publicité
haut
Accueil du site > Blogs > Les blogs > innovation politique > Pourquoi la crise va continuer

innovation politique

Par Rodrigue Coutouly
4-12-2011

Pourquoi la crise va continuer

La semaine dernière, deux évènements singuliers sont venus nous surprendre et nous montrer que la crise actuelle se révèle bien plus profonde que nous pouvions l'imaginer.

Tout d’abord, on apprenait que l’Allemagne n’avait pas réussi son émission d’obligations ne récoltant que 3,6 milliard sur les 6 dont elle avait besoin. Gavé de discours nous vantant la réussite allemande, le citoyen découvre, effaré, que l’Allemagne, aussi, est endettée et qu’elle n’arrive plus à trouver de l’argent. On nous a vanté l’effort allemand, les exportations allemandes, le faible coût du travail outre-Rhin, pour nous donner un modèle à suivre. Et nous apprenons que ce modèle est affaibli, incapable, comme nous, d’obtenir la masse monétaire dont il a besoin.

Une évidence doit se faire jour dans nos esprits ; si notre grand frère allemand si merveilleux se révèle finalement piteux, c’est bien tout notre système économique qui va mal. C’est toute la logique de notre système qu’il faut revoir, c’est d’abord le regard sur lui que nous devons changer.

Une deuxième nouvelle se révèle étonnante : les médecins hospitaliers ont accumulé 2 million de journées de RTT non pris depuis la réforme des 35 heures.

Ce qui est surprenant dans cette information tient au volume étonnant de ces journées. Qu’en est-il des RTT non prises chez les infirmières ? Les postiers ? Le personnel d’Areva ? De Peugeot ? On doit en tirer deux enseignements.

Faute d’avoir partagé le travail au moment de son instauration, les 35 h ont mis les salariés dans l’obligation de faire autant dans un temps plus réduit, une absurdité !

Mais surtout, cette loi des 35 h est d’une autre époque : celle où le personnel politique pensait régler les problèmes de la société en légiférant, en imposant par la loi, le changement social.

Avec cet exemple des RTT chez les médecins, on découvre aussi le coût financier de cette mesure, conséquence de cette loi instaurant, obligeant les entreprises et la fonction publique à s’y mettre obligatoirement.

De ces deux nouvelles, il faudrait que le citoyen, le journaliste et le politique sachent en tirer des enseignements. Il faudrait supprimer les oeillères qui nous empêchent de comprendre que notre monde, notre crise et les solutions que nous devons trouver ne sont plus celles que nous avons vécu auparavant.

Premier enseignement : l’exemple allemand nous montre que la crise actuelle est radicalement différente de toute celles que nous avons connu. C’est une crise qui a couvé, souterraine, depuis 30 ans. Une crise de notre production insuffisante de richesses. Alors que nos dépenses sont trop élevées en raison des pénuries croissantes de ressources et de territoires, une crise dont les racines sont environnementales. Il faut renoncer à voir notre monde avec les yeux du passé et y porter un regard neuf.

Deuxième enseignement : la "bulle" des RTT nous montre que les solutions classiques, colbertistes, par le haut, sont inefficaces et contre-productives. Mais le laissez-faire est aussi dangereux : croire que les acteurs économiques vont trouver seuls des solutions à une crise qu’ils ne comprennent pas est illusoire. Il faut que les réformes politiques encadrent ces acteurs, mais les laissent agir dans ce cadre. La fiscalité est le meilleur outil pour agir dans cette philosophie politique. Encore faut-il inventer des politiques fiscales audacieuses et nouvelles.

La crise va continuer car nous sommes incapables de comprendre ce qui se passe. La crise va continuer parce que nous sommes impuissants à imaginer les solutions novatrices dont nous avons besoin pour en sortir.

COMMENTAIRES
Soyez le premier à réagir à cet article !
PUBLIER UN COMMENTAIRE

Un message, un commentaire ?

  • Se connecter
  • Créer un compte
  • NEWSLETTERS
    Cochez les cases pour vous abonner à vos newsletters
SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
publicité
bas