Aujourd’hui, les voitures hybrides et électriques se sont, semble-t-il, mis dans la poche les ingénieurs et les industriels, en attendant de conquérir le cœur des consommateurs. Dans l’air du temps, General Motors présentera ainsi au public de l’Exposition universelle de Shanghai (du 1er mai au 31 octobre) trois prototypes futuristes et électriques : Jiao, Miao et Xiao. Des véhicules à deux roues, deux places et au déplacement automatisé…
Mais les autres solutions séduiront-elles les acheteurs ? Jouer les Madame Soleil n’est guère aisé. « Alors que le vélo électrique avait tout pour réussir en Europe, il fait pour l’instant un flop, explique par exemple Arnaud de la Fortelle, directeur du Centre de robotique à l’école des Mines Paris Tech. A l’inverse, les véhicules équipés d’une aide à la conduite se vendent très bien, contrairement à toute attente. »
L’avenir d’un prototype ne repose donc pas que sur la technique : in fine, c’est la société qui décide et la société est parfois résistante au changement, comme l’explique Gabriel Moser, professeur au Laboratoire de Psychologie environnementale du CNRS : « Pour qu’un consommateur achète un produit totalement nouveau, il faut vraiment qu’il y trouve son intérêt, notamment en terme de prix ». En attendant des lendemains qui roulent malin et innovant, observons l’offre alternative.
1 - L’air comprimé : une utopie
Et si notre auto marchait à l’air ? L’idée, sortie du cerveau de l’ingénieur français Guy Nègre, a de quoi séduire. L’alimentation se ferait soit dans une station service soit par un compresseur électrique branché sur du 220 volts. Mais à en croire Joseph Beretta, responsable Énergies, technologies et émissions automobiles chez le constructeur PSA, le concept a du plomb dans l’aile : « Il n’y a pas assez d’énergie stockée dans le réservoir et une grande partie de l’électricité nécessaire pour comprimer l’air se perd en chaleur. » En résumé, ça coince. La seule utilisation possible se résumerait donc aux scooters. Et encore, on n’évoque pas l’autonomie limitée, les problèmes de givre et le réservoir imposant pour compenser le faible stockage d’énergie.2 - Le solaire : la voiture qui n’avançait guère
On connaît la course de voitures solaires australienne « World Solar Challenge ». on connaît aussi le fameux taxi solaire de Louis Palmer qui a fait le tour du monde... Mais ces essais sporadiques sont-ils transformables ? « Le solaire permet de produire de l’énergie et d’augmenter l’autonomie du véhicule électrique, mais un véhicule 100% solaire, je n’y crois pas, insiste Arnaud de la Fortelle. L’éolien aussi permettra de recharger les batteries. » Même constat pour Joseph Beretta. « On y est mal installé, il faut non seulement du soleil mais surtout une très grande surface de panneaux pour une toute petite place transportée. » Résultat ? A 70km/h maxi, les conducteurs de ces véhicules ne pourront pas jouer les Schumacher. La quantité d’énergie produite au m² est en effet trop faible (300 à 500 W) quand il faut 2 kW pour faire rouler une voiture. On peut toutefois imaginer que le solaire pourrait recharger des appareils nomades tels que les autoradios ou des auxiliaires (ventilation, etc.).3 - La pile à combustible : pas pour tout de suite
Comme alternative aux énergies fossiles, la voiture à pile à combustible, qui produit du courant électrique et de l’eau à partir de l’hydrogène, pourrait être d’actualité… dans une quinzaine d’années. Après avoir travaillé sur le concept, PSA l’a pour l’instant mise de côté pour des raisons de coût et de disponibilité du combustible. « Elle pourrait être utilisée pour faire passer l’autonomie du véhicule électrique de 150 à 500 km, explique Joseph Beretta. Mais le coût de ce type de véhicule reste 3 fois supérieur à celui d’un véhicule à essence ». Arnaud de Fortelle pense aussi à une utilisation sur le long terme : « Quand le véhicule électrique sera commercialisé en masse, on pourra peut-être envisager à ce moment là que la pile à combustible remplace l’alimentation électrique. Alors, le changement sera simple. »
4 - Le véhicule à volant d’inertie : pas très au point
A l’image des voitures à friction pour enfants, la technique consiste à entraîner le volant moteur dans un mouvement rotatif qui se poursuit après l’arrêt de son système d’entraînement, l’énergie étant stockée sous forme cinétique. Pour provoquer le mouvement, le volant d’inertie est branché sur une source électrique, qui tourne à très haute vitesse. Si une ligne de bus a déjà fonctionné ainsi, il en va autrement pour les véhicules particuliers. « On se pose encore la question de la stabilité dans les virages et de la sécurité en cas de choc », remarque Joseph Beretta. Pour l’instant, le concept se cantonne donc aux systèmes à circuit fermé.5 - Le cybercar : trop automatisé
Véhicule électrique entièrement automatisé, placé sous contrôle d’un système de gestion, le cybercar est né au début des années 1990 avant de faire son apparition en 1997 à l’aéroport d’Amsterdam. Dans les transports en commun, ce n’est donc pas un prototype. Mais pour les particuliers, c’est une autre affaire. D’abord, l’introduction de véhicules individuels sans conducteur sur la voie publique est en principe contraire à la La Convention de Vienne sur la signalisation routière (1968). Ils ne pourraient donc circuler que sur des sites privés, des campus par exemple. « L’objectif de ces véhicules sans conducteurs pourrait être de redéployer des véhicules électriques, suggère Arnaud de Fortelle. Si j’ai besoin du véhicule et qu’il n’est pas dans mon parking, l’idée est de pouvoir le commander grâce à un iPhone. » Reste cependant à intégrer ces voitures intelligentes dans le système de transports déjà existant, et à régler la question de leur coût, encore largement rédhibitoire, ce qui devrait les faire patienter encore au moins une vingtaine d’années.A lire aussi sur terraeco.net :
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