La croissance mène le monde droit dans le mur !

En occident, pour défendre les "droits acquis" et/ou pour améliorer le niveau de vie, il faut absolument que la croissance tire. Les pays qui ne bénéficient pas du niveau de vie occidental veulent (on les comprend !) le rejoindre, et ont donc besoin d’encore plus de croissance que l’occident.

Mais les chiffres sont là : si les espérances des uns et des autres se réalisaient pour les 7 milliards d’humains (bientôt 9), la consommation globale (énergie, matières premières, aliments) dépasserait largement (même après les nécessaires économies) ce que l’on pourra obtenir de la Terre. Ceci même si l’on pousse à son terme la destruction de tous les éco-systèmes pour notre alimentation, pour l’extraction de matières premières, et pour la production d’énergie.

Cela a été dit mille fois :
 des ressources finies ne peuvent être utilisées que pendant un temps, et
 des ressources renouvelables ne peuvent satisfaire qu’un certain nombre de têtes.
 les aspirations humaines de développement sont incompatibles avec le nécessaire respect des éco-systèmes et de la biodiversité.

Voici soixante ans des auteurs américains (Vogt et Osborn) tiraient déjà la même sonnette d’alarme. Ils pensaient que la diffusion des connaissances et le développement technologique, mis au service de l’intelligence humaine, permettraient à l’humanité de prendre les mesures que la raison impose. Depuis, 60 ans ont passé. Connaissances et technologies ont fait un bond considérable, mais ont été mis au service d’un pillage plus méthodique et plus scientifique des ressources de la planète.

Aujourd’hui, d’autres tirent les mêmes sonnettes. Mais ces alarmes sont vite neutralisées par des slogans incantatoires venus de tous bords, que par ailleurs il nous plaît d’entendre : ...croissance verte.... ....faire plus avec moins.... ....l’innovation chassera le pessimisme....

Pourquoi les fils qui relient l’individu à la raison se font-ils souvent plus ténus quand il interagit en société ? Cette étrangeté n’est pas un choix vraiment conscient. L’individu le fait car l’Evolution de l’espèce a façonné un animal d’abord structurellement social. L’intelligence analytique n’est qu’une acquisition tardive dans l’histoire de l’évolution de l’humanité. La plupart du temps, "l’intelligence analytique" se pliera, s’adaptera aux valeurs sociales existantes, et se transmutera en une "logique analytique" cohérente (mise au service ?) des valeurs sociales dont l’individu a hérité.

D’où la difficulté (impossibilité ?) d’ajuster notre "package" de valeurs pour les adapter/ les compléter/ les rendre cohérentes avec les valeurs implicites d’un monde fondamentalement différent auquel nous devrons bientôt faire face.