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18-03-2010
Mots clés
Education
France

L’école face à la controverse climatique

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L'école face à la controverse climatique
 
Alors que des milliers de scientifiques s’échinent à décrypter le fonctionnement de la machine climatique, le sujet est déjà enseigné à des millions d’écoliers. Et ce n'est pas une mince affaire non plus pour les profs.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Les rapporteurs du GIEC vous le diront : le climat n’a rien de simple. Seulement depuis 2004, l’éducation au développement durable (EDD) figure au programme de tous les niveaux scolaires. En 2009, le thème faisait même pour la première fois partie des priorités affichées par la circulaire ministérielle de rentrée. Comme la question climatique est au cœur des enjeux mondiaux, les profs doivent bien s’y coller…

Et ce dès l’école primaire. "En général le sujet n’est pas vraiment étudié. Les instituteurs l’abordent plutôt sous l’angle de la pollution ou de l’énergie. Beaucoup le veulent, mais ne savent pas comment faire par manque de ressources pédagogiques", constate David Wilgenbus, responsable du projet "Le climat, ma planète et moi". Avec des scientifiques, des pédagogues, des profs, l’association "La main à la pâte" a donc concocté cet enseignement clé en main, adopté par 10 000 écoles en France et traduit en plusieurs langues.

Divisé en quatre parties, le menu est copieux : les indices du changement climatique (réchauffement, fonte des glaces, élévation du niveau de la mer…), ses conséquences possibles (déplacements de population, biodiversité, économie), son origine (analyse des climats passés, des phénomènes physiques) et les solutions. "C’est un projet ambitieux, surtout pour l’école primaire, qui s’étale sur une vingtaine de séances", commente David Wilgenbus. Et les incertitudes qui demeurent, à l’image des rôles encore mal compris des nuages ou du soleil sur le climat, ne sont pas occultés.

En attente de réponses

Beaucoup de profs de collège ou lycée n’en demanderaient pas tant, à en croire Benoît Urgelli, chercheur en sciences de l’éducation à l’ENS Lyon. En particulier lorsqu’il s’agit de faire face aux polémiques sur la climatologie. Dans le cadre de sa thèse, il a demandé à 8 profs de lycée de proposer une activité autour de ce sujet. Il cite le cas d’un enseignant d’histoire-géo qui souhaitait à l’origine confronter Une vérité qui dérange, le documentaire d’Al-Gore, au film climato-sceptique La grande arnaque du réchauffement climatique. "Il m’a dit : « j’ai très envie de faire cette séquence, mais je ne trouve pas d’outil pour avoir une analyse critique de ces deux discours, qui me semblent mériter la confiance puisqu’ils font intervenir de grands experts. J’ai peur de semer le doute plutôt que d’aider à prendre une décision. »"

Du coup, les débats entre scientifiques qui sont organisés depuis la crise du GIEC "ont été extrêmement apprécié par les enseignants", assure-t-il. Tout comme l’expérience menée en 2008 par une inspectrice générale de l’Éducation nationale. "Elle a mis [le géophysicien] Vincent Courtillot et [la climatologue] Sylvie Joussaume face à des enseignants qui ont eu la parole pour poser des questions. On a dit que c’est donner de l’importance à un discours minoritaire. Mais ils sont capables de faire la nuance. Ce qu’ils veulent, ce sont des éclairages sur les points d’achoppement", commente-t-il.

Risque de militantisme

Autre problème, malgré les recommandations officielles, "dans la pratique il y a un risque de dérapage vers des formes de militantisme, prévient-il. "On n’est pas à la messe", assure pour sa part David Wilgenbus. L’idée est que pour agir efficacement, il faut pouvoir comprendre le phénomène. Il y a pas mal de familles qui nous félicitent sur le forum du projet pour cette approche ni militante, ni politique".

En revanche, le prof d’histoire-géo cité par Benoît Urgelli était "formé par une école de géographie qui pense que les moteurs du climat ne sont pas le CO2. En tant que représentant du service public, il sentait qu’il n’était pas en conformité avec « la vision orthodoxe » de son institution qui demande de faire la promotion du développement durable et d’insister sur la responsabilité de l’homme dans les risques climatiques". D’une manière générale, "ils sont mal à l’aise car il n’existe pas, comme chez les médecins, d’éthique professionnelle face à des controverses scientifiques", note-t-il.

Réapprendre à douter

Thierry Dudok de Wit a ainsi lancé il y a deux ans un cours de "Lecture critique du réchauffement climatique" destiné aux étudiants d’université toutes filières confondues. "L’idée est de les sensibiliser à la réflexion critique, de dire qu’il ne faut jamais lire quelque chose sans se poser de questions".

Le premier bilan est inquiétant : "tous sont d’accord sur le fait que la cause première du réchauffement est humaine. Mais j’ai l’impression que si l’on emballe bien, ils sont prêts à le remettre en question. Alors que même si l’on n’est pas compétent pour connaître tous les tenants et aboutissants, il y a certains critères qui permettent de ne pas avaler n’importe quoi", estime l’enseignant.

Benoît Urgelli constate "toute une palette d’approches : certains évitent de traiter la controverse parce qu’ils estiment que ce sont des discours minoritaires et donc il y a une délégation de confiance complète à l’expertise officielle du GIEC. A l’autre extrême certains disent que leur devoir est de faire de l’éducation critique aux sciences", poursuit-il. Le chercheur estime qu’il est temps de sortir de cette séparation entre les sciences et la société et de notre réticence à introduire des controverse à l’école : "Cela contribue à redonner un sens social aux connaissances et les élèves sont très friands de cela. Il faut réintroduire le doute dans l’enseignement des sciences."

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