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30-10-2007

Le Brésil, zéro pointé

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Malgré les bons résultats officiels, le programme « Faim Zéro », lancé en janvier 2003, reste très critiqué. La réforme agraire tant promise est restée lettre morte.
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Sur le mur de briques rouges, la photo du journal A Tarde, le principal quotidien de l’Etat de Bahia, au nord-est du Brésil, montre une quadragénaire souriante entourée de ses trois jeunes enfants, posant aux côtés de José Graziano da Silva, à l’époque ministre de la Sécurité alimentaire et du combat contre la faim. « Cette photo a été prise il y a quatre ans, explique Lucinha. Dans la main, je tiens la carte que je venais de recevoir pour retirer chaque mois 50 reais (environ 20 euros) à la Caixa Economica (1). J’étais très heureuse car ça signifiait que mes enfants pourraient aller à l’école le ventre plein. » La légende de la photo explique que, comme Lucinha, plus de 270 000 familles de l’Etat allaient rapidement bénéficier du programme « Faim Zéro ».

Sur ce dernier point, Lucinha a des doutes. « Aujourd’hui encore, personne ne comprend comment fonctionne vraiment ce programme. En tout cas, ce ne sont pas forcément les plus pauvres qui sont les premiers servis.  » Annoncé comme « un objectif prioritaire » de son premier mandat, ce programme a été lancé, en janvier 2003, par Lula en personne peu de temps après son investiture. Avec un leitmotiv : « Que chaque brésilien qui a faim parvienne, d’ici à la fin de (son) mandat, à manger trois fois par jour correctement.  » Et une stratégie : « Face à l’absence d’une démarche intégrée de lutte contre la faim, nous devons conjuguer les initiatives publiques et privées pour nourrir au quotidien quelque 40 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté. » Pour y parvenir, le gouvernement Lula s’est d’abord doté d’un outil : le Conseil de Sécurité Nationale Alimentaire (CONSEA), chargé de coordonner l’action et de compléter les versements de 30 réais mensuels par des distributions ciblées d’aliments et d’eau. En contrepartie, les parents devaient scolariser et vacciner leurs enfants.

Gouvernement submergé

« Cette stratégie d’inclusion sociale s’est rapidement avérée ingérable, vu la difficulté à travailler avec les innombrables acteurs de la société civile, explique Christiane Costa, coordinatrice du département de Sécurité alimentaire et nutrition au sein de l’Institut Polis, une ONG spécialisée en formation et conseil en politiques sociales. Or en l’absence d’une évaluation réelle des besoins et des moyens de contrôle des familles, le gouvernement a très vite été submergé. » D’où l’idée de regrouper sous le nom de « Bourse famille » les quatre principaux programmes sociaux déjà existants : « faim zéro », la « Bourse école » offrant un revenu minimal en échange de la présence des enfants à l’école, la « Bourse gaz », qui aidait à payer la facture énergétique et la « Bourse alimentation  » pour les familles ayant des enfants encore trop jeunes pour être scolarisés.

Résultat : 8,7 millions de familles bénéficiaient en 2006 du programme « Faim Zéro » (2). Au lieu des 11 millions prévues. Pas de quoi faire taire les critiques. En particulier celles liées à l’absence d’une réforme agraire pourtant « indissociable du problème de la faim », souligne Frei Betto, ancien coordinateur du programme. Présentée par le président Lula comme un axe central de sa politique, cette réforme agraire tarde pourtant à venir. Joao Pedro Stedile, coordinateur du Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST), évoque même « une honte nationale », en rappelant que « le gouvernement Lula n’a pas respecté ses engagements, puisque lors de son premier mandat, seules 115 000 familles ont bénéficié de la réforme agraire, au lieu des 530 000 que prévoyaient le plan. » Soit à peine 20 %. Une tendance qui devrait hélas se confirmer avec la politique de développement des agrocombustibles, dont le Brésil entend devenir l’un des leaders mondiaux.

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