L’électorat n’est pas très au fait des problématiques complexes comme par exemple des différentes Politiques Énergétiques ainsi que de leurs implications pratiques à moyen et à long termes. Même les scientifiques expriment de tonitruants avis divergents. Honnêtement, comment l’électeur lambda pourrait-il s’y retrouver ?

Dans ce contexte, il semble donc logique et utile de profiter des échéances électorales françaises pour faire se multiplier les échanges de vues sur l’énergie, y compris en questionnant les candidats sur les orientations qu’ils préconisent pour la France pour les prochains 5 ans....

...mais est-ce bien légitime ? La France ne vit pas en autarcie : elle est intégrée à l’ Europe, et est en prise directe sur les marchés mondiaux. L’électorat est sensible à l’actualité, à l’image, au ressenti. L’électorat n’a pas toujours les idées claires sur le sujet de l’énergie (ou exprime une variété de convictions). La cacophonie des spécialistes sur le sujet de l’énergie n’aide pas l’électorat, et augmente la confusion. Les femmes et hommes politiques doivent obtenir des voix, d’une manière ou d’une autre, en jouant sur la sympathie, le rejet, la logique, la raison, l’émotion, que sais-je... choses qui sont souvent bien éloignées du factuel.

Puisque "sortir du nucléaire" semble être un point central de l’agenda virtuel du questionnement des candidats, peut-être serait-il honnête d’intégrer ce débat de campagne dans une vision à plus long terme : "l’après énergies fossiles". Il y a trente-six visions différentes pour cet "après".

Pour chaque vision, cet "après" décline de multiples facettes, qui devront être clarifiées :
 Comment faire converger les politiques des différents pays du monde ?
 Quelle serait la contribution des pays riches aux autres pays, pour accélérer la convergence ?
 Quelle consommation d’énergie par tête pour combien d’humains ? En suivant quelles étapes, dans le prochain siècle ?
 Quels changements principaux seraient à prévoir dans la structure des villes et dans les modes de vie des gens ?
 etc etc

Une fois que l’électorat aura une meilleure compréhension de ce à quoi devrait ressembler cet "après énergies fossiles", il sera sans doute plus aisé d’obtenir l’adhésion des leaders d’opinion/croyances, ce qui permettra de mobiliser les volontés pour la (dure) période de transition.

Car là est l’autre paradoxe : l’on entend bien des propositions intellectuellement attrayantes, mais bien peu ou rien sur leurs pesantes contreparties en termes d’efforts et de difficultés qui seront demandés aux gens ordinaires que nous sommes tous (....ou que leurs descendants devront subir/souffrir). Ces moments difficiles du prochain demi-siècle sont "gommés" par des slogans ou par quelques formules incantatoires.

Il faut se battre pour que ces débats soient utiles et mettent le logique sur le devant de la scène. Ce faisant, notre approche reste-t-elle légitime et honnête ?