Les frères Goldstein, Lipa et Serge de leurs prénoms, ressemblent à des frères siamois. Pas physiquement. Plutôt dans l’allure gauche, dans la voix douce. C’est tout juste si l’un ne termine pas les phrases de l’autre. Et quand la tête penchée sur les plans de la future école de Limeil-Brévanne, dans le Val-de-Marne, ils parlent de leur projet, deux paires d’yeux espiègles s’illuminent subitement. Comme des gamins, les deux architectes ont dû se dire "chiche !" lorsqu’ils ont décidé de concourir au projet un peu fou lancé par le maire de la petite commune francilienne : construire une école qui produira plus d’énergie qu’elle n’en consommera.
Ascenseur solaire
"On commence par optimiser l’éclairage naturel", explique Serge Goldstein. Les cinq classes de maternelle et les sept classes de primaire, largement vitrées et réparties sur deux niveaux, seront orientées au Sud. Même chose pour la cantine. Dans les couloirs, situés l’un au-dessus de l’autre, le plancher en pavés de verre permettra aux rayons du soleil de se propager d’un étage à l’autre. Mieux, des cellules photoélectriques empêcheront d’allumer la lumière ou l’éteindront automatiquement si la luminosité des pièces est jugée suffisante.- Pour les frères Goldstein, "il devient urgent de construire intelligent".
Côté chauffage, tout est réfléchi pour conserver au maximum la chaleur à l’intérieur des murs. L’épaisseur de l’isolant, habituellement entre 8 et 10 cm, grimpe à 20 cm. Des capteurs installés sur la toiture fourniront le bâtiment en eau chaude. Une pompe à chaleur puisera l’énergie dans le sol. Un système de ventilation naturelle fonctionnera en dehors des heures de cours, notamment la nuit. Et dans les salles où la fréquentation fluctue, comme la bibliothèque, un capteur de gaz carbonique évaluera le nombre de personnes présentes en fonction du CO2 émis dans l’air : la ventilation fonctionnera en conséquence.
Les concepteurs de l’école espèrent ainsi limiter au maximum la consommation d’électricité. Mais impossible d’y échapper totalement, sauf à se retrouver dans le noir et emmitouflés dans des manteaux en plein hiver. La fée électricité est également la seule à pouvoir faire fonctionner ascenseurs et ordinateurs. Et c’est là que les frères Goldstein pointent fièrement du doigt les 650 mètres carrés de panneaux photovoltaïques installés sur le toit. "Le peu d’énergie qu’on consomme, on le restitue, assure Serge Goldstein. Sur le bilan global de l’année, on aura remis dans le réseau la même quantité de kilowattheures que celle utilisée." Sachant qu’EDF rachète l’énergie plus cher qu’elle ne la vend : 15 centimes d’euros le kWh contre 6 kWh.
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