Peugeot pas vraiment branché

Porte Maillot, résultat annuel du groupe PSA, le 13 février. Entre les tapis, les croissants et les petits fours, l’équipe dirigeante de Peugeot-Citroën savoure le redressement du constructeur aux chevrons. Un bilan solide, moins de personnel, plein de projets dans les cartons. Et au menu, en bas et écrit en tout petit, "l’écologie". Seul à la tribune, Christian Streiff, le PDG du groupe, vante ses modèles éligibles au bonus écologique boosté par le Grenelle de l’environnement. En 2007, PSA a en effet vendu 75000 véhicules émettant moins de 130g de CO2/km en France, soit 43% des ventes du constructeur et presque la moitié des voitures de ce type écoulées dans l’Hexagone. Le constructeur français est leader en Europe avec plus de 30% du marché des véhicules émettant moins de 120 grammes de CO2 par km parcouru... Christian Streiff aura pourtant attendu les questions des journalistes pour mettre en avant ses chiffres-là.

Le mariage du Dieu baril et de la Fée électricité

Aucun de ces véhicules estampillés écolo n’emploie l’électricité comme principale énergie motrice. Christian Streiff professe pourtant que les voitures électriques seront la clé du succès des vingt années à venir dans l’automobile, surtout pour les citadins. Pourvu que la voiture électrique soit "abordable". Sourires dans les premiers rangs de l’assistance. Les cadors du groupe se rappellent : Peugeot-Citroën fut pionnier en son temps, avec une dizaine de milliers de 106, Saxo et Berlingo électriques vendues aux services de la Poste ou des Impôts dans les années 1990, avant que Bruxelles ne change la législation sur les piles au cadmium, et que les clients ne remarquent le prix élevé mais surtout la faible autonomie de ces véhicules : 80 kilomètres au mieux.

Le retour de Peugeot sur le créneau électrique, ce n’est pas pour tout de suite. "A court terme, la microhybridation est le système le plus efficace pour l’environnement", assure M. Streiff, fier de sa stratégie unissant le Dieu baril et la Fée électricité. Le dispositif "stop and start" emmagasine l’énergie produite lors du freinage au feu rouge pour la restituer lorsque ce dernier passe au vert. Il devrait être bientôt généralisé, en attendant une hybridation plus complète : "La bonne solution, c’est le diesel hybride, prévu pour 2010", souligne Christian Streiff. La Cleanova de Dassault et la Blue Car de Bolloré, deux projets français de voitures électriques, peuvent respirer. Peugeot-Citroën n’est plus trop branché électricité.