A la veste, elle a son badge « D » de « délégué ». Un sésame à Rio qui donne accès à tout le Sommet, « sauf aux salles VIP », précise-t-elle. Pour la première fois, la France a convié deux jeunes étudiants à faire partie de sa délégation pour le Sommet de Rio+20, alors que l’Allemagne en intègre depuis des années.
Céline est étudiante en Master « Sciences et politique de l’environnement ». Elle a suivi les premières discussions en novembre dernier à New York. Six mois de négociations qu’elle analyse aujourd’hui : « Il y a deux aspects différents dans ce processus : d’un côté, tout le procédé est très démocratique, chaque Etat peut s’exprimer autant qu’un autre, le Liechtenstein autant que les Etats-Unis par exemple. Mais de l’autre, on passe des semaines à changer l’ordre des mots dans la déclaration selon ce que veulent les Etats. Et à la fin, on est très loin des enjeux de la planète. »
« Que les jeunes aient leur mot à dire »
Comment Céline est-elle arrivée là ? Elle a milité auprès des gouvernements français successifs avec l’association « Sciences-Po environnement » pour que des jeunes soient intégrés au groupe. Aujourd’hui, alors que s’achève le Sommet, elle continue de penser que la présence des étudiants était utile et importante : « Je crois que les délégués m’ont écoutée, et je pense qu’il est fondamental que nous les jeunes, qui serons les premiers touchés par les conséquences du changement climatique, on puisse avoir notre mot à dire. »
Parmi les revendications portées par le groupe de « Paris + 20 » et par les associations de juniors qui font partie du « Major group » (la société civile est répartie en neuf de ces groupes), aucune n’a été retenue dans la déclaration finale : ni le Tribunal de l’environnement, ni le Haut-commissaire pour les générations futures. Pourtant, Céline considère que les délégations ont fait le maximum « étant donné la crise actuelle et les méfiances qui existent entre les pays développés et les pays en développement. Je suis fière de constater que l’UE arrive à trouver une position commune, et à parler d’une seule voix malgré nos différences. »
« Par contre, je crois qu’on n’a pas su expliquer le concept d’économie verte. Dès que l’UE a proposé cela à l’Onu à New York, le G77 s’est opposé. Aujourd’hui à Rio, c’est la même chose, on a les mêmes discussions, on n’a pas du tout avancé. Je crois que l’UE aurait dû proposer un autre concept, changer de terme. »
Manque de leadership
Céline pense un peu comme ses aînés de la délégation : qu’un leadership mondial manque sur ces questions : « Nous n’avons pas un monsieur ou une madame planète et cela manque terriblement quand la discussion n’avance pas. » Tout au long du Sommet, avec son collègue junior, elle a animé une page Facebook, tweeter tous les jours et tenté de faire le lien entre les groupes de jeunes et les délégués. « La société civile gagne en importance dans ces réunions et je crois que ça ne peut qu’enrichir le processus. Je voudrais proposer le suivi des engagements qui ont été pris à Rio car il y en a eu quand même. Les entreprises par exemple, se sont beaucoup engagées mais il faudrait pouvoir vérifier ce qu’elles vont vraiment faire. » A la fin des négociations, elle a eu le temps d’aller faire un tour au Sommet des peuples : « Le peu de discussions que j’ai pu suivre m’a beaucoup intéressée. L’ambiance est très différente du sommet officiel, ça danse, ça rigole, pas vraiment la même chose à 30 km de là ! »
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