oberle. "On touche là du doigt notre divergence avec Eco-Emballages, qui garde la part versée pour ces emballages non-recyclables alors que les collectivités payent pour leur incinération ou leur mise en décharge". Ces parts sont souvent reversées à la recherche et le développement de nouvelles filières de produits recyclables.

Florence Couraud a pour sa part un avis plus tranché. "On peut se demander s’il est judicieux d’investir des millions pour recycler des emballages dont on pourrait peut-être se passer", affirme-t-elle. Le CNIID milite d’ailleurs pour la réutilisation des emballages (avec la vente de recharges) ou encore la réhabilitation de la consigne. Ce système aurait le mérite d’impliquer un peu plus les consommateurs. Un rapport du commissariat au Plan sur la politique du service public des déchets ménagers souligne ainsi que son système de financement apparaît "déresponsabilisant" et constitue "un véritable archaïsme sur la voie du développement durable."

"Ne nous voilons pas la face, reconnaît Véronique Marie à l’Ademe, nous sommes aujourd’hui vis-à-vis de la prévention et de la réduction des emballages à la source dans une position similaire à celle de 1992 vis-à-vis du tri sélectif". Un vrai désert. "A quoi bon enseigner à un enfant comment trier ses emballages ? Mieux vaut lui apprendre à les réduire", lâche Florence Couraud. "Sans réaction rapide et énergique des pouvoirs publics d’ici à 2010, les trois quarts des départements seront bloqués et devront chercher des exutoires extérieurs de plus en plus éloignés pour leurs déchets. D’une situation de pénurie, nous passerons ainsi à une vraie situation de crise", lit-on dans le rapport du Commissariat au Plan. "Rien de surprenant, sourit Francis Chalot, maire (Vert) de Janville-sous-Juine. Tous les textes de loi européens ou français traitant des déchets, parlent de réduction. Or, rien n’a jamais été fait au plan national".

Des industries très propres sur elles

Mieux, la majorité des sites Internet des institutions officielles en charge de ces dossiers rivalisent d’inventivité pour décliner la couleur verte sur leur portail. "Impossible de faire plus propre que la gestion des déchets", semblent-ils répéter en chœur, photos très "nature" et sourires enjôleurs à l’appui. Voilà pour la façade. Car en coulisse, les discours des attachés de presse sont blindés et les portes de certaines usines d’incinération se ferment au nez des journalistes. Le secteur est bien quadrillé : pour les industriels, la réduction des emballages à la source est un tabou.

Aujourd’hui, la Commission européenne plaide pourtant pour le découplage du secteur des déchets des calculs de la croissance. En clair, on ne doit pas intégrer dans la richesse nationale les emplois et les profits générés pour éliminer ses résidus. Les entreprises Onyx (Veolia, ex-Vivendi Environnement) et Sita (Suez), leaders sur le marché de la collecte, des centres de tri et de l’incinération, n’en ont cure. "Les 3100 entreprises du secteur ont réalisé en 2002 un chiffre d’affaires de 6 milliards d’euros, en progression de 7%, les tonnages vendus après traitement ayant augmenté de 112%. Le secteur bénéficie, il est vrai, de la législation européenne qui impose désormais des taux de recyclage élevés et de la mise en place des nouvelles filières", analyse l’Ademe.

"Trier ? Non ! Réduire ? Oui !"

"Réduire les déchets à la source suppose aussi de revoir nos pratiques", souligne l’économiste Gérard Bertolini, "par exemple, en diminuant notre consommation d’eau en bouteille", et en privilégiant l’eau du robinet. Un travail pédagogique difficile. En Alsace, une initiative a été menée par l’Ademe auprès de 49 communes afin que leurs habitants paient la collecte de leurs ordures en fonction de leur volume et de la fréquence des passages, via un système de pesage. En Allemagne, la consigne est une stratégie largement défendue. En conclusion, "il existe des voies à explorer, estime Paul Deffontaine, mais on touche là à la philosophie de la vie. Sommes-nous prêts, nous citoyens à moins consommer ? Sommes nous prêts à privilégier le bonheur d’un développement qui soit durable au désir immédiat de posséder ? Tout est là."

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Pervers Point Vert

[1] Cet impôt est calculé sur la valeur locative du bien immobilier et non sur les quantités de déchets produites, contrairement aux redevances appliquées par certaines communes.

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Président de l’association des Amis de Terra eco Ancien directeur de la rédaction de Terra eco

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