Kerry rêve-t-il d'un autre monde ?

"Si je suis élu, je commencerai par aller devant les Nations unies. Puis j’irai visiter individuellement chacun de nos alliés pour lui prouver l’amitié de l’Amérique et lui dire que notre pays fait de nouveau partie de la communauté internationale." John Kerry n’a pas de mots assez durs pour vilipender l’unilatéralisme de l’administration Bush. S’il accède au pouvoir, le démocrate devrait enterrer définitivement la hache de guerre avec la France et l’Allemagne.

"Les Américains avant tout"

Peut-on affirmer que sa politique, en matière de sida, d’environnement, de justice internationale, sera totalement en phase avec celle des Européens ? En fait, le sénateur du Massachusetts a promis de "travailler pour les Américains avant tout." "Ce qui est acquis, c’est qu’on pourra discuter, négocier, échanger avec lui en bonne intelligence, affirme Ray Riemer. En outre, contrairement à ce qu’affirment les républicains, il n’est pas protectionniste. Il veut simplement s’assurer que les textes internationaux ratifiés par les Etats-Unis ne soient pas défavorables au pays." A cette condition, Kerry martèle au fil des interviews qu’il n’y a "aucun sujet tabou" à ses yeux. Bref : il est prêt à tout revoir, tout renégocier.

Kyoto, sida et Proche-Orient

Il y a de quoi faire. Le protocole de Kyoto ? "Je suis pour la protection de l’environnement, la préservation de la planète, je suis donc favorable à la signature de ce texte... Si on renégocie pour que ces critères puissent être appliqués de manière concrètes aux Etats-Unis, car pour l’heure, nous sommes incapables de nous y conformer", dit-il. La lutte contre le sida ? "Le président Bush a promis des milliards aux pays du Sud. Quelques centaines de millions seulement ont été débloqués. Moi, je m’engage à financer la lutte contre la pandémie et à travailler au sein de la communauté internationale pour aider les pays les plus touchés, en Afrique notamment", promet-il. Enfin, concernant le conflit israélo-palestinien, John Kerry s’engage à nommer "dès son arrivée à la Maison blanche une personnalité politique de premier ordre pour tenter de ramener les deux parties à la table des négociations". Il a déjà lâché les noms de Bill Clinton, de Jimmy Carter et de James Baker.

Loïck Coriou et David Unger