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26-06-2014
Mots clés
Sciences
France

Dans ce labo, « biotechs » et sciences infusent…

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Dans ce labo, « biotechs » et sciences infusent…
 
Des ingénieurs, des étudiants, des hackers, des designers… En plein cœur de Paris, La Paillasse rassemble les citoyens autour d’une ambition : démocratiser la « biotechnologie ».
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Des sans-papiers attendent à un carrefour qu’on les embauche. Des grossistes traversent la chaussée avec des portants remplis de vêtements. Des prostituées à la poitrine débordante guettent le client. La vie qui agite la rue Saint-Denis, au cœur de Paris, semble immuable. Mais rendez-vous au numéro 226, traversez la grille, entrez dans la cour, puis dans les locaux du rez-de-chaussée à droite. Vous êtes à La Paillasse, le plus grand « biohackerspace » du monde, devant ceux de New York ou de Californie, aux Etats-Unis, ou de Manchester, en Angleterre. Dans ce laboratoire de 750 m2 ouvert à tous, on démocratise la biotechnologie. Cette science qui consiste à travailler sur des matériaux vivants connaît ces derniers temps une accélération historique.

Là, une bière à la main, un physicien discute tranquillement avec un biologiste des avantages d’une toute nouvelle machine qui automatise le dosage des pipettes. A deux pas, une étudiante en design montre à une simple curieuse comment elle a développé une encre biodégradable produite par des bactéries. Bientôt, la trentaine de visiteurs assistera à la conférence du neuroscientifique américain Greg Gage. L’homme a conçu un appareil low cost pour enregistrer l’activité électrique qui contrôle le système nerveux.

« Entraide et contre-pouvoir »

Thomas Landrain est le fondateur du lieu. Ce presque trentenaire a un parcours de premier de la classe : Ecole normale supérieure, thèse de biologie synthétique, publications dans des revues prestigieuses, recherches qui l’ont mené notamment en Finlande et aux Etats-Unis… Il aurait pu filer une brillante carrière académique, dans les clous, mais se sentait trop à l’étroit dans son labo nickel. « L’idée de La Paillasse a germé en 2009, quand j’ai commencé ma thèse, raconte-t-il. Les fablabs (laboratoires de fabrication mis à la disposition du public, ndlr) étaient en train d’émerger partout dans le monde, et on voyait poindre la DIY bio (la biologie do it yourself, ndlr), ce mouvement né à côté de Boston qui prône une biologie hors les murs. J’avais besoin d’interdisciplinarité, de rencontrer des informaticiens, des généticiens, des designers… »

Le thésard devient un des porte-parole du mouvement DIY bio, multiplie les conférences et, en 2012, il pousse la porte du /TMP/Lab, un « hackerspace » à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne). « Un endroit fabuleux dans une cave de banlieue. Des gens qui fonctionnent à l’envie, un esprit d’entraide, de contre-pouvoir, d’activisme, une démarche citoyenne alliée à la techno. Je leur ai dit que je voulais faire la même chose avec les biotechnologies. Ils m’ont ouvert le lieu. » La Paillasse était née. « On a récupéré du matériel, entièrement gratuit, dans des labos publics ou privés, et en fin de compte on était mieux équipés que certains. »

Dans cet espace de liberté de 20 m2, les activistes expérimentent des bioréacteurs : la culture d’algues dans un écosystème clos pour produire, par exemple, de l’« agrofuel ». Ou bien ils crackent les méthodes de DNA barcoding (le « code-barres génétique »), cette analyse qui détermine une signature génétique, très utile si l’on veut connaître la réelle composition de son plat de lasagnes ! Et ils en réduisent le temps d’analyse à quatre heures, au lieu des trois jours habituels, pour un prix de revient entre 3 et 5 euros, au lieu de 200 chez le leader européen du secteur…

Mécènes et subventions

Seule contrainte : tout ce qui est créé ici l’est en open source et doit être publié sur le site Internet de La Paillasse. Et puis, « nous refusons les tests sur les animaux et restons dans le cadre de la loi », précise Thomas Landrain. Les organismes vivants créés doivent être capables de se dégrader, ne doivent pas se diffuser dans l’environnement, etc. Les expérimentations sur les gènes ? « La biologie de synthèse a un énorme potentiel, ce serait dommage de laisser la mainmise sur ces nouvelles technologies aux laboratoires qui agissent sans transparence. C’est un sujet d’avenir et La Paillasse veut y contribuer », explique le fondateur.

Pour construire cet avenir, il faut voir grand et s’implanter au cœur de la capitale. C’est pour cela qu’à la fin de l’année 2013 les pipettes ont déménagé dans le IIe arrondissement de Paris. Loyer annuel : 100 000 euros, grâce à une subvention de la mairie. Aujourd’hui, ils sont une poignée de bénévoles à bûcher sur la nouvelle version de La Paillasse. Il faut trouver des mécènes, déposer des dossiers de subvention, créer un programme de formations payantes sur les technologies émergentes, mettre en place également « un accélérateur de start-up »… D’ici là, le labo continue à faire paillasse ouverte chaque jeudi soir. Régulièrement, des scientifiques un peu fous agitent les neurones du public. On discute d’un projet sur les océans. On annonce l’ouverture d’une petite sœur de La Paillasse aux Philippines. On continue à vouloir casser les murs des labos, à faire chuter les prix des technologies de recherche, à croiser les regards, etc. Et la rue Saint-Denis, ses marchands de fringues et ses dames dépoitraillées, devient aussi le théâtre de la révolution scientifique et citoyenne en cours. —

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